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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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que je devais arrêter. » Je m’abstins de répondre.
    La porte s’ouvrit à nouveau et un homme grand et mince entra dans la pièce, en qui je reconnus le magistrat Parsloe. En temps ordinaire, il était jovial et content de lui, mais, en l’occurrence, il avait la mine sombre. Il salua, puis se tourna vers Joseph. « Messire Wentworth, je pense que vous devriez aller retrouver votre frère. »
    Joseph se leva avec empressement. « Je m’apprêtais à le faire, messire. A-t-il demandé après moi ? »
    Parsloe hésita. « Non, mais je pense qu’il ne doit pas rester seul. » Il me regarda et poursuivit : « Messire Shardlake, je suis content de vous voir sain et sauf. Lorsque je suis arrivé ici après que le constable m’a fait mander, c’est une scène de désolation qui s’est offerte à ma vue.
    — Je le conçois. Avez-vous interrogé sir Edwin ?
    — Oui. Il affirme tout ignorer des agissements des siens. Je le crois. C’est un homme accablé par le malheur. Tout de même, je trouve fort étrange que la vieille femme ait entretenu un pareil commerce avec un simple majordome.
    — Needler lui faisait office d’yeux, elle le disait elle-même. Elle avait besoin de lui et était vulnérable, sur ce point, à tout le moins.
    — Nous avons trouvé ceci dans la cave, dit Parsloe en me tendant une petite fiole. Votre ami apothicaire dit qu’il s’agit de belladone, très concentrée. »
    Je lui rendis la fiole en réprimant un haut-le-cœur.
    « Pouvez-vous venir demain à l’Old Bailey ? Elizabeth Wentworth comparaît à nouveau devant le juge Forbizer. Il serait fort utile d’avoir votre témoignage.
    — Volontiers, messire. Pensez-vous qu’elle acceptera de parler ?
    — Je le pense. » Je regardai Barak du coin de l’œil. « Maintenant que les faits sont reconnus, il n’y aura plus de martyre pour elle, qu’elle le veuille ou non. » Je me tournai vers Joseph. « Pouvez-vous aussi vous présenter au tribunal demain à dix heures ? Ainsi, Elizabeth pourra être commise à votre garde.
    — Comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait, messire ? »
    Nous le suivîmes jusqu’à la porte. De l’autre côté du couloir, une porte s’ouvrait sur une chambre confortable. Sir Edwin était assis dans un fauteuil près du lit, immobile comme une statue, le visage blême et bouffi. Joseph frappa sur le battant ouvert et entra. Son frère leva des yeux dans lesquels nulle vie ne brillait. Joseph s’assit sur le lit près de lui et voulut lui prendre la main, mais sir Edwin eut un mouvement de recul.
    « Allons, Edwin, dit Joseph avec douceur, je suis là et je t’aiderai de tout mon cœur. » Il tendit à nouveau la main et, cette fois, Edwin ne lui retira pas la sienne.
    « Allons-nous-en, Barak », dis-je à mi-voix, lui donnant un coup de coude pour lui indiquer la porte.
    Nous rentrâmes à Chancery Lane. Malgré mes vertiges, je préparai une déposition pour Forbizer et demandai à Barak, qui n’était guère plus vaillant que moi, d’en faire autant. En lisant ce qu’il avait écrit, je fus étonné de la fluidité et de la précision de son style. Les moines lui avaient donné une bonne instruction et, assurément, il avait écrit beaucoup de rapports pour Cromwell. Après quoi, Joan nous servit à dîner et, pour la seconde nuit consécutive, sitôt couchés, nous sombrâmes dans un sommeil de plomb.
    Le lendemain matin, nous n’avions toujours aucune nouvelle de Cromwell. Nous étions le dix juin, le jour du jugement. Pendant que nous déjeunions, je regardai par la fenêtre. Le temps était encore nuageux et un peu brumeux. La démonstration devant le roi aurait dû avoir lieu aujourd’hui. Le feu grégeois aurait offert un spectacle de choix par un matin aussi gris et aussi humide.
    « Il est l’heure de partir, m’annonça Barak.
    — Oui. Je ne veux pas être en retard, aujourd’hui moins que jamais. »
    À l’Old Bailey, tout était prêt. Parsloe, le constable et trois domestiques des Wentworth, la mine inquiète, attendaient dans le vestibule. Parsloe avait une série de déclarations à me montrer. À côté de lui se tenait Joseph, encore pâle, mais l’air plus calme que la veille. Pour lui, c’était assurément une victoire à la Pyrrhus. Je lui pris le bras.
    « Êtes-vous prêt, Joseph ?
    — Oui. Edwin n’a pu venir. Il est fort affecté.
    — Je le conçois aisément. Et comme il n’était pas chez lui hier au moment des faits, il ne peut être

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