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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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vos basses manœuvres d’intrigant. Je vous dénoncerai ! Je vous tuerai d’une balle de ce pistolet qui a déjà tué mon père !
    Submergé par la colère, Philippe commençait à être pris de tremblements et agitait le Luger devant lui de façon désordonnée, au risque de laisser partir le coup sans le vouloir. Son visage était congestionné et ses tempes luisaient de sueur. Les symptômes de ses malaises commençaient à se manifester.
    – Jeune homme… Calmez-vous… Vous devenez fou, ma parole…
    La crise de tétanie s’emparait déjà des mâchoires et des muscles de Philippe, tandis qu’une mousse blanchâtre sourdait à la commissure de ses lèvres. Il lâcha le revolver et tomba sur le sol, ramassé sur lui-même, incapable d’articuler un mot de plus.
    – Mon Dieu ! s’écria le notaire, impressionné par cette crise spectaculaire.
    Désemparé, il se mit à appeler sa fille :
    – Rozenn ! Rozenn ! Viens vite ! Nous avons besoin de toi.
    La jeune fille accourut aussitôt, le cœur palpitant d’angoisse.
    – Philippe ! Que lui avez-vous fait, père ?
    Le notaire se dressa enfin. Jusque-là, ses jambes n’auraient pu le porter.
    – Moi ? Je ne lui ai rien fait ! C’est lui qui est entré ici comme un dément, en me menaçant de son pistolet. Il faut appeler les gendarmes ! Un docteur ! Ah, mon Dieu, quelle histoire…
    – Laissez-moi faire, père.
    La jeune fille s’agenouilla devant le corps de son ex-fiancé à demi évanoui. Elle avait souvent été témoin de ces étourdissements qui le laissaient presque sans vie. Elle savait que seul un certain remède pouvait endiguer les effets de cette étrange maladie.
    – Philippe… Philippe… Le médicament… L’as-tu avec toi ?
    Le jeune homme était inconscient et ne parvenait qu’à balbutier des propos décousus. Rozenn fouilla dans ses poches et trouva la fiole providentielle. Sans hésiter, elle la déboucha et l’approcha des lèvres du malade.
    – Bois, Philippe… Bois… Cela va te faire du bien.
    Elle dut forcer sa mâchoire raidie par les convulsions et lui faire ingurgiter de force la potion. Elle ne s’arrêta que lorsque la fiole fut vide.
    – Voilà… Cela va aller, maintenant… Tu vas guérir.
    Elle lui caressa le front de la paume de sa main, le berçant de mots doux qu’elle lui chuchotait à l’oreille :
    – Philippe… Mon amour… Je n’ai jamais cessé de t’aimer… Mon père a brisé nos fiançailles mais je demeureta promise. Rien ne pourra nous séparer, jamais… Nous appartenons l’un à l’autre.
    Tandis que maître Le Bihan s’échinait à obtenir la ligne téléphonique pour appeler des secours, Rozenn se pencha sur le visage convulsé de Philippe et posa un baiser sur ses lèvres.
    Aussitôt, le jeune homme fut pris d’un haut-le-cœur et, saisi de spasmes, se mit à vomir une bile verte.
    – Mon Dieu, Philippe ! Que t’arrive-t-il ? Pourtant tu as bu le remède jusqu’à la dernière goutte…
    À présent le jeune homme se tordait de douleur en éructant d’infâmes borborygmes. Rozenn cherchait à le calmer en lui soutenant la tête, mais cela semblait peine perdue. Philippe souffrait de plus en plus et poussait des râles indistincts.
    – Pourtant, c’était bien la même fiole que d’habitude ! s’écria la jeune fille au désespoir. Qu’y avait-il dedans ? Philippe ! Je t’en prie ! Reviens à toi !
    Philippe était méconnaissable. Le jeune garçon si beau et si fier de lui, toujours tiré à quatre épingles, n’était plus qu’une silhouette informe qui se tortillait sur le sol en se tenant le ventre. Son visage rougi avait enflé et virait au bleu. Ses habits, d’ordinaire impeccables, étaient souillés de ses propres déjections. Malgré tout, Rozenn ne montrait aucun dégoût et continuait à caresser le front de son fiancé, à poser sa bouche sur ses paupières frémissantes, sur ses lèvres craquelées laissant apparaître des gencives blanchies.
    – Philippe… Philippe…, murmurait-elle avec une angoisse mêlée de douceur.
    Le jeune homme parut s’apaiser. Ses vomissements s’étaient interrompus et il sembla recouvrer un sursaut de conscience. Il ouvrit les yeux et contempla quelques instants, dans un halo confus brouillé par les larmes et le délire, levisage de la jeune fille qui lui prodiguait ses soins avec tant d’affection. Ses lèvres sèches s’ouvrirent sur une sorte de sourire d’extase, marquant une

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