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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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répondit le garde forestier.
    – Pourquoi pas maintenant ? réagit Gwenn en se cabrant de nouveau. Si le temps est venu, pourquoi attendre ?
    – Le temps est presque venu, Gwenn. Je te demande encore un peu de patience. Cela ne sera pas long.
    – De la patience ? explosa Gwenn. Je n’en ai pas eu, de la patience, depuis ma naissance ? J’ai besoin de savoir, tu comprends ?
    – Je comprends… Mais je dois auparavant régler la question de Philippe.
    Gwenn afficha un air interloqué.
    – Philippe ? Mais quel rapport entre Philippe et ma famille ? Je ne comprends plus rien, Yann. Quels sont ces mystères ?
    – Je ne peux rien te dire, se défendit le garde. Demain, peut-être, dans quelques jours au plus tard. Mais pas aujourd’hui. J’ai une démarche à accomplir avant. C’est pourquoi je dois me rendre à Mauron…
    La jeune femme dévisageait son père adoptif avec déception.
    – Tu n’as pas confiance en moi, c’est ça ? Tu ne m’estimes pas digne de ta confiance…
    Yann afficha un air peiné.
    – Comment peux-tu penser cela de moi, ma fille ? Tu as toute ma confiance, au contraire… Si je ne peux te parler aujourd’hui, c’est que tu es concernée malgré toi par toute cette affaire. Tout a commencé voici bien longtemps, avant ta naissance. Tes parents, Hubert, Dahud, moi-même…
    – Dahud ? s’écria Gwenn, de plus en plus étonnée. Elle est liée à cette histoire, elle aussi ?
    – Nous sommes tous liés, ne comprends-tu pas ? Ce qui arrive aujourd’hui n’est que la conséquence de ce qui s’est passé jadis. Toutes les actions sont imbriquées, enchaînées les unes aux autres, comme les branches d’un aubépinier.C’est pourquoi il serait inutile que je te dévoile une partie seulement de la vérité. Lorsque j’ouvrirai le coffre aux souvenirs, tout sera révélé.
    La jeune femme réfléchissait.
    – Est-ce que cela a quelque chose à voir avec les étranges paroles de Dahud, le jour de l’enterrement d’Annaïg ? Cette malédiction jetée par la fée de la fontaine… Ces cinq amis qui s’en allaient à Barenton pour y jeter des épilles … La première qui s’est piqué le doigt… Le second mort à la guerre. Le troisième qui s’est cassé la jambe… Le quatrième qui a vécu dans les bois… La cinquième qui lave le linge des morts… C’était vous ?
    – Maëlle délirait. Le poids du chagrin… Elle était comme folle. Elle ne savait plus ce qu’elle disait…
    – Elle a connu mes parents elle aussi. Elle les a connus comme toi et le baron les avez connus, n’est-ce pas ?
    Le garde forestier baissa la tête.
    – Oui, nous nous connaissions tous. Et tout a commencé là-bas, à Barenton, un beau et triste jour de mai. Je te raconterai tout, Gwenn, je te le jure. D’ici quelques jours, tous les secrets seront dévoilés.
    La jeune femme hocha la tête d’un air grave.
    – Bien, j’attendrai.

44
    Maître Le Bihan était calfeutré dans le bureau de sa petite étude de Mauron. Pour plus de discrétion, il avait tiré les rideaux des croisées ouvrant sur la place du village. La lampe au piétement de bronze surmontée d’un abat-jour en verre opaque formait un rond de clarté sur les dossiers étalés devant lui.
    La sonnette de l’entrée signala l’arrivée d’un visiteur. D’un mouvement preste, le notaire dissimula les textes qu’il consultait sous une pile de classeurs.
    Sa fille frappa à la porte dans l’entrebâillement de laquelle elle passa son visage émacié par des semaines de pleurs.
    – Père, quelqu’un demande à vous voir.
    – De qui s’agit-il ? s’alarma malgré lui le notaire.
    – Yann Luzel, de Concoret. Il dit que c’est urgent.
    – Ah… En effet… Fais-le entrer, ma fille. Et referme bien la porte derrière toi en sortant.
    Sans un mot, Rozenn alla chercher Yann qu’elle introduisit dans le bureau de son père.
    – Je vous attendais, dit simplement maître Le Bihan en tendant une main au garde forestier. Asseyez-vous, je vous en prie.
    – Vous m’attendiez ? répliqua Yann en prenant place dans le fauteuil en cuir que lui désignait son hôte. Pourtant,hier soir, je ne savais pas moi-même que je viendrais vous trouver.
    – Moi, je le savais. Je le savais depuis des années… Vous venez pour le testament d’Edern de Montfort, n’est-ce pas ?
    Yann eut du mal à dissimuler sa surprise.
    – Eh bien… Je venais effectivement à ce sujet, entre autres… Mais je

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