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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Le ciel va encore se gausser de nous en nous accordant vingt minutes de pluie comme la dernière fois », dit Barak.
    Le soir du banquet, je m’en souvenais.
    En rentrant à la maison, j’avais trouvé un bref message de lady Honor : Merci du soin que vous prenez de ma sécurité. Je suis toujours vigilante. Je l’avais mis dans mon gousset avec un sourire. Je soupirai, me demandant si mon hypothèse concernant l’entrepôt se vérifierait. Elle nous avait certainement donné un regain d’énergie, à Barak et à moi. Mais c’était faute de mieux.
    Nous remontâmes Warwick Street en longeant la cathédrale normande, qui dressait sa masse imposante. Au-dessus de nous circulaient de petits points sur l’immense toit plat de l’édifice, sous la flèche de bois géante. Les Londoniens se plaisaient à aller s’y promener pour jouir du panorama sur la ville et, par temps chaud, il y avait foule. Comme le fleuve, ce toit était un endroit où l’on pouvait trouver un peu d’air et échapper aux odeurs de la Cité.
    « Pourvu que notre entretien avec Rich soit fructueux, dit Barak. Il ne reste que deux jours et les ennemis de mon maître sont partout, prêts à fondre sur lui.
    — L’affaire de l’entrepôt m’a été retirée à la fin du mois de mai. Les formalités de la cession sont presque terminées.
    — Qui aurait pu savoir à l’époque que vous étiez chargé de l’affaire ?
    — Toky et Wright ont pu nous espionner depuis le premier jour, depuis notre visite chez les Gristwood. Et ils ont pu dire à leur maître que l’on m’avait mandé là-bas. Cependant…
    — Quoi donc ?
    — Ils ont toujours eu une longueur d’avance sur nous. Comme si quelqu’un de proche les informait de nos moindres mouvements. Mais qui ? » Il ricana. « Joan Woode ?
    — Assurément, oui !
    — Qui d’autre avons-nous côtoyé régulièrement depuis le début ? dit-il, sourcils froncés. Il n’y a que Joseph.
    — C’est un espion à peu près aussi plausible que Joan. De surcroît, il est partisan de Cromwell.
    — Mais le comte n’a parlé de cette affaire à personne d’autre qu’à Grey. Qui est à son service depuis plus longtemps que Joan au vôtre. Et c’est un réformateur convaincu.
    — Alors je suis peut-être le jouet de mon imagination. »
    Je m’épongeai le front. L’air était vraiment moite. Je me tournai vers Barak. « Je dois aller rendre visite aux Wentworth aujourd’hui et les informer de ce que nous avons découvert. Vous viendrez avec moi ? Je pressens du danger.
    — Oui, je viendrai, si je ne suis pas pressé par le temps. »
    Le soulagement m’envahit. « Je vous en sais gré, Barak. » Il hocha la tête, l’air grognon, mal à l’aise comme toujours quand on le remerciait. « Si nous trouvons Rich, dit-il, ne semblez pas accorder trop d’attention à l’entrepôt. Il se peut qu’il l’ait ajouté à la liste pour que vous ne vous en approchiez pas de trop près.
    — Je sais. C’est pourquoi j’ai demandé à Skelly de rajouter deux affaires qu’on ne m’a pas enlevées. J’entends demander à Rich lesquelles il m’a retirées, et observer sa réaction.
    — Il pourrait mentir…
    — Certes. Il est maître dans l’art de la dissimulation, et en remontrerait à un avocat. Et il est assez impitoyable quand il s’agit d’écraser comme une mouche quiconque se met en travers de son chemin. » Je me mordis la lèvre. Il me faudrait de l’audace pour affronter Richard Rich, membre du Conseil privé et, à ce jour, soupçonné d’assassinats.
    « Mais s’il vous donne la preuve que ce n’est pas lui qui vous a retiré l’affaire de l’entrepôt ?
    — Alors il faudra chercher ailleurs. Quoi qu’il en soit, nous irons aujourd’hui. » Et, dans le cas où nous trouverions du feu grégeois, que faire si Barak voulait l’apporter à Cromwell ? Nous étions arrivés juste sous la cathédrale, dont l’énorme silhouettecachait le ciel. « Venez, dis-je. Nous laisserons nos chevaux dans cette auberge. »
    Après les avoir conduits à l’écurie, nous passâmes sous le porche qui donnait accès au cimetière. Je m’attendais à voir une grande foule autour de St Paul’s Cross, où prêchaient les prédicateurs depuis toujours. Or la cour pavée était déserte, à l’exception de rares personnes qui attendaient en bas des escaliers menant au toit. Deux fleuristes qui se tenaient à côté de la porte faisaient de bonnes affaires en vendant des bouquets ronds.

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