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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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écartée des dispositions tant de ce règlement que
des déclarations, ce n’a été que fort rarement, par des
considérations très importantes, et en faveur de quelques
particuliers seulement, de sorte que la rareté et les circonstances
mêmes des grâces accordées, n’ont fait, pour ainsi dire, que
confirmer les édits et déclarations, et prouver la résolution où
était Sa Majesté d’en maintenir la rigueur ».
    Voici un exemple des bien rares exceptions
faites à la règle, exemple qui mérite d’être relevé. En 1724, le
comte de Maurepas écrit : « Sur la lettre que vous m’avez
fait l’honneur de m’écrire au sujet du nommé Jacques Pastel, forçat
dont le roi de Prusse fait demander la liberté,
pour le faire
servir dans ses grands grenadiers
, j’ai pris les ordres de
Monseigneur le duc pour expédier ceux nécessaires pour cette
liberté, et je les envoie à Marseille. Mais comme ce forçat a été
condamné
pour le fait de religion
, qu’il peut être un
prédicant, et que, en le libérant, il serait à craindre qu’il ne
restât dans le royaume, S. A. R. estime qu’on ne doit point le
faire sortir des galères, que quelqu’un ne soit chargé de le
conduire sûrement à la frontière. »
    Nul doute que le roi de Prusse, eût-il pour
cela dû se priver momentanément des services de son valet de
chambre, n’ait trouvé le moyen de faire conduire sûrement à la
frontière son forçat grenadier. En effet, il attachait un tel prix
au recrutement de ses grenadiers, qu’au roi de Danemark, lui
réclamant l’assassin du comte de Rantzau, il répondait : qu’il
ne rendrait le meurtrier que si on lui donnait en échange, six
recrues de cinq pieds dix pouces pour ses grands grenadiers.
    En vertu du règlement royal décidant que tout
forçat condamné pour cause de religion ne devait jamais être mis en
liberté, c’était lettre morte pour les huguenots que la loi
prescrivant de mettre en liberté,
quelque crime qu’il eût
commis
, tout forçat qui avait été blessé dans un combat.
    Ainsi, le huguenot Michel Chabris, blessé par
un boulet devant Tanger, est remis à la rame une fois guéri, et,
pour n’avoir pas voulu se découvrir pendant la célébration de la
messe sur sa galère, il reçoit une si terrible bastonnade que, dit
un témoin oculaire, « sa jambe était si enflée qu’elle faisait
peur ; il y a de quoi s’étonner qu’il n’en soit pas
mort »
    « M. de Langeron dit Marteilhe
demanda au comité par quel sort j’avais été
estropié
. –
Par les blessures, repartit le comité, qu’il a reçues à la prise du
Rossignol devant la Tamise. – Et d’où vient, dit le commandant,
qu’il n’a pas été délivré comme les autres ? – C’est, dit le
comité, qu’il est huguenot. » Si les huguenots étaient exclus
du bénéfice de la loi accordant la liberté à tout forçat blessé
dans un combat, on tenait de même à leur égard, pour lettre morte,
la jurisprudence établissant que la peine des galères devait être
commuée pour les condamnés trop jeunes ou trop vieux, ne pouvant
faire le dur service de la rame.
    On mettait donc à la rame des huguenots de
quinze, seize ou dix-sept ans et même de plus jeunes encore car
l’amiral Baudin, sur une feuille d’écrou du bagne de Marseille, a
relevé cette annotation en face du nom d’un galérien :
« Condamné pour avoir,
étant âgé de plus de douze
ans
, accompagné son père et sa mère au prêche. » On
agissait de même quand il s’agissait de vieillards huguenots ;
on envoya aux galères le baron de Monbeton à soixante-dix ans, le
sieur de Lasterne à soixante-seize ans, Pierre Lamy à quatre-vingts
ans. Quant à Jacques Puget, condamné à l’âge de soixante-dix-sept
ans, il était encore au bagne à quatre-vingt-dix ans. Le baron de
Monbeton qui disait : « ce qui me fâche, c’est qu’ayant
toujours servi notre grand monarque, en avançant, je sois obligé de
le servir dans les galères
de reculons
 » ne fut pas
longtemps à la rame, on dut le mettre bientôt à l’hôpital avec les
invalides. Un jour les évêques de Montpellier et de Lodève se
rendent à bord de la galère sur laquelle était enchaîné le vieux
baron de Salgas ; à qui son âge et sa santé rendaient bien
difficile le maniement de la rame. La galère était à l’ancre et le
cap à terre ; mais les évêques ayant manifesté le désir de
voir le baron de Salgas à l’ouvrage, pour satisfaire

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