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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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que j’ai lu et ce que j’ai compris. Comme je vous l’ai dit il y a deux jours : assez pour regretter d’avoir succombé à ma curiosité. C’est tout.
    — Assez pour vous persuader que le feu grégeois était une réalité ?
    — Assez pour me le faire redouter, si l’on en juge par les effets qu’il peut produire. Je n’ai rien à ajouter, messire Shardlake. Je vous ai dit la vérité pure et simple. »
    Je scrutai son visage avec attention. L’avant-veille, elle avait essayé de me séduire afin que je la croie. Aujourd’hui, mes questions provoquaient son hostilité et son mécontentement. Était-ce parce qu’elle m’avait vraiment dit toute la vérité ?
    « Lady Honor, poursuivis-je, choisissant soigneusement mes mots, je dois rendre compte à Thomas Cromwell cet après-midi. Je n’ai pas autant avancé dans mon enquête que je l’aurais souhaité, d’autant que le fondeur qui a aidé les Gristwood a disparu, probablement assassiné lui aussi. Des tentatives de meurtre ont été commises sur ma personne. »
    Elle prit une grande inspiration : « Ainsi, tous ceux qui ont quelque rapport avec cette affaire sont en danger ?
    — Ceux qui ont aidé les Gristwood dans leur entreprise.
    — Suis-je en danger moi aussi ? » Elle s’efforçait de garder son sang-froid, mais un tic faisait frémir sa paupière inférieure.
    « Je ne pense pas. Tant que vous ne dites à personne d’autre qu’à moi que vous avez regardé ces papiers.
    — À personne. Mais le comte ? Si vous le lui dites, il essaiera peut-être de m’arracher des renseignements avec des méthodes plus rudes que les vôtres.
    — C’est en partie pour cela que je suis venu ce matin. Pour que mon rapport soit aussi complet que possible. Lady Honor, le soir où nous avons parlé, sur le banc de Lincoln’s Inn, je vous ai vue converser avec le sergent Marchamount. Vous sembliez discuter de choses fort sérieuses.
    — Vous m’avez donc épiée ? rétorqua-t-elle, mécontente.
    — Je vous ai vue par hasard. J’avoue m’être dissimulé dans l’espoir d’entendre votre conversation, mais je n’ai pas saisi une seule parole. J’ai seulement vu l’expression de vos deux visages. Vous paraissiez soucieux tous les deux. Comme lorsque vous avez parlé à nouveau ensemble après le banquet. Or le sergent a eu lui aussi ces papiers entre les mains. »
    J’attendais de la colère, mais elle se borna à soupirer et baissa la tête en la dissimulant derrière sa main levée. « Seigneur, que n’ai-je provoqué par ma sotte curiosité !
    — Dites-moi simplement la vérité. Je vous promets de plaider votre cause au mieux auprès du comte. »
    Elle leva les yeux avec un sourire triste. « Oui, je vous crois, bien qu’on vous envoie sur mes traces comme un limier. Votre visage me dit que vous n’aimez guère votre tâche. Je me trompe ?
    — Peu importe ce que je pense, lady Honor. Je me vois contraint de vous demander ce dont vous parliez avec le sergent. »
    Elle se leva et s’approcha de la desserte sur laquelle trônait une belle coupe en or. « Gabriel Marchamount m’a fait cadeau de ceci, dit-elle. Il conseille la guilde des merciers, vous savez, tout comme il conseillait jadis mon mari. Maintenant que je suis veuve, il m’assiste également dans tout ce qui touche au droit dans mes affaires. Il s’est montré… attentif, dirons-nous.
    — Ah. » Je me sentis rougir.
    « Il m’a fait comprendre à maintes reprises qu’il aimerait prendre la place de mon mari.
    — Ainsi, il vous aime. »
    Elle éclata d’un rire narquois qui me surprit. « M’aimer ? Messire Shardlake, assurément vous avez entendu parler des tentatives de Gabriel pour persuader le Collège héraldique de lui accorder des armoiries, bien que son père fût poissonnier ? Il ne peut apporter aucune preuve d’une noble naissance et n’occupe pas une position suffisamment élevée dans la société pour que le roi intervienne en sa faveur. Ses tentatives ont échoué. Mais il souhaite plus que tout avoir un fils qui pourra dire un jour qu’il est de noble naissance. Il a pour la noblesse le même appétit que le cochon pour les truffes. Aussi s’efforce-t-il à présent de trouver un autre moyen d’y accéder. Il souhaite s’allier à une noble famille par le mariage. »
    L’embarras et la colère l’avaient fait rougir elle aussi. Je sentis la honte m’envahir.
    « Mais en vérité, messire Shardlake, certains ne sont pas dignes de se hisser

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