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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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quelques extraits de ces relations
navrantes :
    « La Rapine ne cessait de nous visiter,
dit Jeanne Raymond, toujours accompagné de trois ou quatre
estafiers et de cinq ou six mal vivantes dont il se servait pour
l’aider
à nous battre et à nous torturer ;
les
satellites avaient toujours leurs mains pleines de
paquets de
verges
dont ils donnaient les étrivières sur le corps
nu
à tous ceux que leur barbare maître livrait à leur
fureur. Ils ne cessaient de frapper que lorsque le sang ruisselait
de tous côtés.
    « L’on commença par une de mes chères
compagnes (pour avoir chanté un psaume) qu’on fit mettre à genoux
dans une petite allée qui régnait le long de nos cachots, et là,
elle fut frappée jusqu’à ce qu’elle tombât presque morte sur les
carreaux. En la remettant dans le cachot, on m’en fit sortir pour
exercer sur mon dos le même traitement, ce qui étant fait, on en
fit de même aux autres deux qui restaient encore. Je fus accusée
ensuite d’avoir dit quelque parole d’encouragement à l’une de
celles qui étaient dans les autres cachots, ce qui fit que la
Rapine, ranimant sa fureur, me fit sortir de nouveau du cachot et
recommença à me frapper derechef avec un bâton, jusqu’à ce que,
n’en pouvant plus, il ordonna à deux de ses satellites de continuer
à me battre, chacune avec un bâton, ce qu’elles continuèrent à
faire jusques aussi qu’elles en furent lasses et qu’elles eurent
mis mon corps
aussi noir qu’un charbon
.
    « Quelque temps après, étant accusée
d’avoir parlé à quelqu’une de mes compagnes, la sœur Marie qui
faisait l’office de bourreau, vint contre moi, me prit par
derrière, me frappa de tant de coups de bâton, surtout à la tête,
me donna tant de soufflets et de coups de poing au visage, qu’il
enfla prodigieusement et dans ce pitoyable état, il n’est point de
menaces qu’elle ne me fit… Comme tous ses mauvais traitements
n’opéraient pas, la Rapine me dit que j’irais de nouveau dans le
cachot et que j’y crèverais dans moins de six semaines… On
m’obligea d’en nettoyer deux autres qui étaient attenant à
celui-ci. Je m’aperçus, en les nettoyant, que les clous de l’une
des portes étaient fort gros, posés les uns tout près des autres et
que leurs pointes n’étaient pas redoublées. J’en demandai la raison
et l’on me dit que la Rapine s’en servait pour tourmenter qui bon
lui semblait en les mettant entre les murailles et la porte,
et
les serrant contre ces clous
. Je faillis être dévorée par la
vermine
dans ce cachot. Non seulement on plaçait à côté
des cachots des chiens qui, par leurs aboiements importuns,
achevaient d’y ôter tout repos, mais on logeait parfois ces chiens
dans les cachots mêmes avec les prisonniers, ce qui causait à ces
malheureux des terreurs mortelles, car ces chiens, surtout deux
d’entre eux, du poil et de la grosseur d’un vieux loup, étaient si
furieux que peu d’étrangers échappaient à leurs dents. »
    Blanche de Gamond arrive à l’hôpital de
Valence, elle refuse d’aller à la chapelle où se disait la
messe ; la sœur Marie lui donne des soufflets et des coups de
pied et lui rompt un bâton sur le dos, puis elle la décoiffe pour
la prendre aux cheveux. Mais Blanche venait d’être rasée, par ordre
du parlement ; on la prend par les bras et malgré ses cris on
la traîne à la chapelle.
    « Ce soir-là, ajoute-t-elle, on me donna
un lit qui était assez bon, mais je ne pouvais pas me déshabiller,
ni tourner les bras, ni lever la tête, tant on m’avait meurtrie de
coups. C’était le premier jour que j’entrai à l’hôpital. Le
lendemain on nous fit lever à quatre heures et demie du matin.
Quoique je ne pouvais pas lever la tête, parce que mon cou était
tout meurtri, il me fallut cependant travailler ; à six heures
deux filles me prirent et me menèrent dans la chapelle malgré
moi…
    « On me mit dans une chambre où il y
avait
des poux
,
des puces
,
et des
punaises
, en quantité prodigieuse, tellement qu’il me semblait
tous les matins qu’on m’avait donné les étrivières, tant que ma
chair me cuisait. Il ne nous était pas permis de blanchir ni de
faire blanchir nos chemises, les poux nous couraient dessus,
il
nous était défendu de nous les ôter…
je n’avais point de
draps, tant seulement une couverte et de la paille… le pain qu’on
nous donnait était fort noir et du plus amer, car, pendant trois ou
quatre

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