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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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été jusqu’à écrire aux
présidents de tous les parlements de France : « Sa
Majesté, désirant rétablir le corps de ses galères et en fortifier
la chiourme,
par toutes sortes de moyens
, son intention
est que vous teniez la main à ce que votre compagnie
y condamne
le plus grand nombre de coupables qu’il se pourra
et que
l’on convertisse
,
même la peine de mort
,
en celle
de galère
. »
    Quand il y avait eu beaucoup de condamnations
aux galères, le ministre témoignait sa satisfaction. « C’est
une bonne nouvelle pour Sa Majesté, écrit-il,
qu’il y ait
trente bons forçats dans la conciergerie de Rennes
. »
    C’était une émulation de zèle chez tous les
fonctionnaires pour arriver à pouvoir donner le plus de bonnes
nouvelles de cette nature.
    L’intendant du Poitou dit à Colbert :
« J’écrirai aux officiers des présidiaux afin qu’ils
condamnent le plus qu’ils pourront aux galères. Si l’on donne la
peine des galères aux faux-saulniers de la Touraine, l’on en aura
beaucoup
par ce moyen-là…
J’ai jugé à Bellac avec les
officiers du siège royal, les gens attroupés du marquis de la
Ponse. Il y en a cinq condamnés aux galères.
Il n’a pas tenu à
moi qu’il y en eût davantage
,
mais l’on n’est pas maître
des juges
. »
    Un avocat au Parlement de Toulouse, faisant
connaître l’envoi au bagne de quarante-trois condamnés, dit :
« Nous devons avoir confusion de si mal servir le roi en
cette partie
,
vu la nécessité qu’il témoigne d’avoir des
forçats
. »
    Arnoul, l’intendant général des galères de
Marseille, à qui sa grande passion pour le corps avait fait donner
une extrême extension à l’arrêt contre les bohèmes et les
vagabonds, se vante en écrivant à Colbert, d’avoir fait arrêter et
mettre à la rame cinq individus ; « les habitants lui
avaient dit que ces gens-là ne faisaient que rôder à l’entour du
village, cherchant
peut-être
,
je n’en sais rien
,
à dérober. »
    Le chevalier de Gout écrit d’Orange au
ministre : « J’ai
un bon forçat
que j’ai fait
condamner aux galères ; si je puis attraper encore deux
huguenots qui ont fait les insolents à la procession de la
Fête-Dieu, je les enverrai de compagnie. »
    L’archiprêtre Duglan adresse cette supplique à
Châteauneuf : « La douceur que le huguenot Madier a
trouvée à la Réole, l’a rendu si insolent qu’il n’y a pas moyen
d’en tirer rien de bon pour la religion, quoiqu’il ait abjuré. Le
marquis de Laury lui a donné déjà trois logements pour l’obliger à
vivre en catholique, il se moque de tout… Je supplie Votre
Grandeur, d’envoyer quelque ordre au Parlement pour qu’il soit
conduit aux galères… c’est une brebis galeuse et un petit démon
incarné,
qui a bon corps et servirait bien le roi sur la
mer
. »
    La correspondance administrative, dit
Michelet, montre avec quelle facilité on envoyait aux galères des
gens non condamnés, et il rappelle qu’un malheureux, entre autres,
y fut envoyé, malgré l’opposition du Parlement de Toulouse. En tout
temps, du reste, sous l’ancien régime, les rois se souciaient fort
peu de l’autorité de la chose jugée. Ainsi en 1754, le pasteur
Teissier est condamné aux galères, mais ses trois enfants,
impliqués dans la poursuite, sont acquittés. Le roi défend de les
mettre en liberté, son intention étant, dit une pièce qui est aux
archives nationales,
qu’on les fit garder en prison
.
    Quant au Parlement de Metz, il avait absous du
crime d’émigration, deux huguenots, Marteilhe et son compagnon,
arrêtés sur les frontières ; « mais, dit Marteilhe, comme
nous étions des criminels d’État, le Parlement ne pouvait nous
élargir qu’en conséquence des ordres de la Cour. » Après
échange de correspondances entre le ministre et le Parlement
qui ne voulait pas se déjuger
, la Vrillière clôt le débat
par cet ordre : « Jean Marteilhe et Daniel le Gras
s’étant trouvés sur les frontières sans passeport,
Sa Majesté
prétend qu’ils seront condamnés aux galères.
 » Et sur le
vu de cet ordre, le Parlement se déjugeant, rend un arrêt qui
condamne Marteilhe et Gras aux galères perpétuelles, comme atteints
et convaincus, de s’être mis en état de sortir du royaume.
    Quelle que fût la pression du gouvernement sur
les juges et le zèle de ceux-ci pour donner satisfaction aux désirs
du roi en multipliant les condamnations aux galères,

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