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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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conservé la formule chez eux.
    — Et vous voyez ce qui leur est arrivé. Non, tout doit être caché quelque part à l’extérieur.
    — Mais où, sinon dans une maison ? »
    Je me figeai. « Et si c’était dans un entrepôt ?
    — C’est possible. Mais il en existe des dizaines le long des berges de la Tamise.
    — Parmi les affaires que j’ai perdues, l’une concernait la vente d’un entrepôt près de Salt Wharf. À l’époque, je m’étais dit que la transaction semblait conduite au nom de mandataires. Je m’étais demandé qui pouvait vouloir garder secrète la propriété d’un entrepôt.
    — Mais n’est-ce pas Rich qui vous a enlevé ces affaires ? »
    Je restai un instant immobile, puis me précipitai dans mon cabinet. Skelly, qui taillait une plume, leva vers moi ses yeux myopes.
    « John, messire Godfrey est-il là ?
    — Non, monsieur, dit-il en secouant tristement la tête. Il comparaît à nouveau devant le comité.
    — Puis-je vous demander un service ? Vous savez que récemment on m’a retiré un certain nombre d’affaires. Pourriez-vous m’en dresser la liste de suite ? Avec les noms, l’objet, et les parties en présence.
    — Oui, monsieur.
    — Autre chose encore, dis-je en regardant ses yeux rouges. Je me demande si vous avez une aussi bonne vue qu’on pourrait l’espérer pour votre travail. » Devant son air terrifié, je me sentis aussitôt saisi de remords.
    « Peut-être pas, monsieur », murmura-t-il en se dandinant d’un pied sur l’autre.
    Je m’efforçai de parler d’un ton aimable. « J’ai un ami apothicaire qui fait des expériences sur des lunettes. Il cherche des volontaires pour les essayer. Si vous acceptiez d’aller le consulter, il pourrait vous aider à mieux y voir, et comme ce serait pour aider ses recherches il ne vous ferait rien payer. »
    Je vis l’espoir se peindre sur son visage.
    « J’irai bien volontiers, messire.
    — Tant mieux. Je vais lui en parler. Maintenant, allez me préparer cette liste. »
    Il partit au trot.
    « Pensez-vous que ce soit dans cet entrepôt que sont cachés le feu grégeois et l’appareil ? demanda Barak.
    — Ce n’est qu’une hypothèse, mais pourquoi pas ? Il faut suivre la piste. » Je regardai la mine sceptique de Barak. « À moins que vous n’ayez une meilleure idée. »
    Il hocha la tête. « À votre aise.
    — Je n’avais encore jamais entendu parler d’un entrepôt acheté par un prête-nom. C’est tellement inhabituel que cela m’est resté en mémoire. Et cela pourrait expliquer bien des choses.
    — Cela vaut toujours la peine d’essayer », dit Barak.
    Il était allé se poster devant la fenêtre ouverte et regardait au-dehors. « Qu’est-ce qui se passe là-bas ? » demanda-t-il.
    Je le rejoignis. Un groupe de personnes, domestiques, avocats et greffiers, s’était rassemblé autour d’un étudiant, un jeune gaillard trapu aux cheveux blonds, qui gesticulait avec une extrême nervosité au milieu de la foule, les yeux écarquillés. On eût dit que quelque chose lui avait tourné le sang. Je l’entendis dire : « C’est un assassinat. »
    Barak et moi échangeâmes un regard avant de sortir à la hâte et de nous frayer un chemin à travers la foule. Une fois près du jeune homme, je lui saisis le bras. « Que se passe-t-il, demandai-je. Qui a été assassiné ?
    — Je ne sais pas, messire. Je montais chasser le lapin à Coney Garth et, en traversant le verger, j’ai vu… un pied. Un pied chaussé, coupé net. Et du sang partout.
    — Accompagnez-nous là-bas », ordonnai-je. Après un instant d’hésitation, il se décida à nous conduire vers la grille qui menait au verger, sur le côté nord de Gatehouse Court. Quelques badauds nous suivirent, curieux comme des belettes.
    « Restez là, déclarai-je. C’est une enquête officielle. » Ils grommelèrent, mais restèrent à la porte du verger empli de pommiers et de poiriers. L’étudiant passa devant nous sous les arbres.
    « Comment vous appelez-vous, l’ami ? demandai-je.
    — Francis Gregory, messire. Je suis sorti de bonne heure ce matin car je voulais attraper des lapins pour le dîner, mais, quand j’ai vu le… la chose, j’ai pris mes jambes à mon cou et je suis revenu. »
    Je scrutai son visage. Il avait l’air assez benêt et fort effrayé.
    « Calmez-vous, Francis. Vous n’avez rien à craindre. Il se trouve qu’un homme a disparu, et que nous avons reçu l’ordre de le retrouver. »
    Au milieu du verger,

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