Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
immobile, comme morte. Barak se tourna vers moi, le visage noirci, et je vis que la moitié de ses cheveux avait brûlé.
    « Vous n’êtes pas blessé ? murmura-t-il.
    — Je ne crois pas. »
    Un homme en justaucorps de veilleur, un bâton à la main, s’approcha de nous, l’air affairé. Il semblait furibond. « Qu’est-ce que vous avez fait pour mettre le feu comme ça ? Sorciers ! hurla-t-il.
    — Ce n’est pas nous qui avons mis le feu, maugréa Barak. Envoyez chercher un médecin. Il y a une femme blessée avec nous. »
    Quand les yeux du veilleur se posèrent sur Bathsheba, ils s’écarquillèrent à la vue du sang qui la couvrait. Alors, je secouai la tête et le tumulte des cris et des piétinements parut s’éloigner, se réverbérer sous la voûte de la nuit.
    « Qu’avez-vous fait ? répéta le veilleur.
    — C’était du feu grégeois, répondis-je.
    — Quoi ?
    — Du feu grégeois. Les rats le savaient, eux. » Puis, le bruit du feu et des cris s’affaiblit encore, et je sombrai dans l’inconscience.

32
    J e repris lentement connaissance , comme si je remontais à la surface d’un lac noir. Lorsque j’ouvris les yeux, je crus pendant un instant que j’étais aveugle. Puis, m’accoutumant à l’obscurité, je me rendis compte que je me trouvais dans une pièce sans lumière, et que c’était la nuit. À côté du lit à roulettes où j’étais couché, je devinais une fenêtre ouverte, qui formait un rectangle légèrement plus clair par lequel une brise tiède parvenait jusqu’à moi.
    Je ne me souvenais ni de ce qui s’était passé, ni de l’endroit où j’étais. Lorsque je voulus m’asseoir pour mieux voir ce qui m’entourait, des douleurs fulgurantes m’envahirent tout le corps et je me laissai retomber avec un gémissement. Mon dos me faisait atrocement souffrir et j’éprouvais une douleur lancinante à l’avant-bras gauche. J’avais soif, une soif intense, et la bouche sèche. Quand j’avalais ma salive, j’avais l’impression d’avaler des épines.
    Une odeur me frappa. Une odeur de brûlé. Incendie, pensai-je. Alors, tout ce qui s’était passé à Wolf’s Lane me revint brusquement à l’esprit. Je voulus à nouveau m’asseoir et appeler, mais l’effort était trop grand et je faillis m’évanouir une seconde fois. Pendant quelques secondes, je restai étendu, terrifié. Et si le feu gagnait l’endroit où je me trouvais ? Soulevant mon bras droit, je l’approchai de mon nez. L’odeur de fumée venait de ma chemise. Je me laissai retomber sur ma couche, respirant péniblement. Il fallait que je rassemble mes forces, que j’appelle pour qu’on me donne à boire, que je sache où j’étais. Avais-je été arrêté et jeté en prison ? Où étaient Barak et la pauvre Bathsheba ? L’horrible vision de la jeune fille penchée sur son frère mort, tous deuxbaignant dans leur sang, me revint et un douloureux sanglot m’échappa.
    J’entendis par la fenêtre un son inattendu, un doux gazouillis. D’autres oiseaux se joignirent au premier, peu à peu le ciel s’éclaira doucement et le bleu sombre se changea en gris pâle. Je distinguai les profils des toits pentus et me rendis compte que je me trouvais au dernier étage d’une maison. Le soleil apparut, d’abord une petite boule rouge sombre, puis un globe jaune incandescent.
    À mesure qu’il faisait plus clair, je pus examiner la pièce où je me trouvais. Elle était sommairement meublée : le lit sur lequel j’étais étendu, un coffre et, sur le mur, une grande croix sur laquelle était accroché le Christ, avec un visage tordu par la souffrance et des plaies béantes. Stupéfait, je la fixai quelques instants avant de la reconnaître : l’antique croix espagnole de Guy. J’étais chez Guy.
    Je m’allongeai de nouveau avec une sensation de soulagement. Je dus me rendormir car, lorsque je rouvris les yeux, le soleil était haut dans le ciel et il faisait chaud. Je me penchai, grimaçant de douleur tant mon bras gauche me faisait mal, et tapai quelques coups sur le plancher.
    J’entendis bientôt des mouvements en bas, puis des pas. Guy entra, portant un grand pot et une tasse. Il avait les traits tirés par l’inquiétude et le manque de sommeil.
    « À bbb-oire », croassai-je.
    Il hocha la tête, s’assit sur le lit et me souleva la tête pour que je puisse boire à la tasse. « N’avalez pas trop vite, dit-il. Vous avez sûrement très soif, mais vous devez prendre de petites

Weitere Kostenlose Bücher