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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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m’intéressent. »
    Le fonctionnaire grogna, la mine toujours soupçonneuse.
    « Nous pensons que l’homme enterré ici devait être un Juif étranger, poursuivis-je d’un ton convaincu, et qu’il s’est fait ensevelir avec des objets d’art juifs. Les études hébraïques suscitent un nouvel intérêt de nos jours, maintenant que l’Ancien Testament est lu par beaucoup.
    — Pouvez-vous me montrer un document du comte vous mandatant ?
    — Seulement son nom », répondis-je, en le regardant droit dans les yeux. Il pinça sa petite bouche, puis se leva et me conduisit dans une autre partie du cimetière, où l’herbe était cuitepar le soleil. Je regardai les petites pierres tombales en grès ordinaire ; les plus vieilles étaient indéchiffrables.
    « La pierre que je cherche est du siècle dernier. Au nom de Saint-John.
    — Elle doit se trouver du côté du mur. Je ne veux pas commencer à creuser dans ce secteur, cela désorganiserait mes plans, ajouta-t-il non sans mesquinerie.
    — Le comte y tient pourtant. »
    Il examina les pierres tombales, puis s’arrêta et tendit la main. « N’est-ce point celle-là ? »
    L’excitation me fit battre le cœur lorsque je lus l’inscription toute simple « Alan Saint-John, Soldat des guerres contre les Turcs, 1423-1454 ». Ainsi, il n’avait que trente et un ans à sa mort. Je ne me serais jamais douté qu’il était si jeune.
    « Vous avez raison. Pourrais-je avoir deux de vos hommes ? »
    Hoskyn fronça les sourcils. « Un Juif n’aurait pas été enterré en terre consacrée. Il n’aurait pas non plus porté un nom chrétien.
    — Sauf s’il s’agissait d’un converti. Cet homme a été recensé au Domus Conversorum. »
    Il fit la moue, puis se dirigea vers le groupe d’ouvriers que j’avais vus jouer avec le crâne. Ils m’adressèrent des regards hostiles. Les gens qui travaillaient pour les Augmentations n’avaient pas un labeur accablant et ils verraient d’un mauvais œil des intrus leur en donner un surcroît. Deux hommes revinrent avec Hoskyn, portant des pelles. Il désigna la tombe de Saint-John.
    « Il veut qu’on ouvre celle-ci. Appelez-moi dès que ce sera fait. » Sur ces mots, le fonctionnaire retourna à sa table, où trois autres cercueils l’attendaient.
    Les deux ouvriers, deux solides jeunes gaillards en sarrau taché, se mirent à creuser la terre sèche et dure. « Qu’est-ce qu’on cherche, demanda l’un d’eux. Une cassette d’or ?
    — Rien qui ait de la valeur.
    — On est censés s’arrêter au coucher du soleil, dit-il en regardant le ciel rouge. C’est la règle.
    — Il n’y a qu’une seule tombe à ouvrir », plaidai-je pour l’amadouer. Il grogna et se pencha sur la terre.
    Saint-John avait été enterré profond et la lumière faiblissait, plus rouge que jamais, lorsque la pelle buta enfin contre du bois. Les hommes creusèrent la terre autour du cercueil, puis restèrent debout à côté du trou. C’était un modeste cercueil en boissombre. Je vis que d’autres ouvriers s’étaient approchés pour regarder eux aussi.
    « Allez, Samuel, dit l’un. On aurait déjà dû partir, il fait presque nuit.
    — Inutile de sortir le cercueil, dis-je. Si vous voulez bien l’ouvrir, je vais descendre voir. » Le second ouvrier m’aida à descendre, puis sortit du trou et cria à Hoskyn qu’ils avaient terminé. Je regardai le dénommé Samuel ouvrir avec sa bêche le couvercle du cercueil qui céda avec un craquement. Samuel le fit glisser, puis recula en s’exclamant : « Tudieu, qu’est-ce que ça pue ! »
    Je sentis les poils se hérisser sur ma nuque. C’était l’odeur âcre que j’avais sentie la veille dans l’escalier de dame Gristwood.
    Je me penchai lentement et regardai à l’intérieur du cercueil. Sous la lumière rouge du crépuscule, les restes de Saint-John paraissaient étrangement paisibles. Son squelette était étendu sur le dos, les bras croisés. Son crâne, auquel quelques cheveux bruns tenaient encore, était tourné sur le côté, comme s’il dormait, et les mâchoires serrées n’avaient pas le rictus habituel. Le suaire s’était désagrégé et seuls restaient au fond du cercueil de rares fragments de tissu moisis. Et au milieu se trouvait un petit pot d’étain de la taille d’une main, au couvercle légèrement fêlé. Quand je me penchai pour le saisir avec précaution, je sentis au poids qu’il était presque plein. J’avais eu raison, je l’avais trouvé.
    «

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