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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’idée d’acheter une babiole ici ? fit Aldo en riant. Ce qui m’étonne même, c’est que tu ne l’aies pas déjà fait.
    — Ça pourrait venir !
    Les arrivants firent leur tour de salon, acceptèrent une coupe de champagneet s’intégrèrent au groupe mais il fut vite évident que, en dépit du décor, de l’accueil souriant de l’hôtesse et de la peine qu’elle se donnait pour détendre l’atmosphère, celle-ci demeurait lourde. Les meurtres à répétition pesaient sur elle. Seul Vauxbrun rayonnait mais celui-là était amoureux et savourait la proximité de sa belle. Il la respirait littéralement.
    Ce fut au point qu’à peine réunis autour de la table raffinée où se côtoyaient assiettes de la Compagnie des Indes, couverts de vermeil et verrerie gravée d’or, le sujet qui hantait tout le monde fut lancé par Crawford sitôt expédiée une timbale de ris de veau aux asperges cependant divine :
    — J’en demande humblement pardon à notre charmante hôtesse, fit-il de sa voix grave, mais il me semble que nous courons à une catastrophe. Si j’en crois les nouvelles de ce matin, nous en sommes à quatre morts…
    Aldo ouvrit la bouche pour ajouter : « et un disparu » mais la referma, le colonel ne s’étant pas volatilisé depuis assez longtemps pour avoir droit à ce titre. En outre, il ne servirait qu’à ajouter au trouble évident de certains membres, comme la maîtresse de maison par exemple qui visiblement souhaitait être déchargée le plus vite possible de la fonction de présidente qu’elle était en train de prendre en horreur. Dans l’esprit de l’aimable femme, ce déjeuner prenait les couleurs tristounettes de ces festins offerts après un enterrement. Le préambule l’enchanta car elle s’attendait à ce que l’Écossais demande en conclusion la fermeture pure et simple de l’exposition. Or elle comprit qu’il n’en était rien, la catastrophe évoquée n’ayant d’autre but que de demander un renforcement des défenses de Trianon et des jardins.
    — Comment l’entendez-vous ? questionna Vernois d’un ton aigre. Des chevaux de frise ? L’armée ? Des kilomètres de barbelés ?
    — Pourquoi pas un ou deux canons ? fit Elsie Mendl en riant. Le petit château de Marie-Antoinette me paraît fort bien protégé par la police et la gendarmerie avec une efficacité qui n’exclut pas la discrétion… Cela dit, notre ami Crawford devrait nous expliquer de quelle manière il voit un renforcement de défense ?
    — Par l’intérieur, si j’ose dire… Et là le professeur Ponant-Saint-Germain pourrait nous être d’une grande utilité puisqu’il connaît mieux que nous tous réunis ce qui a pu constituer les entours de la Reine durant sa vie.
    Occupé à pourchasser une pointe d’asperge oubliée dans son assiette, l’interpellé marmotta quelque chose d’incompréhensible qu’il ponctua – Dieu sait pourquoi ! – d’un petit rire. On le regardait mais il n’en parut pas troublé, s’essuya soigneusement la bouche à l’aide de sa serviette, acheva son verre de chablis, poussa un soupir de satisfaction et laissa poser sur la tablée un regard satisfait :
    — Vous avez besoin de moi ?
    — Je crois, oui. Il nous faut demander à M. Pératé, l’aimable conservateur, qu’il consente à nous confier la liste du personnel du château, des jardins, du parc, et des Trianons. Vous l’examinerez et nous signalerez les noms qui ont un rapport quelconque avec Marie-Antoinette. Il se peut qu’il n’y en ait plus d’autres mais il se peut aussi qu’il en reste encore et ceux-là il faut les retirer momentanément de la circulation et les protéger. Moyennant quoi, nous aurions peut-être droit à un peu de tranquillité…
    — Hé là, doucement ! grogna celui-ci. Je ne sais pas tout, moi ! En trente-sept ans d’existence de la Reine, il en est passé du monde auprès d’elle !
    — Il ne s’agit pas de remonter à l’enfance. Les gens dont elle a eu à souffrir ne se sont guère manifestés avant le 5 octobre 1789, date à laquelle Versailles a été envahi par le peuple de Paris…
    — Ah, vous trouvez, vous ? Il y en a eu avant ! Que faites-vous de l’affaire du Collier ?
    — Ses protagonistes n’ont pas eu de descendants ni d’homonyme. Il n’existe plus de La Motte-Valois, ni de Reteau de Villette, ni de… Cagliostro, ni de…
    — Il existe toujours des Rohan, ricana Ponant-Saint-Germain en soulevant son

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