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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Samuel. Il paraissait déçu, car il avait dû s’attendre à découvrir l’éclat de l’or. « Hé là ! cria-t-il à ses compagnons, apportez une torche. On n’y voit rien ici ! »
    En me retournant, j’aperçus un homme qui brandissait une torche à côté de la tombe et s’apprêtait à la tendre dans le trou.
    « Non ! hurlai-je. Pas de feu ici !
    — Et pourquoi ? demanda Samuel, fronçant les sourcils.
    — C’est de la sorcellerie, dit quelqu’un d’autre. Là-dedans, il y a un Juif, un assassin du Christ. » Samuel se signa et un murmure s’éleva dans l’assistance. Je sortis tant bien que mal du trou, tenant le pot avec d’infinies précautions. Personne ne se pencha pour m’aider ; il fallut que je prenne appui sur le cercueil et que je me hisse d’une main. Une fois dehors, je restai debout au bord de la tombe, pour reprendre mon souffle. Je cherchai Hoskyn du regard, mais il avait quitté sa table et je ne le vis nulle part. Environ dix ouvriers se tenaient autour de moi, la minehostile et craintive. Deux d’entre eux portaient des torches. « Maudit bossu ! » murmura une voix.
    Au bruit de pas qui s’approchaient, tout le monde se retourna. Les hommes saluèrent et s’écartèrent comme des épis de blé lorsque souffle la tempête : sir Richard Rich arrivait au centre du groupe, sourcils froncés, en manteau de soie jaune et toque à plumes, accompagné de Hoskyn. Je glissai discrètement le petit pot dans une poche de ma robe.
    « Vous autres ! cria Rich d’un ton brusque, partez tous maintenant. » Les ouvriers s’envolèrent comme de la fumée. Samuel sortit rapidement de la tombe et les suivit. Je restai seul avec Rich et Hoskyn. Le regard froid de Rich effleura les restes de Saint-John, puis revint se poser sur moi.
    « Seigneur, quelle puanteur ! Vertudieu, messire Shardlake, on dirait que St Bartholomew vous attire comme un aimant. D’abord, je vous trouve dans mon jardin parmi mon linge, et vous voilà maintenant en train d’explorer une tombe, à la recherche de breloques. »
    Je rassemblai mon courage avant de répondre : « C’est lord Cromwell qui m’a mandé… »
    Il fit un geste impatient de la main. « Hoskyn me l’a dit. Cela m’a tout l’air d’un conte à dormir debout. Cromwell ne fait pas collection de reliques monastiques, il les brûle.
    — Ce n’était pas une relique que je cherchais, Votre Grâce. Et je n’ai rien trouvé. Je… Je croyais que le comte vous avait demandé d’aller le voir…
    — Je ne suis au courant de rien, j’ai passé la journée dehors à examiner des comptes. » Rich fronça les sourcils. « Il est difficile de se débarrasser de vous, Shardlake. » Il hocha la tête en direction de la tombe. « Si je m’aperçois que vous essayez de me jouer un tour, je vous ferai mettre là-dedans pour ajouter à l’odeur. » Il se détourna en entendant accourir un domestique, qu’il regarda avec irritation.
    « Sir Richard, dit l’homme, hors d’haleine. Un message urgent. De lord Cromwell. Son messager vous a cherché toute la journée. Il veut vous voir instamment, à Whitehall. »
    Rich me lança un regard surpris. Pinçant les lèvres, il dit à son valet : « Faites seller mon cheval. » Il se retourna. « Vous êtes devenu un fâcheux, Shardlake. » Il parlait à mi-voix, mais d’un ton furieux. « Un fieffé fâcheux. Sachez que je ne tolère pas les fâcheux. Prenez garde. » Sur ce, il tourna les talons et partit à grands pas, Hoskyn se dandinant dans son sillage. Ma main était crispée sur le petit pot. Alors, les jambes flageolantes, je quittai le cimetière aussi vite que je pus.

35
    A ssis dans ma chambre , j ’ examinais le pot de feu grégeois posé sur ma table. J’avais pris une assiette à la cuisine et en avais versé un peu dedans : le liquide brun noirâtre et visqueux était étalé devant moi, brillant comme la peau d’un crapaud. Je tirai la table devant la fenêtre ouverte afin que l’odeur âcre et forte n’envahisse pas la pièce. Par souci de sécurité, je laissai la chandelle à l’autre bout de la pièce, bien qu’en conséquence je n’y visse pas assez clair pour examiner le liquide. À la vérité, il me faisait peur. Le lendemain, c’était décidé, je l’emporterais chez Guy.
    Un coup frappé à ma porte me fit sursauter. Une douleur fulgurante me transperça le dos et je grimaçai. En hâte, je jetai un linge sur le pot et

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