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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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voulais. Je me rappelai alors avec dépit que c’était Barak qui avait le sceau de Cromwell, mais ma robe d’avocat et le nom ducomte me permirent néanmoins l’accès. Je demandai où en était l’excavation des cimetières. L’homme parut surpris et m’apprit qu’on venait juste de commencer le travail dans celui de l’hôpital. Il appela un autre gardien, un vieux boiteux au menton en galoche, pour qu’il me guide.
    Le vieux me conduisit dans un dédale de bâtiments, certains détruits, d’autres attendant d’être transformés en logements, et me fit traverser Little Britain Street pour arriver aux terrains derrière l’hôpital. Le haut mur crénelé de la Cité se dressait au loin.
    « Le travail est-il très avancé ? demandai-je.
    — On a commencé hier, grogna-t-il. Il y a des centaines de tombes à ouvrir. Sale besogne. Les odeurs de cadavres apportent la peste, c’est bien connu.
    — En venant, j’ai vu une charrette pleine d’ossements.
    — Les ouvriers n’ont aucun respect pour les morts. Ça me rappelle l’époque où j’étais soldat en France ; partout, il y avait des cadavres auxquels on ne donnait pas de sépulture correcte. » Il se signa.
    « Mon petit palefrenier veut devenir soldat.
    — Grand bien lui fasse ! » Le vieillard baissa la voix lorsque nous arrivâmes à un croisement. « C’est là-bas. Attention à ces gaillards, messire, ce sont des brutes. »
    Le spectacle qui s’offrait à mes yeux était digne d’un ancien tableau représentant le Jugement dernier. Un vaste cimetière où s’alignaient des tombes en rangs serrés était en cours d’excavation. Le soleil commençait à se coucher derrière l’hôpital, baignant la scène d’une lumière ocre incandescente. On avait organisé le travail méthodiquement : chaque cercueil déterré était emporté par deux hommes sur une table à tréteaux devant laquelle un fonctionnaire des Augmentations en longue robe était assis avec un secrétaire. Je vis un cercueil qu’on ouvrait sous les yeux du secrétaire : il se leva pour en inspecter le contenu, puis hocha la tête. Les ouvriers en sortirent les ossements et les empilèrent sur une charrette ; le secrétaire prit un petit objet qu’il posa devant le fonctionnaire.
    Un peu plus loin, des ouvriers se restauraient, et plusieurs d’entre eux jouaient à s’envoyer un crâne à grands coups de pied. Sous nos yeux, une poussée particulièrement vigoureuse l’expédia contre une pierre tombale, le faisant éclater en mille morceaux, sous les rires des ouvriers. Le vieillard secoua la tête et me conduisit devant le fonctionnaire, qui m’examina d’un œil froid. C’était un petit homme grassouillet à la bouche pincée et auxpetits yeux brillants, l’incarnation même de l’agent des Augmentations.
    « Que puis-je faire pour vous, messire l’avocat ?
    — Je viens de la part de lord Cromwell. C’est vous qui dirigez ces opérations ? »
    Il hésita. « Oui. Je suis Paul Hoskyn, des Augmentations. » Il fit un signe au vieillard. « Vous pouvez disposer, Hogg.
    — Matthew Shardlake, de Lincoln’s Inn. » En voyant le vieil homme s’éloigner, je me sentis étrangement vulnérable. « Je cherche une tombe dont j’ai des raisons de croire qu’elle contient quelque chose qui intéresse mon maître. »
    Les yeux de Hoskyn se plissèrent. « Tous les objets de valeur sont mis de côté pour que sir Richard les examine.
    — Oui, je le sais. » Je me penchai pour regarder ceux qui se trouvaient sur la table. Bagues et médailles en or, petits poignards et boîtes en argent. Tous dégageaient l’odeur écœurante de la mort. « Ce n’est pas un objet de valeur. Seulement une curiosité. »
    Il m’étudia d’un œil soupçonneux. « Il doit être important pour que le comte vous envoie ici. Sir Richard est-il au courant ?
    — Non. Le comte l’a mandé pour une autre affaire. Il se trouve sans doute avec lui en ce moment. En vérité, cet objet n’a qu’un intérêt historique.
    — Je n’ai jamais entendu dire que le comte s’intéressait aux antiquités.
    — Et pourtant, si. Et je suis amateur d’objets anciens », ajoutai-je, avec un enthousiasme de circonstance. En venant, j’avais imaginé une histoire plausible. « Récemment, j’ai découvert des pierres de la muraille de Ludgate où étaient gravées des inscriptions hébraïques. Elles provenaient d’une ancienne synagogue, voyez-vous. Tous ces vestiges du passé

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