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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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sentis réconforté par la sollicitude qu’elle m’avait témoignée. Pourtant, mon esprit, toujours sceptique, se demandait si elle ne cherchait pas tout simplement à s’assurer que je prendrais son parti dans mes démarches auprès de Cromwell. Elle avait juré sur la Bible, mais mes sinistres soupçons d’athéisme me revinrent. Pour quelqu’un qui ne croirait pas en Dieu, que signifierait un serment sur la Bible ?

28
    L a boutique de G uy n ’ était pas très loin , mais, quand j’arrivai, les volets étaient clos. Et sur la porte se trouvait épinglée une note manuscrite où je reconnus l’écriture pointue de Guy, annonçant que la boutique était fermée jusqu’au lendemain. Ma déception était grande et je restai là à fixer le papier. Je me souvins qu’une fois par mois il se rendait dans le Hertfordshire à une foire où l’on vendait plantes et médicaments, afin de se réapprovisionner. Je chargeai un voisin de lui transmettre un message où je lui demandais de me prévenir sitôt qu’il rentrerait, puis remontai sur mon cheval placide et pris le chemin du retour.
     
    À Chancery Lane, Barak m’attendait, la mine morose. « Vous avez des nouvelles ? m’enquis-je.
    — Je suis allé voir cette vieille sorcière de mère Neller pour lui rappeler que vous lui aviez promis de l’argent si elle vous faisait dire quand reparaîtrait Bathsheba. Je l’ai avertie de ce à quoi elle devait s’attendre de la part de lord Cromwell si la fille revenait sans qu’elle nous en avise. Mais elle ne sait rien. Personne ne sait rien, hormis les morts, et ceux-là se taisent. Et puis, j’ai trouvé le repaire de Wright et de Toky : un logis très modeste près de la Tamise. Hélas ! ils l’ont quitté hier.
    — Ils ont peut-être craint d’être l’objet de recherches officielles.
    — Ils n’étaient là que depuis trois jours. Je les soupçonne de changer sans cesse d’endroit, afin de brouiller les pistes. Que vous a appris lady Honor ?
    — Que Marchamount voulait sa main et qu’elle l’avait repoussé. Que c’est de cela qu’ils discutaient. Et que le duc deNorfolk essayait d’obtenir d’elle des terres en échange du service qu’il lui rendrait en introduisant son neveu à la cour. Elle affirme n’avoir dit à personne d’autre qu’à moi qu’elle a lu les documents.
    — Vous la croyez ?
    — Elle a juré sur la Bible, soupirai-je. Elle m’a invité demain à assister à un combat d’ours. Je compte y aller. Marchamount y sera également. C’est une occasion de vérifier les affirmations de lady Honor.
    — On dirait que la piste n’a pas abouti. Je gage que vous ne serez pas fâché de la voir lavée de tout soupçon.
    — Je reconnais que je la trouve fort aimable. Mais il me déplairait que la sympathie que j’éprouve pour une femme trouble mon jugement.
    — En est-il jamais autrement ? »
    Je lui lançai un regard peu amène. Je voyais bien qu’il était inquiet à la perspective de l’entretien qui nous attendait, et qu’il passait ses nerfs sur moi.
    « J’ai aussi découvert autre chose », ajoutai-je. Je lui parlai alors de ma rencontre avec Norfolk et Rich, et de la possibilité que quelque chose soit enterré avec le soldat.
    « Une hypothèse tirée par les cheveux, estima-t-il.
    — Je le sais bien. Mais quel objet pourrait le caractériser mieux que le feu grégeois ? Et les anciens moines ne pouvaient pas imaginer qu’un jour les terrains monastiques consacrés seraient retournés comme de la banale terre. Je crois que je vais à nouveau interroger Kytchyn. Le comte saura où il se trouve.
    — Sans doute. Mais ne parlez pas du viol des terrains consacrés.
    — Je ne suis pas si sot. Eh bien ! il est temps de se mettre en route. Nous prendrons un bateau.
    — Comment se comporte le nouveau cheval ?
    — Il est très calme », dis-je. Puis j’ajoutai : « Il n’a aucune personnalité. »
    Barak se mit à rire. « Oh, pardon ! J’aurais dû demander aux écuries royales s’il n’y avait pas un cheval qui parle.
    — Quand vous êtes de méchante humeur, vous passez les bornes, dis-je d’un ton sévère. Mais rien ne sert de se chercher querelle. D’ailleurs, je suis trop las pour cela. En route. »
    Nous ne parlâmes guère pendant le trajet. Je me sentis plus nerveux à l’approche de Whitehall. Le bachot nous laissa à Westminster Steps. Nous longeâmes Westminster Hall, en direction du palais qui se trouvait juste derrière. Devant

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