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Les lions diffamés

Les lions diffamés

Titel: Les lions diffamés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Châteauneuf et de l’Escun ont disparu… Les seigneurs de Castelnaud, Castillon et Limeuil, ainsi que Jean de Galard sont captifs de ces malfaisants.
    — Je les connais tous ! dit Guillaume. J’en ai même reçu certains…
    — Jean II de Lévis, seigneur de Mirepoix, a trouvé la mort dans une mêlée… Pour prendre Bergerac, Derby a désigné deux capitaines : Gautier de Masny et Franke de Halle.
    — Et alors ? demanda Blanquefort.
    — Comme les Goddons ne peuvent investir la cité par le sol, voilà quatre jours qu’ils construisent des radeaux… Mais nous savons qu’ils attendent des barges et des petites nefs en provenance de Bordeaux… Et c’est Kenfort qui les commandera.
    — Kenfort… Il était à l’Écluse… Continue !
    — Demain ou après-demain, c’est sûr, ils attaqueront les murailles élevées au-dessus de la Dordogne. Ils ont avec eux une espèce de capitaine qu’on appelle Robin Canole. On le dit d’un caractère d’une tigrerie extraordinaire… Un homme sans pitié, sans vergogne…
    — Comment es-tu sorti de Bergerac ? demanda Guillaume.
    Ogier aperçut Anne qui, Saladin sur les talons, se rendait à l’échansonnerie. Il lui sourit tout en regrettant de ne pouvoir lui parler.
    « Elle est bien pâle… L’état de sa mère a-t-il empiré ? »
    Il se tourna vers Savignol.
    — J’ai pris, expliquait le sergent, le souterrain qu’empruntaient le comte de l’Isle et ses conseillers… Mon Bayart me suivait, car la voûte en est haute.
    Guillaume lança un regard paisible à ses murailles ; elles étaient hautes, elles aussi, bien pourvues en merlons, impropres, apparemment, aux échellades.
    — Sont-ils nombreux ? demanda Blanquefort.
    — Dix mille à Bergerac, sans doute…
    La cotte de Savignol était brune de sang sec ; il traînait un peu la jambe ; il expliqua :
    — Dès qu’ils ont attaqué, le comte de l’Isle a décidé de renforcer les défenses des places et cités que ces maudits, sûrement, convoitent en premier… Le sénéchal de Toulouse est parti pour Montauban, le vicomte de Villemur a gagné Auberoche et Bertrand des Prez, Pellegrue…
    — Y a-t-il d’autres menaces ?
    Savignol battit mollement des bras :
    — Messire, sauf ici, le Périgord est à feu et à sang. On bouge, on bouge… Tenez : Philippe de Dyon s’en est allé à Montagrée avec ses lances ; le sire de Montbrandon est, lui, à Maudurant… Ernoult de Dyon est à Lamougie ; Robert de Malemort à Beaumont-de-Lomagne ; Charles de Poitiers à Penne, en Agenais…
    — Et le comte de l’Isle, Grégoire ? demanda Blanquefort.
    Il y avait de l’ironie dans sa question. Le sergent ne s’en indigna point :
    — Il devait gagner la Réole pour y renforcer les défenses, mais foi de Savignol, je crois qu’il va bientôt venir au Puy-Saint-Front.
    Griveau, à cet instant, sortit des écuries, menant Prinsaut par la bride. Vivien le suivait.
    — Il est fin prêt ! Tout ce que portait ton Bayart est sur lui.
    — Très bien, dit le sergent en marchant au-devant du manchot.
    — Il te faut manger un morceau et boire un coup, l’ami ! insista Blanquefort. Un bon bain t’aurait même revigoré.
    — Pas le temps, dit Savignol en frottant sa barbe humide. Croyez que j’en ai du regret… J’ai dans un sac du pain, du vin, du saucisson… Je suis bien pourvu en écus.
    Il s’approcha du cheval pommelé, croisement de percheron et d’Auvergnat, tourna autour, caressa son encolure et son poitrail cordé de grosses veines frémis santés, tandis que de son œil noir aux cils blancs Prinsaut l’observait sans inquiétude.
    — Il me paraît fort bon !
    — Si tu le ménages, il ira loin, dit Vivien.
    — Attends donc, protesta Guillaume. Mathilde va t’apporter des vitailles.
    Savignol sauta en selle, ajusta son épée contre sa hanche et remonta son chapeau de fer sur son front couvert de sueur.
    — Sans doute le duc Jean est-il du côté d’Albi ou de Cahors… Je le trouverai ! Il me faut essayer d’amener par ici trois ou quatre cents lances [163] … Peut-être acceptera-t-il de venir en personne affronter Derby et ses malandrins.
    — Veux-tu quelques hommes pour te faire un brin de conduite ? Vide au moins une pinte de vin !
    Le sergent eut un tel sourire qu’il parut prendre Guillaume en pitié :
    — Gardez votre vin ! Quant à vos hommes, vous verrez que vous en aurez moult besoin si ces démons vous entourent… À vous

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