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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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l’obscurité, revêtait un aspect sinistre sous le clair de lune. Barak me fit signe de m’arrêter devant la porte d’entréebrisée. « Restons ici quelques instants, pour qu’ils voient que nous sommes venus seuls. »
    Je levai les yeux vers les fenêtres aux volets fermés. J’éprouvai un certain malaise à l’idée que Bathsheba et son frère nous espionnaient entre les lattes.
    « Où est le garde ? demandai-je.
    — Allez savoir. Je l’ai cherché, mais il doit être parti rôder quelque part, comme ils le font tous quand il n’y a personne pour les surveiller.
    — Et si c’était un piège ? Ils ont peut-être fait venir une bande de bateliers là-dedans, des amis de George Green, qui nous sauteront dessus quand nous entrerons.
    — Qu’est-ce qu’ils auraient à y gagner ? Bathsheba et son frère ne savent plus où se cacher. Ils n’ont d’autre choix que de s’en remettre à nous et à notre bon vouloir. » Comme toujours lorsqu’il était en présence du danger, Barak avait la mine alerte et excitée. « Bon, allons-y. »
    Il frappa doucement à la porte, puis fit un bond en arrière, surpris, lorsque la porte s’ouvrit. Je vis que le nouveau cadenas, un piètre ouvrage, avait été fracassé. Barak siffla : « Ah, les gueux ! ils l’ont cassé. Le garde n’a donc rien vu ? »
    Je regardai avec un sinistre pressentiment l’espace noir derrière la porte entrouverte. « La mère Neller a dit que George Green était passé par une fenêtre pour entrer, glissai-je à Barak.
    — Vous avez raison. » Il se mordit la lèvre, puis ouvrit toute grande la porte d’un coup de pied. « Il y a quelqu’un ? souffla-t-il à mi-voix. Il y a quelqu’un ? Ça ne me plaît pas, reprit-il après une pause. Ce n’est pas normal. » Il franchit le seuil avec précaution, l’épée au clair. Je le suivis dans le vestibule. On distinguait tout juste deux portes fermées et l’escalier devant nous. Quelque part, quelque chose gouttait. Barak sortit un briquet à amadou et me tendit deux chandelles.
    « Tenez, allumons ça », dit-il. Il essaya d’actionner le briquet pendant que je scrutais les ténèbres. Le bruit continuait.
    L’amadou s’enflamma et j’allumai les chandelles. Une faible lumière jaune éclaira le vestibule, tremblota sur les murs de guingois et l’escalier, sur l’ancienne tapisserie et les vieux joncs secs dans les coins. « Essayons la cuisine », proposa Barak. Il ouvrit la porte et je lui emboîtai le pas. La table était constellée de crottes de rat. « Regardez-moi ça », chuchota-t-il. Je baissai ma chandelle et vis des traces de pas sur le sol poussiéreux. Plusieurs paires.
    « Il y a au moins trois empreintes différentes, soufflai-je. Je vous l’ai dit, c’est un piège. » Je me retournai pour regarder vers la porte, la main posée sur la poignée de ma dague, regrettant de ne pas avoir pris mon épée moi aussi.
    « Là ! » souffla Barak d’un ton pressant. Il avait poussé les volets de la cuisine et regardait la cour à l’abandon. La porte où j’avais aperçu un jour George Green était grande ouverte et quelque chose gisait contre le mur à côté d’elle, un tas plus noir que l’obscurité ambiante.
    « C’est un homme, dis-je.
    — Le garde ! Venez ! »
    Comme celle de l’entrée, la porte d’accès à la cour avait été fracturée. Je fus soulagé de me sentir dehors et d’avoir une issue vers la ruelle derrière la maison. Je levai rapidement les yeux vers les fenêtres fermées, puis rejoignis Barak, qui approchait sa chandelle de la silhouette prostrée.
    L’espace d’un instant, j’espérai que l’homme dormait, ivre mort, mais j’aperçus alors son crâne largement ouvert, et je devinais le reflet pâle du cerveau. Barak se releva et glissa la main sous sa chemise pour toucher son talisman. Pour la première fois depuis que je le connaissais, il paraissait effrayé.
    « Vous aviez raison. C’est un piège. Filons d’ici. »
    C’est alors que s’éleva le bruit. J’espère ne plus jamais entendre quelque chose de semblable. Cela venait de l’intérieur de la maison, commençant comme un gémissement et se transformant en plainte aiguë, lourde de chagrin et de souffrance.
    « Une femme », dis-je.
    Barak hocha la tête, surveillant la cour du regard. « Que faire ? »
    J’étais partagé entre le désir de fuir et l’idée que, dans la maison, se trouvait une femme qui souffrait atrocement. « Est-ce Bathsheba ? »
    Mon

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