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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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géant pendu au plafond, vous vous en souvenez ?
    — Minute ! fit-il en levant une main. Vous allez trop vite pour moi. Qu’est-ce que l’os du géant vient faire dans cette histoire ?
    — Le tavernier a laissé tomber une remarque qui m’a fait réfléchir. Il a dit : J’aurais préféré avoir le squelette entier, mais cet os à lui tout seul attire les curieux, et c’est bon pour le commerce. Vous voyez, jusqu’à présent, j’ai eu l’esprit trop occupé, c’est pourquoi je n’ai pas établi le lien entre l’affaire Bealknap et Richard Rich. Nous nous sommes toujours demandé pourquoi, après la découverte du feu grégeois, les Gristwood avaient attendu six mois pour alerter Cromwell. Surtout si, comme l’affirmait Bathsheba, ils complotaient contre lui depuis le début.
    — Le fait est.
    — Dès le moment où ils sont tombés par hasard sur le feu grégeois à St Bartholomew, les Gristwood ont su que c’était une découverte très importante. Et susceptible d’être profitable. Michael Gristwood travaillait aux Augmentations, et il devait savoir que la faction hostile à Cromwell grossissait.
    — Tout le monde le sait.
    — Alors, je pense qu’ils ont décidé de proposer le feu grégeois à un membre de la faction antiréformiste, afin qu’il le montre au roi, ce qui était le moyen d’assurer leur propre avancement. Là encore, tout le monde connaît l’intérêt que le roi porte aux armes. Les Gristwood ont sans doute jugé plus sage d’entrer dans les bonnes grâces de la faction montante.
    — Qui est donc ce quelqu’un ? demanda Barak, gagné par la fièvre. Marchamount ? C’est un protégé de Norfolk, le plus grand ennemi de Cromwell.
    — C’est possible. Mais, comme employé aux Augmentations, Michael Gristwood avait accès à Rich, dont Cromwell dit qu’il complote aussi. Ce qui les remet sur notre liste, Bealknap et lui.
    — Dans ce cas, il faut y rajouter lady Honor également. Elle n’est pas dans le camp de la Réforme.
    — Soit. Pour les besoins de la discussion. Toujours est-il que les Gristwood sont allés voir cette personne, que nous appellerons pour l’instant l’ennemi de Cromwell. Ils ont pris avec eux le baril, la formule, et ont promis de fabriquer du feu grégeois. Toky et Wright leur ont été adjoints pour les aider, et probablement pour les surveiller aussi.
    — Oui, c’est vraisemblable.
    — Donc, pendant six mois, ils essaient de fabriquer du feu grégeois. Toutefois, la substance ne ressemble à aucune autre connue, et la formule préconise peut-être l’emploi d’un élément qui leur manque. Je me suis demandé il y a quelque temps pourquoi les Romains, qui avaient connaissance de quelque chosed’analogue au feu grégeois, n’en ont pas fait une arme. Les Byzantins avaient accès à des sources et des gisements de substances situés bien au-delà de Jérusalem, pas les Romains. Et nous non plus, nous n’avons pas accès à ces substances inconnues. »
    Barak me regardait, les yeux écarquillés par l’excitation. « Qui étaient essentielles à la fabrication du feu grégeois ? »
    Je hochai la tête. « J’imagine que Michael et Sepultus ont suivi toutes sortes de pistes, comme celle de la boisson polonaise, et ont fait toutes sortes d’expériences, se sentant de plus en plus aux abois.
    — Parce qu’ils étaient incapables de fabriquer du feu grégeois bien que possédant la formule ?
    — Tout juste. Et cela a dû être une déception affreuse pour eux comme pour leur maître de voir leur échapper cette occasion d’acquérir un tel pouvoir et une telle richesse. N’oubliez pas qu’avec l’aide de Leighton, le fondeur, ils avaient réussi à construire l’appareil utilisé pour projeter le feu grégeois, et qu’ils l’avaient expérimenté dans sa cour en l’alimentant avec la substance contenue dans le baril. Ils savaient que cela marchait. À la déception devait s’ajouter la colère à mesure que passait l’hiver et que Cromwell se trouvait en position de plus en plus précaire à cause du mariage avec Anne de Clèves.
    — Ainsi, lors de leurs démonstrations, ils ont utilisé tout le contenu du baril ?
    — Sans doute. Ou presque tout.
    — Oui, parce que, dans ce réservoir, il devait y avoir presque un demi-baril, même s’il n’était que partiellement rempli.
    — J’imagine qu’en mars l’ennemi de Cromwell a commencé à s’impatienter contre les Gristwood. Peut-être qu’avec un meilleur

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