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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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20 juin 1791.
    — La Reine les avait gardées avec elle ?
    — Non. Une partie de ses joyaux personnels étaient déjà en route pour Bruxelles à destination de l’archiduchesse Marie-Christine, sa sœur. Les autres, elle les avait confiés, avec son indispensable coiffeur Léonard, au duc de Choiseul afin qu’il les emporte à Montmédy où le Roi voulait se retirer au milieu de ses troupes. Il y avait aussi l’habit du sacre de Louis XVI et les bijoux de Madame Élisabeth. Certaines pièces ont été retrouvées mais jamais les larmes de diamant. Or elles comptaient parmi les joyaux préférés de la Reine, si étrange que cela puisse paraître…
    — Que vois-tu d’étrange là-dedans ?
    — C’est qu’elle a commencé par les détester… enfin si l’on peut dire.
    — S’il te plaît, sonne le garçon d’étage !
    — Que lui voulez-vous ?
    — Comme je sens que tu as une histoire à me raconter, j’aimerais bien un peu de café…
    — Ah, non ! protesta Plan-Crépin. Si nous buvons du café, nous ne fermerons pas l’œil avant demain soir et… et je meurs de sommeil ! finit-elle par avouer en se laissant tomber dans un fauteuil.
    — De toute façon l’histoire n’est pas longue. Quand l’archiduchesse Marie-Antoinette est arrivée de Vienne pour épouser le dauphin Louis, la comtesse du Barry régnait sur le cœur et sur les sens de Louis XV. Elle était toute-puissante mais ne faisait pas l’unanimité à Versailles. Le parti des princes et la haute noblesse voyaient en elle une ennemie et accueillirent avec joie la petite princesse qui allait devenir tout naturellement leur porte-drapeau…
    — Je ne suis peut-être pas très forte en histoire mais ça je le sais, ronchonna la marquise. Abrège, puisque tu me refuses une tasse de café !
    — À vos ordres ! La du Barry qui n’était pas stupide comprit fort bien qu’elle avait tout intérêt à se rallier la Dauphine et elle pensa avoir trouvé le moyen quand son joaillier vint lui présenter deux « larmes » de diamants admirables et absolument identiques. Elle les fit monter en pendants d’oreilles et les envoya chez Marie-Antoinette avec une lettre pleine de choses aimables qu’elle espérait transformer en traité d’armistice.
    — Et tu dis qu’elle n’était pas stupide ? Mais il fallait être complètement idiote pour s’imaginer que la Dauphine, éblouie, allait se jeter à son cou ? Elle a renvoyé le cadeau, j’imagine ?
    — Exactement, mais non sans regrets. L’ensemble était si beau qu’elle n’y a pas résisté. À son tour elle a convoqué Bœhmer et lui a dit qu’elle souhaitait acquérir les larmes mais que les « boutons » de diamants qui les soutenaient ne lui convenaient pas : elle désirait qu’ils fussent remplacés par d’autres pierres lui appartenant afin d’éviter une confusion possible aux yeux des courtisans. Cela fait, la Reine les a souvent portées – surtout lorsqu’elle arborait le « Sancy » dans sa coiffure. Elle tenait à pouvoir s’en parer quand elle résiderait à Montmédy mais les larmes n’y sont jamais parvenues.
    — Où sont-elles allées ? demanda Marie-Angéline qui écoutait avec passion.
    — Justement on n’en sait rien sinon que le coiffeur Léonard à qui Choiseul avait remis l’une des cassettes du trésor au moment de leur séparation les a confiées au marquis de Bouillé, commandant alors la place de Stenay, avant de poursuivre son chemin vers la frontière, que Bouillé a commis son aide de camp à la garde du coffret… et que l’officier a été assassiné dans la nuit. Depuis, on ne sait où sont passées les larmes… Voilà, Tante Amélie, vous en savez autant que moi. À présent je vais aller prendre du repos. Le cher commissaire nous a convoqués pour onze heures…
    Le lendemain, les cinq hommes pénétraient avec ensemble dans le bureau de Lemercier. Les mines étaient sombres, en accord avec le temps toujours aussi détestable. La pluie, qui avait fait trêve au lever du jour, revenait de plus belle, charriée par un vent glacé venu du pôle Nord qui s’infiltrait sous les portes et les fenêtres, trop anciennes pour être hermétiques. Cela vous gelait les mains et les pieds aussi agréablement qu’en plein hiver.
    Après un salut approximatif, le policier leur désigna des chaises disposées en demi-cercle devant son bureau. À l’évidence, son humeur n’était pas plus bénigne que la veille et

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