Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
bouillon, sinon d’eau bouillie avec des choux
verts, qu’il y avait des poux et des chenilles parce qu’on ne les
lavait, ni triait, comme j’en ai très souvent trouvé dans ma soupe.
Mais, pour du sel et du beurre on y en mettait fort peu, tellement
que, quand on me présentait ce bouillon, le dédain et le
vomissement me prenaient. »
    C’était, paraît-il, l’habitude des hôpitaux de
laisser à peu près mourir de faim les malades, car Lambert de
Beauregard, porté à l’hôpital général après avoir été torturé par
les soldats, dit : « J’y fus bien couché et mal
nourri : car il est constant qu’en huit jours que j’y
demeurai, je n’y mangeai
pas une livre pesant
, pour tous
les aliments que je pris là dedans, parce que l’on ne m’y
présentait que de gros pain que l’on mettait bouillir avec de
l’eau, sans sel ni autre chose pour le mortifier… Je buvais surtout
de l’eau froide que je trouvais fort bonne, et c’est de cela que je
me nourris presque tout le temps que je demeurai à l’hôpital… Il
arriva qu’après que j’eus séjourné cinq à six jours à cet hôpital,
sans prendre d’autre nourriture que de l’eau froide, je me trouvai
si vide d’estomac et de cerveau
que, durant la nuit,
j’avais des visions et étais dans les rêveries qui me faisaient
dire beaucoup d’extravagances. »
    À Marseille, l’hôpital des galères était ainsi
un lieu de tourments où les malheureux allaient
achever de
mourir
ayant à souffrir de la faim et du froid.
    Pour en revenir à Blanche de Gamond, on vient
lui dire, à sa sortie de l’infirmerie, que sous trois jours elle
devra partir pour l’Amérique. « Et, quand vous serez sur la
mer, ajoutait-on, on vous fera passer sur une planche fort étroite,
et ensuite on
vous jettera dans la mer
, afin de faire
perdre la race des huguenots et de se défaire de vous. »
    Élie Benoît constate que cette menace de
transportation dans le nouveau monde parvint à vaincre la constance
« de plusieurs de ceux qui avaient résisté aux prisons, aux
galères, aux cachots, à la faim, à la soif, à la vermine et à la
pourriture. »
    Jurieu dit, qu’après le naufrage d’un des
navires transportant des huguenots aux colonies, on ne mit plus en
doute qu’on ne vous embarquât pour opérer des noyades en grand. À
ceux qu’on allait embarquer, raconte Élie Benoît, on parlait de
l’Amérique comme d’un pays où ils seraient « réduits
en
esclavage
et traités comme les habitants des colonies traitent
leurs nègres et leurs bêtes ».
    Une lettre écrite de Cadix par un Cévenol au
mois d’avril 1687, montre combien était répandue cette idée que les
huguenots transportés devaient être réduits en esclavage aux
colonies : « On les envoie aux îles d’Amérique
pour y
être vendus au plus offrant
. Ces choses font horreur à la
nature que ceux qui se disent chrétiens, vendent des chrétiens à
deniers comptants…
    « Nous apprîmes que ce vaisseau venait de
Marseille et qu’il allait en Amérique porter
des esclaves…
Nous avons vu paraître quelques demoiselles, à qui la mort était
peinte sur le visage, lesquelles venaient en haut pour prendre
l’air. Nous leur avons demandé par quelle aventure elles s’en
allaient en Amérique. Elles ont répondu avec une constance
héroïque. « Parce que nous ne voulons point adorer la bête, ni
nous prosterner devant des images ; voilà, disent-elles, notre
crime ». Je ne fus pas plutôt au bas de l’échelle que je vis
quatre-vingts jeunes filles ou femmes, couchées sur des matelas,
accablées de maux, et d’un autre côté l’on voyait cent pauvres
malheureux accablés de vieillesse et que les tourments des tyrans
ont réduits aux abois (des forçats invalides). Elles m’ont dit que,
lorsqu’elles partirent de Marseille, elles étaient 250 personnes,
hommes, femmes, filles et garçons et que, en quinze jours, il en
est mort 18. »
    Ce Cévenol trouve parmi les transportées, deux
de ses cousines, deux jeunes filles, l’une de quinze, l’autre de
seize ans, l’une déjà bien malade, vouées toutes deux à une mort
prochaine car le vaisseau qui les portait
fit naufrage
et
l’on ne sauva point la moitié des passagers. Est-ce à ce naufrage,
ou un des cinq ou six autres sinistres du même genre, que se
rapporte cette relation du huguenot Étienne Serres, un des rares
survivants d’un navire qui, chargé, de prisonniers et de forçats
invalides, fit

Weitere Kostenlose Bücher