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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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qui sont protégées par le secret de la confession. Le père Jean m’en a fait part hier soir, sous le sceau une nouvelle fois de la confession. Je suis donc tout aussi lié que lui par mon serment de prêtre. Je peux simplement affirmer que les confidences qu’Annaïg a faites au curé de Concoret étaient suffisamment graves pour la pousser à commettre un acte désespéré ou pour justifier son élimination aux yeux d’autrui. Comprends-tu, Loïc ?
    Le charbonnier hocha la tête d’un air penaud.
    – Si tu sais quelque chose, si tu as entendu Annaïg parler à quelqu’un, tu dois à tout prix me le dire. Je pourrai alors agir, car je ne ferai que me référer à ton témoignage, sans trahir mon vœu.
    Loïc demeura un instant silencieux, les yeux baissés, réfléchissant aux conséquences que pourraient avoir ses paroles. Puis il se décida enfin et redressa la tête.
    – J’étais au lavoir, cette nuit-là… Annaïg y était aussi. Elle attendait quelqu’un. Je n’ai pas osé me montrer ni m’enfuir. J’ai attendu aussi. C’est alors qu’il est venu la rejoindre. Philippe de Montfort. Ça, je l’ai dit aux gendarmes.
    – Oui, je suis au courant. Tu as dit aussi qu’il ne s’était pas attardé et qu’il était presque aussitôt reparti à cheval, c’est bien exact ?
    – Oui, mon père.
    – Mais même si leur entretien a été bref, ils ont bien échangé quelques paroles, n’est-ce pas ? Et ces paroles, tu les as entendues…
    – Oui, j’ai tout entendu, avoua Loïc. J’ai menti aux gendarmes en leur disant que j’étais trop loin. Je connais le secret d’Annaïg, celui qu’elle a dû dire au père Jean.
    – Ne parle que si tu es sûr de toi, Loïc. Songe qu’il peut y aller de l’honneur et de la vie d’un homme.
    – J’en suis sûr ! s’écria Loïc. Et si je n’ai rien dit, c’est justement parce que je ne voulais pas accuser Philippe, qui est un ami de Gwenn.
    Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge. Il était encore partagé entre sa volonté de justice, qui le poussait à dire toute la vérité sur les circonstances exactes du drame, et son désir de préserver la mémoire d’Annaïg et la réputation de l’ami d’enfance de Gwenn.
    – Si cela peut lever tes derniers scrupules, sache que Philippe a nié formellement être venu au doué cette nuit-là pour y rejoindre Annaïg. Et son alibi a été confirmé par sa famille, son père, sa mère et même sa fiancée…
    – Sa fiancée ? s’étonna Loïc. Mais c’est impossible ! Il ne peut avoir de fiancée ! Annaïg était amoureuse de lui. C’est elle qu’il aurait dû épouser. Surtout lorsqu’elle lui a révélé que…
    Il s’interrompit brusquement. Mais il était trop tard. Le reste de la phrase sortit tout seul.
    – … qu’elle attendait un enfant de lui.
    L’abbé Guilloux ferma les yeux, le front barré de plis profonds.
    – C’est ce qu’elle lui a dit, n’est-ce pas ? Tu l’as clairement entendu, Loïc ?
    Le charbonnier hocha la tête en silence.
    – Ton témoignage est extrêmement important, car il confirme ce que je craignais. Si Philippe était au courant des conséquences de sa liaison avec Annaïg, alors même que sa fiancée vivait sous son propre toit, il a pu s’affoler et chercher à se débarrasser d’une maîtresse encombrante. Le fait qu’il ait dissimulé aux gendarmes sa paternité et sa rencontre avec Annaïg cette nuit-là ne fait que renforcer les soupçons qui pèsent sur lui. Et si ses proches n’ont pas hésité à faire un faux témoignage, c’est qu’ils le croient eux aussi coupable mais veulent préserver l’honneur du clan. Ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont pas besoin de mentir.
    Loïc semblait navré, comme s’il était lui-même la cause de la mauvaise posture dans laquelle se trouvait le jeune aristocrate.
    – Je… Je ne voulais pas qu’il lui arrive du mal. C’est pour cela que je me suis tu.
    – Loïc, ta candeur est admirable, mais elle pourrait te perdre, le reprit l’abbé Guilloux avec un bon sourire. Ne t’es-tu pas demandé pour quelle raison les Allemands ont subitement eu l’idée de mettre ta tête à prix et de te chasser comme un vulgaire gibier ?
    – Euh… non, avoua le bossu.
    – La veille du jour où les affiches te présentant comme un terroriste dangereux ont été placardées sur les murs deConcoret par l’armée allemande, le major du centre aéronautique du Point-Clos dînait

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