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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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déjà dans l’ouverture de la porte et léchaient le vestibule. La vieille tapisserie s’enflamma aussitôt. Une fumée noire et nauséabonde se mit à envahir l’entrée.
    « Jésus Marie, souffla Barak, le feu grégeois ! Ils veulent nous faire rôtir. Venez ! » Il se tourna vers Bathsheba. « Sortons d’ici. Aidez-moi à la porter ! »
    Je l’aidai à détacher Bathsheba du corps de son frère. Malgré sa faiblesse, elle essaya de résister, et je l’entendis gargouiller un « non ».
    « Votre frère est mort, dis-je avec douceur, vous ne pouvez plus rien pour lui. »
    J’aidai Barak à la soulever et, ce faisant, je vis du sang frais couler sur sa robe d’une grande blessure qu’elle avait au ventre. La pauvre créature avait reçu un coup de poignard.
    « Tenez-la », ordonna Barak en se précipitant vers la porte. Le feu se propageait à une vitesse surnaturelle, les murs de l’entrée brûlaient déjà et les flammes avaient presque atteint le bas de l’escalier. Ronflements et craquements étaient beaucoup plus puissants, et je suffoquai en inspirant un peu de fumée noire. Baraks’immobilisa une seconde, dégrafa son épée et la jeta sur le sol. Saisissant la porte de l’atelier, il la poussa de toutes ses forces vers le haut pour la faire sortir du gond auquel elle tenait encore.
    « Suivez-moi ! Vite, avant que l’escalier ne s’effondre !
    — On ne peut pas descendre là-dedans ! » criai-je en me cramponnant au corps trempé de Bathsheba pour l’empêcher de glisser. Elle ne pesait pas lourd, sinon je n’aurais pu la tenir, et semblait avoir perdu connaissance.
    « On ne peut pas la faire passer par la fenêtre et, si on sautait, on se romprait le cou sur les pavés ! Venez ! »
    Tenant la porte devant lui comme un bouclier, Barak bondit vers l’escalier qu’il se mit à descendre. Les murs du rez-de-chaussée brûlaient à présent, les flammes léchaient les balustres et les tourbillons de fumée s’enroulaient vers le plafond, de plus en plus épais. Voilà que se produisait ce que j’avais toujours redouté : la mort par le feu, les flammes rouges décollant la peau de mon corps, faisant suinter mon sang et fondre mes yeux. Le texte d’un pamphlet relatant un supplice au bûcher me revint en mémoire. Le baiser du feu, si léger, si atroce. Je m’arrêtai, paralysé.
    Barak se retourna et me hurla : « Tudieu, vous allez avancer, oui ? Il ne nous reste que quelques secondes ! Par ici la sortie ! »
    Ses paroles me galvanisèrent. De l’autre côté de l’entrée en flammes, je voyais la porte entrouverte sur la rue, un rectangle noir dans le rouge de la fournaise. Cela me donna le courage de suivre Barak en tirant Bathsheba avec moi. Je me forçai à compter les marches en descendant. Une, deux, trois… Quelque part au-dehors, j’entendis crier : « Au feu ! Seigneur Jésus ! Au feu ! »
    La fumée me piquait les yeux et je clignais des paupières, essayant désespérément de retrouver ma respiration. L’air était si chaud qu’on eût dit que lui aussi brûlait. Barak et moi toussions. Je redoutais que l’escalier ne s’écroule, nous ensevelissant sous un amas de bois en flammes.
    Enfin je parvins au bas des marches, au milieu du brasier. J’entendis Barak crier : « Courez ! » Je crus que j’allais tomber, mais une flamme me lécha le bras et j’entendis mon pourpoint grésiller. Je trouvai assez d’énergie pour bondir en avant. Un instant plus tard, j’étais dans la rue, hors de la fournaise et de la fumée. Des bras me saisirent et je me laissai aller. Je sentis qu’on me libérait du poids de Bathsheba. On m’étendit dans la rue où je m’efforçai désespérément de remplir mes poumons, redoutant de suffoquer, car la gorge me brûlait à chaque inspiration. J’entendaisles flammes crépiter dans la maison et tout autour de nous résonnaient des cris affolés.
    Enfin, ma respiration se fit moins saccadée et je m’assis, chancelant. Devant moi, la maison des Gristwood était la proie des flammes. Le toit aussi brûlait, et le feu s’était communiqué à la maison voisine. Les gens étaient sortis de l’estaminet et de partout dans la rue. Ils couraient en tous sens, la mine terrifiée, criant qu’on aille chercher de l’eau et redoutant de perdre leur toit dans cet incendie aussi terrible que soudain. Dieu soit loué, il n’y a pas de vent, pensai-je. Près de moi, mon compagnon toussait et vomissait. À côté de lui gisait Bathsheba,

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