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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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la porte, l’allure nonchalante. Dans le fond de la cathédrale, du côtéopposé, on entendait encore les inflexions de Cranmer et sa voix lointaine.
    Quand nous atteignîmes le pilier, Barak dégaina, vif comme un chat, et le contourna prestement. J’entendis le bruit sec du métal entrechoqué. Wright avait dû dégainer lui aussi. Il attendait là pour nous assassiner.
    Je contournai le pilier et vis Barak aux prises avec notre homme, épée contre épée. Ils tournoyaient. Pour un homme de sa corpulence, Wright se mouvait avec souplesse et vivacité. Tout autour de nous, les gens s’immobilisaient et s’aplatissaient contre le mur. Une femme hurla.
    Je tirai ma dague. Wright ne m’avait pas encore vu. Si je pouvais le frapper au bras ou à la jambe et le mettre hors de combat, nous pourrions le capturer. Jamais encore je n’avais attaqué un homme de sang-froid, mais j’avais l’esprit clair, tous les nerfs en alerte et ma peur s’était dissipée. Je fis un pas en avant. Wright m’entendit et se retourna, tout en parant un coup de Barak. Il avait la même expression qu’au prieuré : inhumaine, bestiale. À ceci près que, maintenant, il ne songeait qu’à fuir et non plus à tuer.
    Après un bond de côté, il détala dans la nef. Son épée renvoya en passant l’éclat des vitraux. « Peste ! s’écria Barak. Venez ! » Il fila aux trousses de Wright et je le suivis, courant aussi vite que je le pouvais dans St Paul’s Walk. Wright s’était arrêté, car une famille au grand complet se dirigeait vers la porte d’accès au toit, lui barrant la route. Même s’il essayait de se frayer un chemin à coups d’épée, Barak aurait le temps de le rattraper et de l’abattre.
    Wright contourna la famille et courut vers la porte. Un couple âgé venait d’atteindre le bas de l’escalier. La femme poussa un hurlement quand Wright la bouscula pour passer et se mit à grimper les degrés quatre à quatre, talonné par Barak. Je les suivis, ma robe tourbillonnant autour de moi. Lorsque j’arrivai en haut des marches, j’étais hors d’haleine, j’avais la gorge en feu comme après l’incendie. Je crus une seconde sentir l’odeur de la fumée. Devant moi s’ouvrait la porte donnant sur le toit, qui découpait un rectangle de ciel.
    Je montai à la course les dernières marches. Le vent, plus fort et plus frais qu’en bas, cingla mon visage brûlant. Devant moi se trouvaient le vaste toit plat et l’immense flèche qui dressait dans le ciel ses cinq cents pieds. Au-delà du parapet, je vis tout Londres étalé à mes pieds, le fleuve sinueux comme un long serpent et des nuages gris sombre au-dessus de nos têtes. Des promeneurs apeurés se tapirent contre le petit parapet, l’œil fixé sur Barak. L’épéedressée, il avait acculé Wright le dos à la flèche et tournait autour de lui. Wright avait pour lui sa taille et sa vivacité, mais Barak était plus jeune et plus leste. Je me précipitai à ses côtés, me plaçant entre la porte et Wright et tenant ma dague hors de portée de l’épée de ce dernier. Derrière moi, les gens se mirent à courir vers la porte.
    Un sourire moqueur apparut sur le visage de Barak. De la main, il fit signe à Wright de venir plus près.
    « Allons grosse brute, c’est fini, maintenant. Tu n’aurais pas dû laisser ton ami Toky à la niche. Lâche ton épée et viens ici gentiment. On ne veut pas te tuer, juste te poser quelques questions auxquelles lord Cromwell souhaite avoir une réponse. Si tu lui réponds bien, il fera de toi un homme riche.
    — Un homme mort, oui », répondit Wright d’une voix grave et sourde. Ses yeux se déplaçaient, indiquant l’agitation de son esprit. Il se demandait visiblement si, en me bousculant, il pourrait atteindre la porte. Mon estomac se serra à cette idée, mais j’étais résolu coûte que coûte à ne pas le laisser s’enfuir. Je me campai fermement sur mes jambes. Wright lut ma détermination sur mon visage, et ses yeux allèrent de Barak à moi comme ceux d’un animal aux abois. Il se savait pris au piège.
    « Allons, reprit Barak, si tu dis tout à lord Cromwell, on t’épargnera le chevalet, qu’en penses-tu ? »
    Alors, d’un bond, Wright s’écarta de la flèche. Pas dans ma direction ni dans celle de Barak, mais vers le centre du toit. Ce mouvement nous surprit. Barak se précipita à sa suite. J’en fis autant, l’aidant à rabattre le colosse vers le parapet, pour lui couper la retraite

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