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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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accouplés avec des
malfaiteurs, des protestantes enchaînées à des femmes de mauvaise
vie. « Jamais, dit une demoiselle d’honneur de la duchesse de
Bourgogne, je n’oublierai le spectacle que j’eus sous les yeux près
de Marseille. Là, je vis cinq malheureux traînés à la chaîne sur la
grande route, suivis par les dragons
qui les piquaient de leurs
sabres
quand ils ne voulaient pas avancer. Et cela parce
qu’ils n’avaient pas voulu renier le Dieu de leurs pères. »
Il en était ainsi par toute la France
. Nissolles, marchand
de Ganges, mené ainsi par des archers avec d’autres fugitifs,
demandait à l’un de ces archers la faveur de les faire aller plus
lentement pour que les malades pussent suivre. L’autre lui répond
que s’ils ne marchent pas, on les attachera à la queue des chevaux
de l’escorte.
    Ceux des fugitifs qui étaient condamnés aux
galères étaient dirigés soit sur la prison d’une des villes que
devait traverser la grande chaîne de Paris à Marseille, soit sur la
prison des Tournelles, à Paris où se formait cette chaîne.
    Et, pour arriver à destination, on avait soin
de leur faire prendre le chemin le plus long,
pour les mener en
montre
, enchaînés aux pires malfaiteurs, dans le plus grand
nombre de villes possibles. Pour aller de Dunkerque à Paris la
troupe de galériens dont Martheilhe faisait partie, dut passer par
le Havre.
    Voici ce que dit de la prison des Tournelles,
Louis de Marolles, conseiller du roi qui y était enfermé en 1686,
attendant le départ de la chaîne devant l’amener aux galères de
Marseille : « Nous couchons cinquante-trois hommes dans
un lieu qui n’a pas cinq toises de longueur et pas plus d’une et
demie de largeur. Il couche, à mon côté droit, un paysan malade,
qui a sa tête à mes pieds et ses pieds à ma tête, il en est de même
des autres. Il n’y a peut-être pas un de nous
qui n’envie la
condition de plusieurs chiens et chevaux
. Nous étions bien
quatre-vingt-quinze condamnés, mais il en mourut deux ce
jour-là ; nous avons encore quinze ou seize malades, il y en a
peu qui ne passent par là. »
    Louis de Marolles était encore parmi les
privilégiés de la Tournelle, ainsi que l’on peut le voir par la
description que fait Marteilhe de cette prison, digne vestibule de
l’enfer des Galères : « C’est une spacieuse cave, dit-il,
garnie de grosses poutres de bois, posées à la distance les unes
des autres, d’environ trois pieds ; sur ces poutres épaisses
de deux pieds et, demi, sont attachées de grosses chaînes de fer,
de la longueur d’un pied et demi et au bout de ces chaînes est un
collier de même métal. Lorsque les galériens arrivent dans ce
cachot, on les fait coucher à demi pour que la tête appui sur la
poutre. Alors on leur met ce collier au col, on le ferme et on le
rive sur une enclume à grands coups de marteau. Un homme ainsi
attaché, ne peut se coucher de son long, la poutre sur laquelle il
a la tête étant trop élevée, ni s’asseoir et se tenir droit, cette
poutre étant trop basse ; il est à demi couché, à demi assis,
partie de son corps sur les carreaux et l’autre partie sur cette
poutre ; ce fut aussi de cette manière qu’on nous enchaîna, et
tout endurcis que nous étions aux peines, fatigues et douleurs
(Marteilhe et ses compagnons réformés avaient déjà ramé sur les
galères à Dunkerque) trois jours et trois nuits que nous fûmes
obligés de passer dans cette cruelle situation, nous avaient
tellement roué le corps et tous les membres que nous n’en pouvions
plus… »
    L’on me dira peut-être ici : comment ces
autres misérables que l’on amène à Paris des quatre coins de la
France, et qui sont quelquefois obligés d’attendre trois ou quatre,
souvent cinq ou six mois que la grande chaîne parte pour Marseille,
peuvent-ils supporter si longtemps un pareil tourment ? À cela
je réponds, qu’une infinité de ces infortunés succombent sous le
poids de leur misère : et que ceux qui échappent à la mort par
la force de leur constitution, souffrent des douleurs dont on ne
peut donner une juste idée.
    « On n’entend dans cet antre horrible que
gémissements, que plaintes lugubres, capables d’attendrir tout
autre que les bourreaux de guichetiers qui font la garde toutes les
nuits en ce cachot et se ruent sans miséricorde sur ceux qui
parlent, crient, gémissent et se plaignent, les assommant avec
barbarie à coups de nerf de

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