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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avions la peste ?
    — Oh, j’ai remarqué ! — Il avait même remarqué aussi que le regard de la jeune fille se détournait dès qu’il croisait le sien. Disons que ce qu’elle subit en ce moment peut plaider en sa faveur. Et puis, elle est peut-être gênée vis-à-vis de moi qu’elle a proprement envoyé en prison ! À moins qu’elle ne soit pas entièrement convaincue de mon innocence, continua-t-il avec une nuance de tristesse qui n’échappa pas à sa compagne et lui fit froncer le sourcil :
    — On dirait que ça vous touche ?
    — Pas vraiment, mentit Morosini.
    — Un peu tout de même ! Eh bien, si vous voulez mon sentiment, cette « jolie » personne n’est pas aussi innocente qu’il y paraît…
    — Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
    — Je ne sais pas… pas encore, parce qu’il faudra que j’en sache davantage. Mettons que, pour l’instant, c’est une impression. J’ai pitié d’elle et d’un autre côté je m’en méfie. Tenez, ce voyage qu’elle a fait en urgence à Florence pour se rendre au chevet de sa marraine malade qu’elle a prolongé pendant un mois…
    — Une maladie peut durer longtemps.
    — Celle-là a duré une semaine mais aussitôt ladite marraine a été saisie de l’envie d’emmener sa chère filleule visiter Naples.
    — Que voyez-vous d’étonnant là-dedans ? Une convalescence un peu agréable, l’odeur des orangers après celles de la pharmacie…
    — Un : c’est loin. Deux : Caroline est sans fortune et gagne sa vie en donnant des leçons de piano… Les leçons de piano ! Ce refuge des filles de bonne famille fauchées ! Je sais ce que c’est, figurez-vous !
    — Vous en avez donné ? fit Aldo amusé malgré lui. Je me demande ce que vous n’avez pas fait dans la vie !
    — Pas moi ! Ma cousine Isoline. Croyez-moi, à moins d’être professeur au Conservatoire, les parents des bons chéris à qui vous apprenez à aligner trois notes sans en rater une sont ce qu’il y a de plus impossible comme clients. Ils ne voient aucun inconvénient à faire sauter des leçons sans vous prévenir sous les prétextes les plus fumeux, mais si vous vous permettez de prendre le large pendant plus d’une semaine, ils crient au scandale et vont chercher pâture ailleurs. Et malheureusement la profession est encombrée. Alors ?
    — Que pourrais-je vous répondre ? fit Morosini en haussant les épaules. M lle  Autié a peut-être plus de réputation… ou plus de moyens que nous ne le supposons, Angelina ! Ce n’est pas elle le problème urgent : c’est ce qui va se passer demain quand le tueur de Trianon ne recevra pas ce qu’il exige…
    — À ce sujet, je pense avoir une idée !
    — Laquelle ?
    On arrivait à l’hôtel, beaucoup moins éclairé à cette heure tardive. Marie-Angéline referma son parapluie et pénétra dans le hall d’un pas décidé.
    — Nous voilà rendus ! Je vous raconterai demain. Pour l’instant je vais voir si « nous » dormons ou si « nous » avons besoin d’un peu de lecture…
    — Dormir, Tante Amélie, quand nous étions sur le sentier de la guerre ? Elle doit être agitée comme un boisseau de puces et vous en aurez jusqu’à l’aube à lui lire Proust !
    C’était on ne peut plus vrai ! M me  de Sommières n’était même pas dans son lit. Drapée dans une robe de chambre en satin ivoire assorti aux rubans qui ornaient son bonnet de tulle à l’ancienne mode, elle se tenait assise près d’une fenêtre entre une boîte de chocolats copieusement entamée et un livre retourné sur les genoux. Elle poussa un soupir de soulagement en les voyant rentrer !
    — Qu’en est-il ? demanda-t-elle.
    — Rien ! répondit Aldo. La dame portait des bijoux à ses mains et à ses bras mais pas autour du cou ! Aucun pendentif !
    — Je l’aurais juré ! Quelqu’un devait savoir qu’elle emporterait une fortune dans sa tombe et l’en aura délestée…
    — Non. Les fossoyeurs sont formels. Le cercueil n’a pas été ouvert avant ce soir. Moi je me demande si, au dernier moment, le grand-père ne s’est pas dit que ce serait trop bête d’enfouir une pareille merveille. Il en aura disposé autrement.
    — Tu penses qu’il l’aurait vendue ?
    — À moins que ce ne soit au « marché parallèle », donc en perdant une grande partie de la valeur, cela m’étonnerait. Cette paire de girandoles a disparu au moment de la fuite de Louis XVI et de sa famille, le

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