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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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leur barbare
curiosité, le capitaine fit armer le banc de Salgas ; au
troisième coup de rame, voyant le baron déjà tout haletant, le
comité, plus humain que ces deux prélats, fit cesser la
manœuvre.
    Louis XIV, qui avait d’abord édicté la peine
de mort contre les huguenots qui assisteraient aux assemblées ou
tenteraient de sortir du royaume pour éviter d’être violentés à se
convertir, avait bientôt substitué à cette peine, celle des
galères, « parce que, disait-il, nous sommes informé que cette
dernière peine, quoique moins sévère, tient davantage nos sujets
dans la crainte de contrevenir à nos volontés. »
    En réalité, à raison du nombre de ceux qui
contrevenaient aux volontés royales, il était impossible
d’appliquer la peine de mort aux coupables, et, en outre, il était
de l’intérêt du roi d’épargner la vie de ses sujets, pour les
envoyer ramer sur ses galères ; c’est ce que montre bien ce
passage des mémoires du marquis de Souches : « Le 27
février 1689, dit-il, on eut la nouvelle qu’on avait tué en
Vivarais trois cents huguenots révoltés et quelques ministres à
leur tête, et le roi témoigna en être fâché, disant
qu’il
aurait mieux valu les prendre et les envoyer aux galères.
Il
était plus de son intérêt d’augmenter sa chiourme que de tuer ces
insensés, car il voulait armer cette année trente galères, et ce
nombre était à peine suffisant pour résister aux galères d’Espagne
et de Gênes, si elles venaient à se joindre contre la France, comme
on le craignait avec raison.
    Les galériens mouraient vite, sous la triple
influence des mauvais traitements, de la mauvaise nourriture et
d’un travail excessif.
    Les galériens mourant vite, le gouvernement ne
reculait devant aucun moyen pour maintenir au complet le personnel
de sa chiourme, d’autant plus qu’il lui fallait toujours un nombre
de forçats bien supérieur à celui des rameurs nécessaires au
service de ses galères, car il y avait toujours un grand nombre
d’infirmes et de malades dans le personnel de la chiourme. – Ainsi,
en 1696, pour le service de 42 galères exigeant chacune 310
rameurs, soit un personnel
valide
de 12 600 forçats, il
fallait qu’il y eût au moins 15000 condamnés aux galères à la
disposition du gouvernement. Beaucoup de peines étant laissées à
l’arbitraire des juges, on invitait les magistrats à condamner le
plus possible aux galères, en sorte que cette peine était appliquée
aussi bien au meurtrier qui avait mérité la roue ou la potence,
qu’au mendiant, au vagabond ou au contrebandier, au déserteur, au
faux-saulnier ou au braconnier qui avait osé toucher au gibier de
son seigneur. – « Les déserteurs, dit Jean Bion, aumônier des
galères, sont quelquefois des gens de famille qui, ne pouvant
supporter les fatigues de la guerre, ou bien par légèreté ou
libertinage, désertent. S’ils sont pris, ils sont condamnés aux
galères à perpétuité. Autrefois on leur coupait le nez et les
oreilles, mais parce qu’ils devenaient punais et qu’ils infectaient
toute la chiourme, on se contente à présent de leur fendre tant
soit peu le nez et les oreilles. – Les faux-saulniers qu’on envoie
aux galères sont la plupart du temps de pauvres paysans qui vont
acheter du sel dans les provinces où il est à bon prix. Comme dans
le comté de Bourgogne ou celle de Dombes, on sait assez qu’en
France, la pinte de sel qui pèse quatre livres, vaut quarante-deux
sous et qu’il y a de pauvres paysans et des familles entières qui
demeurent quelquefois huit jours sans manger de la soupe, qui est
néanmoins la nourriture ordinaire des personnes de la campagne en
France, et cela faute de sel. Un père, touché de compassion de voir
ses enfants et sa femme languir et mourir d’inanition, s’aventure
d’aller acheter du sel blanc dans ces provinces, où il est les
trois quarts à meilleur marché. S’il est surpris, il est condamné
aux galères. »
    Pour les braconniers, c’étaient des paysans
ayant commis le crime de tuer le gibier qui venait dévorer leurs
récoltes sur pied. Les seigneurs ecclésiastiques n’étaient pas plus
indulgents pour cette insolence que les autres ; ainsi un jour
l’évêque de Noyon fit, sous ses yeux, attacher à la chaîne des
forçats, deux paysans qui avaient méconnu ses droits sur le gibier
de ses propriétés…
    Colbert, dans son ardeur de maintenir au
complet le personnel des galères, avait

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