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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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interrogé en tant que témoin direct.
    — Je l’ai veillé cette nuit. Je pense qu’il cessera de m’en vouloir. Il ne lui reste plus que moi maintenant.
    — Il ne saurait avoir meilleur soutien, dis-je.
    — Je vais m’employer à le convaincre de revenir à la ferme avec moi. J’y retournerai avec Elizabeth. C’est un lieu qui leur est familier à tous deux, et ils n’y ont pas de mauvais souvenirs.
    — Vous avez raison. Et sans doute est-il préférable pour eux de quitter Londres. Les pamphlétaires aiguiseront leurs plumes lorsque la nouvelle sera connue. La peste soit de leur cruauté et de leurs sarcasmes. » Je me tournai vers Parsloe. « Passons-nous en audience publique avec les autres affaires ?
    — Non, dit-il en secouant la tête. J’ai vu le juge. Comme il s’agit simplement de remettre Elizabeth en liberté, il nous recevra dans son bureau dès que nous serons au complet. »
    Je rassemblai mon courage : « Alors, finissons-en. Voici son greffier. » Je regardai le petit assistant grassouillet de Forbizer aller et venir, affairé. Je me souvenais du jour où il m’avait informé que le juge avait changé d’avis. C’était juste avant que Barak ne fasse irruption dans mon existence.
    Parsloe, Joseph et Barak m’accompagnèrent dans le bureau du juge. Il faisait froid ce matin, et un feu avait été allumé. Forbizer, déjà vêtu de son ample robe rouge, était assis derrière un bureau où s’empilaient des papiers soigneusement rangés. Il nous dévisagea froidement. Ses yeux s’attardèrent un moment sur Barak, puis il tendit la main et claqua des doigts.
    « Les dépositions. »
    Je les lui donnai. Forbizer les lut, impassible. Il s’arrêta de temps à autre, fronçant les sourcils pour vérifier un détail. C’était de la comédie, je le savais. Il connaissait déjà toute l’histoire par Parsloe et ne pouvait que relâcher Elizabeth. Enfin, il reposa les papiers, les aligna méticuleusement, et grogna : « Ainsi donc elle était innocente.
    — Oui.
    — Malgré tout, elle aurait dû subir la presse, dit-il glacial. C’est la sentence de rigueur pour ceux qui refusent de parler. C’eût été justice. » Il caressa sa barbe grise, la mine pensive. « Je me demande si je ne devrais pas la condamner à passer encore quelque temps dans la basse-fosse pour outrage à magistrat. » Il regarda Joseph, que je vis pâlir. Je ne pus m’empêcher de froncerles sourcils : c’était là une cruauté gratuite, une façon de se venger de la pression que Barak avait exercée sur lui. « Mais la séance de ce matin est déjà suffisamment remplie sans que je fasse à nouveau comparaître cette fille, reprit-il avec un haussement d’épaules. Je la relaxe donc. Du moins jusqu’au procès de sa famille, car il faudra qu’elle vienne y témoigner.
    — Je vous remercie, Votre Honneur », dis-je.
    Forbizer tira une feuille vers lui. Je vis qu’un ordre de levée d’écrou avait été préparé, qu’il signa, la lèvre retroussée sur sa barbe. C’était là son habituelle mimique de mépris, fort déplaisante. Puis il poussa la feuille vers moi sur la table.
    « Voilà, mon cher confrère. » Mais quand je tendis la main pour la prendre, il posa deux doigts dessus. Levant les yeux, je croisai son regard, froid et hostile.
    « Que je ne vous trouve plus en travers de mon chemin, Shardlake. Sinon, malgré toutes vos protections politiques, je ferai de votre vie un véritable enfer. » Il releva les doigts. Je pris l’ordre, me levai et saluai. Nous sortîmes tous à la file, en silence.
    Au-dehors, Parsloe secoua la tête avec perplexité. « On aurait pu croire qu’il serait content de voir une injustice réparée et une jeune fille sauvée d’une mort cruelle. Quel être imprévisible !
    — Le méchant gueux était fâché qu’on lui ait forcé la main, dit Barak.
    — Forcé la main ? répéta Parsloe. Et qu’a-t-il voulu dire par “vos protections politiques” ?
    — Dieu seul le sait, répliquai-je, m’empressant de glisser sur la question. Je vous suis très reconnaissant de votre concours, messire Parsloe. Nous ne voulons pas vous retenir. »
    Le magistrat s’éloigna et je lançai à Barak un regard sévère.
    « Vous avez failli me mettre en fâcheuse posture à l’instant. Il n’y a pas plus grand bavard que Parsloe, et si vous lui aviez dit que Cromwell était intervenu pour sauver Elizabeth, l’histoire serait demain criée par toute la ville et distribuée

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