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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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qu’il est temps de laisser le comte l’interroger.
    — Ah ! vous vous rendez enfin à la raison », grommela Barak.

38
    D ès notre retour à la maison , je fus à nouveau pris de faiblesse et faillis tomber dans la cour. Je m’appuyai contre le cheval en inspirant profondément. Barak me regarda.
    « Vous ne vous sentez pas bien ?
    — Si, répondis-je sèchement. Mais je crois que je vais m’allonger un moment.
    — Et Marchamount ? Dois-je faire dire au comte que le moment est venu de le convoquer pour l’interroger ?
    — Oui, mais chez lui, pas à la Tour. Le seul fait d’être convoqué chez Cromwell devrait suffire à lui délier la langue, en plus, cela ne s’ébruitera pas. »
    Il hocha la tête. « Alors, je vais à Whitehall. Ne sortez pas d’ici là, ça peut être dangereux. »
    Je hochai la tête et entrai dans la maison, demandant à Joan de m’apporter du pain, du fromage et un cruchon de bière, que je montai dans ma chambre. Je m’assis sur le bord du lit et portai la main à mon front. À mon grand soulagement, je ne perçus aucun signe de fièvre. Mon malaise devait être le fruit des fatigues et des soucis des deux dernières semaines, ajoutés aux constantes allées et venues à travers Londres par cette canicule accablante. Je n’étais pas disposé à laisser mon corps avoir raison de moi. Encore quatre jours, et tout serait réglé d’une manière ou d’une autre. Après… après, je retournerais voir lady Honor, et cette fois-ci, je ne me comporterais pas comme un pleutre. Toutes les questions que je me posais à son sujet avaient été élucidées et elle souhaitait me connaître plus intimement. Cela, je l’avais senti plus nettement que jamais sur le banc ; je ne lui étais pas plusindifférent qu’elle ne me l’était. Maudit soit Barak de nous avoir interrompus.
    Mon bras brûlé me piquait. J’ôtai mon pansement et appliquai de l’huile donnée par Guy sur la peau rouge et plissée, frémissant au souvenir des flammes qui l’avait léchée. Le baiser du feu, si léger et si atroce. Je me bandai de nouveau le bras et m’étendis sur le lit.
    Je m’assoupis aussitôt et dormis pendant plusieurs heures d’un sommeil sans rêves. Quand je me réveillai, l’air était plus frais, Dieu merci, et les ombres s’allongeaient dans le jardin. Je me sentais la tête plus claire et je réfléchis aux révélations de Barak à propos de John Skelly, qui expliquaient en effet beaucoup de choses. J’en avais voulu à Skelly car je l’avais cru négligent, indigne de la bonté dont j’avais fait preuve envers lui, alors que pendant tout ce temps… Je revis les yeux rouges et fatigués qu’il levait vers moi et secouai la tête.
    La solution était peut-être de lui faire porter des lunettes. De plus en plus de gens y avaient recours, y compris, disait-on, le roi lui-même. Je pouvais lui en acheter une paire. Je hochai la tête avec satisfaction à l’idée d’en informer Barak. Puis je fronçai les sourcils. Pourquoi lui en parlerais-je ? Quelle importance avait son opinion ? Avec un peu de chance, notre association ne tarderait pas à prendre fin, et je n’aurais plus à subir son franc-parler brutal et cru, ni ses sautes d’humeur. Je souris en me rappelant la façon dont l’avait accueilli lady Honor ; peu de gens étaient capables de remettre Barak à sa place. Elle, elle y avait réussi.
    À sa place… Ma conscience revint à la charge lorsque je me souvins lui avoir dit que s’il était à mon service, je l’aurais renvoyé. Ce faisant, j’aurais perdu un homme intelligent et courageux, malgré son impertinence ; un homme qui m’avait sauvé la vie. Et dont j’avais besoin pour descendre dans le puits des Wentworth ce soir.
    Je me levai avec peine et descendis l’escalier. Je trouvai Barak dans la cuisine, occupé à laver avec du vinaigre la chaîne qui tenait sa mezouza. La petite cartouche d’or était posée sur la table. Il me jeta un regard peu amène. Il m’en voulait toujours.
    « Où est Joan ? demandai-je.
    — Elle se repose avant de préparer le souper. Même les domestiques ont besoin de repos », dit-il d’un ton appuyé.
    Je m’assis en face de lui. « J’ai réfléchi à propos de Skelly. Je vais l’emmener chez Guy pour voir s’il peut lui prescrire des lunettes qui l’aideront à mieux voir. »
    Barak fixa sur moi son regard perçant. « Skelly n’a pas les moyens d’acheter des lunettes.
    — Je paierai.
    — Et si les

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