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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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dans l’herbe, nous découvrîmes un désordre macabre. Un vaste espace était couvert d’un sang noirâtre et gluant d’aspect. Une branche d’arbre avait été coupée, dans le tronc duquel s’ouvrait une grande entaille. La marque d’une hache, l’arme favorite de Wright. Et près du tronc gisait une chaussure, d’où sortaient quelques centimètres de chair blanche.
    Je m’aventurai sur le sol imbibé de sang pour examiner le pied coupé. À la vue de la chair exposée et de l’os blanc de la cheville, mon estomac chavira. Cette extrémité avait été tranchée comme un vulgaire pied de cochon. Des mouches bourdonnaient autour.
    « C’est une chaussure de gentilhomme, fit remarquer Barak.
    — Oui. » Apercevant autre chose dans l’herbe, j’écartai les tiges à l’aide de ma dague. Alors, j’eus un sursaut de dégoût et me redressai. Trois doigts d’une main d’homme gisaient là, tranchés comme le pied. De petits poils noirs ressortaient sur la peau cireuse, et sur l’un des doigts brillait une grosse bague ornée d’une émeraude.
    « Qu’est-ce que vous avez vu ? » cria Barak, qui s’approcha. J’avais rassemblé mon courage et m’apprêtais à ramasser le doigt, mais mon compagnon le fit sans battre un cil. « La bague de Marchamount », dis-je à voix basse pour que l’étudiant n’entende pas. Au reste, il ne s’était pas aventuré sur l’herbe trempée de sang.
    « Peste ! souffla Barak.
    — Il devait avoir rendez-vous ici, et on l’a attaqué à la hache.
    — Toky et Wright.
    — Oui. Quand il s’est débattu pour s’enfuir, ils lui ont sans doute coupé le pied pour le faire tomber. Puis il a essayé de se défendre avec les mains. Pauvre Marchamount.
    — Mais pourquoi avoir pris le corps en laissant ces restes ?
    — Ils n’ont peut-être pas songé à la bague. S’il faisait nuit, sans doute n’ont-ils pas remarqué ce qu’il portait à son doigt.
    — Je croyais que chez vous les gardiens faisaient des rondes pour assurer la sécurité des hommes de loi et de leur or.
    — Seulement dans les bâtiments des collèges, pas dans les jardins ni les vergers. On peut entrer ici en escaladant le mur de Lincoln’s Inn Fields. »
    Le dos tourné à l’étudiant, Barak sépara la bague du doigt coupé, la glissa dans sa poche, et laissa le doigt retomber dans l’herbe. Nous rejoignîmes le jeune homme.
    « Il n’y a pas moyen de savoir qui c’est, dis-je. Il faudra signaler cela aux autorités. Vous pouvez partir à présent. »
    Il ne se le fit pas dire deux fois. Barak et moi rentrâmes, plus lentement.
    « Ainsi Marchamount avait bel et bien partie liée avec Toky et Wright dans cette affaire ! dit Barak.
    — Il semble que oui. Peut-être craignait-il que je ne le fasse mander par Cromwell et en a-t-il parlé à son maître. Qui a décidé de le faire taire. » Je me figeai sur place. « Morbleu ! il aurait dû se douter du risque qu’il courait, avec tous ceux qui ont déjà été réduits au silence : les frères Gristwood, le fondeur, Bathsheba et son frère, le garde. Et maintenant, lui.
    — C’était peut-être lui, l’âme du complot, dit Barak.
    — Comment ?
    — Qui sait s’il n’a pas mené toute l’affaire avec Toky et Wright. Seulement, quand il leur a dit que la situation devenait critique, ils ont décidé de le tuer et de filer avec le feu grégeois.
    — Vous avez peut-être raison. Dans ce cas, c’est sur ses deux complices qu’il nous faut mettre la main.
    — Toky n’est pas né de la dernière pluie. Une éducation chez les moines et plusieurs années dans l’armée. Il serait capable de vendre le feu grégeois au plus offrant. À une puissance étrangère, même.
    — Mais où sont-ils, ces deux-là ? Où ont-ils emmené le corps de Marchamount ? Où sont la formule et l’appareil ? Allons, venez, retournons voir si Skelly a fini sa liste. »
    Lorsque nous arrivâmes dans la cour, le jeune Gregory, au centre d’un attroupement, était en train de relater à son auditoire ce que nous avions trouvé.
    « On ne tardera pas à faire le lien avec la disparition de Marchamount. Ils ne pourront pas prouver qu’il s’agit de lui. Pas sans sa bague. » J’aperçus Bealknap en retrait de la foule, les yeux écarquillés, et je me demandai s’il avait deviné le nom de la victime.
    De retour dans mon cabinet, nous trouvâmes Skelly qui nous attendait, une feuille à la main.
    « C’est fait, messire.
    — Je vous remercie. » Je la

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