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Les lions diffamés

Les lions diffamés

Titel: Les lions diffamés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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pigeons qui s’y abritaient. En hurlant : « À l’arme ! À l’arme ! » des hommes tenant un arc ou une arbalète surgirent du bâtiment réservé aux soudoyers, traversèrent la haute cour et gravirent les escaliers d’accès au chemin de ronde. Le mur crénelé allant de la Mathilde, à l’ouest, à la demi-tour ronde, au nord, en passant par la bretèche reliant les tours portières, fut occupé. Tout ce remuement d’une cinquantaine d’hommes s’était effectué sans désarroi, dans un cliquetis de métal qui semblait aggraver le silence des hordes.
    — Il sort !
    La pyramide d’étoffe violette s’était ouverte ; Robert Knolles apparut en compagnie d’un homme couvert d’écailles.
    — Je ne l’ai pas vu cette nuit, dit Ogier. Qui peut-il être ? Bemborough ou Mélipart qu’il appelait quand nous étions captifs ? Ce n’est tout de même pas un chevalier !… Il n’en a qu’un à son service. Un outrecuidant du nom d’Enguerrand de Briatexte.
    Appuyé contre un merlon, au bon milieu de la bretèche du pont-levis, le baron assistait aux apprêts de l’ennemi, et son assurance était telle qu’on eût pu croire qu’ils ne le concernaient pas. Il était coiffé d’un heaume peint en rouge, le corps couvert de son haubert de Rouen, sur lequel il avait passé un parement pourpre frappé d’un écusson à ses armes. Bien qu’il dût combattre à pied, il avait chaussé ses éperons d’or.
    — Ils bougent, dit-il. Leurs connétablies sont hideuses mais bien fournies…
    Les routiers s’assemblaient en compagnies. Et déjà certains retroussaient leurs manches afin d’avoir plus d’aisance à manœuvrer leur arme. D’autres assujettissaient la guige de leur écu, tandis qu’un clerc, une longue croix processionnelle en main, les bénissait et les encourageait si fort qu’on l’entendait des murailles.
    Arnaud Clergue, essoufflé, vêtu d’un pelisson noir fourré de laine sale, s’approcha du baron. Il vit et se signa :
    —  Multitudo maxima abjectissimorum vivorum , dit-il.
    Puis il bâilla, sa nuit ayant été trop courte.
    Deux, trois, puis dix troupeaux s’ébranlèrent en clopinant dans les creux et sur les bosses de la motte. Ils renoncèrent à son ascension, mais comme deux grosses chenilles partant l’une à droite, l’autre à gauche du village, ils entreprirent l’enveloppement du château, contournant les maigres arbustres, les rocs élevés et les roncières, et demeurant toujours autant que possible sur le même alignement, hors de portée des carreaux. Le jour, clair désormais, rendait enfin voyant l’armement de ces hommes : des épées de toutes tailles que certains portaient sur l’épaule, des arbalètes, des arcs à simple ou double courbure, des fauchards, des godendacs et des lances courtes, ornées à leur extrémité d’un pennon de tissu rouge. Sous les ondées de soleil, les éclairs de tous ces fers aiguisés pailletaient les broussailles, pareils à des fleurs éphémères, et leurs tintements faisaient penser à ceux d’une gigantesque vaisselle.
    Nourries des hommes qui surgissaient des bois et, en courant, rejoignaient leurs compagnons, les chenilles s’allongèrent, s’épaissirent et devinrent serpents.
    — Nous devons être entourés, dit Ogier.
    Il recoiffa sa cervelière.
    Des routiers se coulèrent au fond des excavations ; d’autres qui marchaient encore s’immobilisèrent à un commandement, et s’asseyant par petits troupelets, attendirent.
    — Pour contenir longtemps ces linfars, notre garnison devrait compter dix fois plus d’hommes, dit Blanquefort. Il faut aller quérir des secours.
    — Nul d’entre nous ne pourra franchir une telle haie de malandrins. Et même si l’on y parvenait, oublies-tu qu’il y a des Goddons partout ?
    Ogier avait impulsivement tutoyé le sénéchal. Cette audace fut sans effet sur le vieux guerrier. Ni sur son oncle.
    — Je n’oublie rien, dit Blanquefort.
    — Moi non plus ! grogna Guillaume. Attendons. S’il faut passer sous cette engeance, eh bien, vous savez que nous y passerons. J’y ai pensé toute la nuit…
    Ogier vit Girard courir dans leur direction. Une émotion le ravageait ; il en était cramoisi :
    — Messires ! Messires !… Outre ceux qui nous cernent, d’autres s’assemblent en bas, que vous ne pouvez voir d’ici. Je suis sûr que Canole va venir vous défier.
    — Eh bien, qu’il vienne… Je l’attends… Va le surveiller, dit

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