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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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moudre.
    — Laisse tomber, Adal ! conseilla Morosini. Monsieur le commissaire se croit doué de double vue et n’attache de prix qu’à ce qu’il imagine. Je te parie que c’est un fervent d’Arsène Lupin…
    — Vous rirez moins quand vous serez devant un tribunal ! lança le policier furieux. Si j’étais vous, je songerais à me trouver un avocat ! Vous devez bien en avoir au moins un dans vos relations influentes ?
    — Plusieurs même mais je ne crois pas qu’il vaille la peine de troubler leur sommeil…
    La belle humeur affichée par l’égyptologue se trouva cependant entamée lorsque, dans la rue où attendaient les voitures de police, son regard tomba sur la sienne à laquelle il était tendrement attaché :
    — Ma voiture ! s’exclama-t-il. Vous n’allez pas la laisser là ?
    — C’est à vous cette petite chose rouge ? fit Lemercier qui entendait assister à l’embarquement.
    — Oui ! C’est à moi et j’y tiens.
    — Entendu ! On va en prendre soin ! Legris ! appela-t-il. Tu as ton permis ?
    — Oui, chef !
    — Alors tu m’emmènes ce truc dans la cour de chez nous !
    Avec une inquiétude évidente, Adalbert suivit des yeux la progression du policier qui s’installait au volant et examinait le tableau de bord. Il eut un soupir de soulagement quand le moteur se mit immédiatement en marche, vite changé en hurlement au passage de la première vitesse dans un horrible grincement.
    — Espèce d’abruti ! vociféra l’aimable Adalbert. Vous ne pouvez pas faire attention ! Vous l’avez eu où votre permis de conduire ? Dans la hotte du Père Noël ?…
    — Calme-toi, sourit Aldo. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer !
    Une demi-heure plus tard, en effet, le silence était revenu, la précieuse Amilcar rangée dans la cour et les deux amis bouclés dans la cage du commissariat en compagnie d’un clochard ivre mort qui dormait étendu sur toute la longueur du bat-flanc prévu pour le repos des prisonniers. Et ce fut assis par terre que les nouveaux venus achevèrent la nuit.
    Peu propice au sommeil, le sol de la geôle qui avait dû être celui d’une aristocratique écurie permettait au moins de donner libre cours à la réflexion. Tandis qu’Adalbert habitué de longue date aux chantiers de fouilles archéologiques dépourvus de confort, se roulait en boule pour s’endormir aussitôt, Morosini, adossé au mur du bâtiment, allumait une cigarette en constatant avec humeur qu’il ne lui en restait plus qu’une. Dans la fumée bleue montant vers les poutres noircies du plafond, il voyait s’inscrire un émouvant et jeune visage las à peine éclairé par deux longues prunelles couleur de mer, deux lacs d’eau transparente et cependant indéchiffrables. Pourquoi, après avoir paru accepter ses visiteurs impromptus au point de les emmener visiter sa chambre, pourquoi s’être brusquement retournée contre eux ? Uniquement parce que Adalbert avait évoqué un fiancé éventuel ? C’était bien innocent surtout lorsque l’on se trouvait en face d’une aussi belle fille. Mal habillée sans doute – le tailleur gris avait rappelé à Aldo les invraisemblables costumes dont s’affublait Lisa lorsqu’elle assumait auprès de lui le poste de parfaite secrétaire répondant au nom de Mina Van Zelden – mais la jeune fille n’était visiblement pas riche. Cependant le tissu bon marché, pas très bien coupé ne réussissait pas à masquer ni les longues jambes ni la grâce d’un corps délié dont, tout à l’heure à sa grande honte, il avait éprouvé le désir soudain d’en découvrir les secrets. Il admettait à présent que ce genre de pulsion était inattendue, voire inquiétante. L’abstinence que lui avait imposée sa femme devait être en train de tourner à la frustration.
    Quand il se rendit compte que ses pensées revenaient vers ce sujet brûlant, il essaya de réveiller sa colère. Non seulement cette fille les avait dénoncés au mépris de toute logique – s’ils avaient mis la maison à sac ils n’avaient aucune raison d’attendre placidement le retour de la propriétaire – mais elle avait, en outre, porté plainte contre eux ! Encore heureux qu’elle ne les ait pas accusés de l’avoir violée. Ce qu’Aldo se prenait à regretter : au moins il saurait pourquoi il était en prison et il aurait un savoureux souvenir pour lui tenir compagnie. Pourtant, à aucun moment elle n’avait donné l’impression de les

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