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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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bureau. Barak regardait par la fenêtre, la mine sombre. J’éprouvai une bouffée d’irritation contre Cromwell, qui nous tenait ainsi dans l’expectative. Mais Barak avait raison : nous étions du menu fretin.
    « Voici l’autre gueux », dit-il en désignant du menton Stephen Bealknap, qui traversait la cour carrée. Il paraissait tendu, le cou rentré dans ses épaules étroites. Il sursauta en entendant un bruit et jeta un regard craintif autour de lui. Je me mis à rire et dis : « Mettons fin à son tourment. »
    Barak m’accompagna dans la cour. Dès qu’il nous vit, Bealknap se hâta de nous rejoindre. « Mon cher confrère, avez-vous des nouvelles ? » Les yeux pâles du coquin étaient suppliants.
    « Vous n’avez plus rien à craindre, Bealknap, répondis-je en souriant. L’affaire du feu grégeois est réglée. »
    Ses épaules se détendirent et il poussa un soupir de soulagement. « Que s’est-il passé ? demanda-t-il, avec un regain de curiosité. Qui était derrière tout cela ? Le comte Cromwell est-il en possession du feu grégeois ?
    — Cela reste confidentiel, cher confrère, dis-je en levant une main. Tout ce que je puis vous dire, c’est que vous pouvez recommencer à vaquer à vos affaires en toute tranquillité. »
    Ses yeux se plissèrent. « Et l’affaire concernant mes propriétés ? Vous y renoncerez sans doute, maintenant que vous connaissez l’intérêt que porte sir Richard à cette question ? » Force m’était de constater qu’une minute avait suffi pour que les instincts prédateurs de Bealknap reprennent le dessus.
    « Eh bien ! non. Je suis toujours mandaté par le Conseil de la Cité. J’irai donc devant la cour de la chancellerie. »
    Je comptais bien que Cromwell ne m’en empêcherait pas. Il m’était trop largement redevable.
    Bealknap se redressa, les sourcils froncés. « Eh quoi, vous traîneriez un confrère devant le tribunal ! C’est tout à fait indigne, et soyez sûr que je le ferai savoir. Vous ne pouvez agir ainsi, Shardlake. Le système est fort avantageux pour nous et il y a beaucoup d’or à gagner avec peu d’effort si l’on choisit la voie facile. »
    Je pensai à ces taudis, à ceux qui étaient forcés de se servir de cette fosse puante, aux maisons du voisinage en butte à cette nuisance, et à tous les logis semblables qui commençaient à foisonner dans Londres, poussant sur les restes des anciens monastères.
    « Vous êtes un enfant du péché et de la mort, Bealknap, dis-je. Et je me battrai contre vous avec tous les moyens dont je dispose. »
    Je me retournai en sentant Barak me donner un coup de coude. Un homme qui venait de passer le grand porche accourait vers nous, le visage congestionné. C’était Joseph. Il hoquetait et était hors d’haleine. J’eus un moment d’angoisse terrible.
    « Elizabeth ? » demandai-je.
    Il secoua la tête. « Elle est en sécurité chez moi. Mais j’ai entendu une nouvelle…
    — Quoi donc ?
    — Le comte Cromwell est tombé !
    — Quoi !
    — On vient de l’annoncer. Il a été arrêté à la table du Conseil de bonne heure ce matin, pour crime d’État. On l’a emmené à la Tour. Il paraît que ses biens ont été saisis. Vous savez ce que cela signifie.
    — La mise hors la loi ! » m’exclamai-je. J’avais les lèvres engourdies et comme exsangues. « Il sera condamné sans être jugé.
    — On dit que le duc de Norfolk lui-même lui a arraché son collier de l’ordre de la Jarretière. Arrêté à la table du Conseil ! Ainsi que tous ses collaborateurs et amis, Wyatt en tête ! »
    Je pris Joseph par l’épaule et l’emmenai à l’écart. Bealknap, dont les yeux lui sortaient de la tête, resta là un moment, puis tourna les talons et se dirigea vers la Grande Salle pour répandre la nouvelle.
    « Je me suis dit qu’il fallait que vous soyez informé sans délai, messire, reprit Joseph. Après ce que vous m’avez confié ce matin, j’ai pensé… que vous seriez peut-être en danger. »
    Je me tournai vers Barak. « Mais notre message, alors ? Grey a dit qu’il l’avait transmis… C’est Norfolk qui aurait dû être arrêté…
    — Messire Grey ? dit Joseph. Le secrétaire du comte ?
    — Oui. Qu’est-il devenu ?
    — On prétend qu’il a tourné casaque et témoigné contre le comte. Comme la moitié de ses gens. Et au Conseil, personne ne s’est levé pour le défendre. Pas même Cranmer. » Il serra les poings. « Les scélérats !
    — Grey ! souffla Barak. La

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