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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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réalités.
    – Mais pourquoi tous ces secrets ? Et pourquoi les dire maintenant ? bafouilla-t-elle.
    – Les temps ont changé, voilà tout. La subrogation d’héritage à mon profit s’est faite sur l’ordre d’Alphonse, avec la complicité de maître Le Bihan. Depuis que les fiançailles de Philippe et Rozenn ont été rompues, le notaire est contre nous. Son dossier est sans failles. Il nous tient. Et il sait des choses sur Philippe qu’il vaut mieux garder dans l’ombre.
    Dahud jeta un regard mauvais en direction du baron :
    – Alors, le Philippe, il s’en va aussi ?
    – Oui, Dahud. Nous partons tous. Nous n’avons pas le choix.
    La lavandière poussa un ricanement sarcastique.
    – Eh bien, tu lui diras au revoir de ma part ! Je suis persuadée qu’il va faire un long voyage lui aussi. Un très long voyage !
    Puis elle reprit aussitôt d’un ton grave :
    – Et la petite, elle est au courant, pour l’héritage ?
    – Gwenn ? Non, pas encore. Le notaire doit faire enregistrer l’acte de renonciation. Cela prendra quelques jours. En accord avec Yann, qui est venu me trouver pour me proposer ce marché, il a décidé d’attendre que les choses soient officielles pour l’annoncer à Gwenn. Cela va lui faire un choc. Une simple lavandière devenant baronne du jourau lendemain, cela ressemble à un conte de fées. Un conte dont je ne connaîtrai pas la fin.
    Dahud ressassait de sombres pensées. Le sort d’Hubert et de Philippe était réglé. Une lavandière était morte noyée dans le doué . Une autre devenait la princesse de Brocéliande. Mais là-bas, dans le miroir du buffet, la lavandière de sang avait encore soif de vengeance.

46
    – Au château, Mathurin, vite !
    Le cocher lança ses chevaux au trot d’un claquement de fouet et la calèche s’ébranla sur le chemin semé d’ornières.
    Par la portière, Hubert contemplait les toits gris du village, les champs hersés de corbeaux, les bras noirs et décharnés de la forêt. Au loin, les abois des chiens enfermés dans les fermes assoupies éveillèrent un bref grognement chez Kidu assoupi à ses pieds. Après une brève accalmie, la pluie lancinante avait repris son bruissement humide. Au-dehors, cela sentait une odeur de terre mouillée, de champignon moisi et d’encens. Une odeur de mort.
    Lorsqu’il avait reçu la visite de Yann, la veille au soir, Hubert n’avait pas été surpris. Il s’était presque senti soulagé. Tous ces mensonges et ces dissimulations n’avaient que trop duré. L’heure était venue de rendre des comptes, ce n’était que justice. Pourquoi se serait-il acharné à nier l’évidence, à repousser les preuves les plus tangibles, à s’agiter en tous sens pour ne parvenir qu’à retarder l’inéluctable ? Il ne s’en sentait plus la force ni le désir. Un ressort en lui s’était brisé. Il n’aspirait plus qu’au repos, à la quiétude.
    D’un geste de la main, il flatta tendrement la fourrure de son chien qui gémit de plaisir.
    – Mon vieux Kidu, tu es sans doute le seul ami fidèle que j’aie jamais eu. Je te regretterai.
    Voici un mois à peine, Hubert était prêt à tout pour sauver l’honneur de sa famille et écarter les soupçons qui pesaient sur son fils. Il n’avait pas hésité à faire un faux témoignage, à user de son autorité sur les femmes vivant sous son toit, à solliciter l’intercession d’un officier allemand. Il était même allé jusqu’à dénoncer un innocent pour passer au travers du filet qui s’abattait sur lui et les siens. Mais cela n’avait servi à rien. Yann venait de lui fournir les éléments qui achevaient de compromettre Philippe.
    Philippe, ce fils unique en qui il avait placé tant d’espoirs et qui devait renflouer les caisses de la famille en épousant bourgeoisement la fille d’un notaire. Car les Montfort étaient pauvres, malgré les apparences qu’ils cherchaient encore à préserver. Cette vieille folle de Maëlle était certainement plus riche qu’eux, avec son matelas de billets accumulés depuis vingt ans.
    Philippe, qui en cédant aux faiblesses de l’orgueil et de la chair, que lui-même ne connaissait que trop bien, avait ruiné ces grandioses espérances.
    Philippe, qui avait séduit sa propre sœur et lui avait fait un enfant.
    Philippe, qui au lieu d’assumer ses responsabilités ou d’étouffer discrètement l’affaire, comme lui-même l’avait fait en son temps avec Maëlle, s’était débarrassé

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