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Les Mains du miracle

Les Mains du miracle

Titel: Les Mains du miracle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joseph Kessel
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proches. Je prends part à tout ce qui peut leur arriver.
    — Parfait, parfait, dit
Heydrich.
    Il plissa les paupières comme pour
mieux voir le chemin à suivre. Puis il dit :
    — Savez-vous, Docteur, que nous
pourrions vraiment vous être très utiles ? Quand des gens viennent vous
demander d’intervenir auprès du Reichsführer, votre devoir, n’est-ce pas, avant
d’aller trouver celui-ci, est de vous faire une opinion objective au sujet de
ces gens : leur appartenance sociale et politique, leur caractère, leurs
ressources, etc. Il est toujours ennuyeux d’avoir à changer d’attitude après
coup si l’on s’est trompé. Vous avez eu beaucoup de mal jusqu’à ce jour, je
pense, pour réunir les renseignements nécessaires. Nous prendrions très
volontiers ces recherches à notre charge. Remarquez bien : vous êtes
entièrement libre de juger si nos informations sont véridiques ou non et d’en
faire l’usage qui vous plaira. Tout ce que je vous demande, c’est, quand vous
utiliserez nos sources, de dire au Reichsführer que je vous suis venu en aide.
Il saura de la sorte que je coopère avec un homme qu’il estime tant.
    Ce discours, Kersten l’écouta, sous
un calme apparent, avec l’attention la plus aiguë. Heydrich y dévoilait enfin
son dessein véritable. Et, quoi qu’il en eût, le docteur ne pouvait pas s’empêcher
d’admirer la manœuvre. Quelle sincérité dans le ton, quelle spontanéité dans
l’offre ! Et combien le prétexte final était vraisemblable pour qui
connaissait l’ambition dévorante de Heydrich et son désir de se pousser
toujours davantage dans la faveur de Himmler ! En fait, tout cela n’avait
qu’un but : obtenir de Kersten qu’il livrât le nom de ses correspondants
de Hollande et de Finlande à la Gestapo. « Jamais, jamais », pensa le
docteur. Il dit cependant, et, lui aussi, avec un air de sincérité absolue :
    — Je vous suis très
reconnaissant de votre proposition. Cela peut m’aider beaucoup en effet.
    Heydrich parut satisfait de la
réponse. Le docteur raconta cet entretien à Brandt.
    — Je vous en supplie, je vous
en supplie, redoublez de précautions, dit le secrétaire particulier de Himmler.
    — Soyez tranquille, j’y suis
bien décidé, dit Kersten. Quelques jours plus tard, il fut obligé de renoncer à
toute prudence.
     

CHAPITRE VI
Tout un peuple à sauver

1
    Le 1 er  mars 1941,
Félix Kersten descendit de sa voiture devant le Quartier Général S.S. Il était
midi, l’heure où, suivant une longue routine, le docteur venait traiter
Himmler.
    Les sentinelles au casque lourd le
laissèrent entrer sans qu’il eût à présenter son laissez-passer ou même dire un
mot. L’officier de garde fit de même. Le docteur Kersten était devenu un
familier dans la maison des militaires et des policiers, lui et ses vêtements
civils, sa grosse canne, sa corpulence, sa bonhomie.
    Il monta jusqu’à l’étage où se
trouvaient les services personnels de Himmler et son bureau. Tout en gravissant
les grands escaliers de marbre, Kersten songeait que deux années s’étaient déjà
écoulées depuis qu’il était venu pour la première fois en ce lieu et soupira.
Comme la vie alors était bonne et belle ! Rien n’attentait à sa condition
d’homme libre ! À présent…
    Mais la philosophie optimiste de
Kersten lui représenta aussitôt qu’il n’était pas à plaindre. La guerre l’avait
épargné dans sa personne, dans ses biens, dans sa famille. Il avait sa femme et
ses deux fils, son père, Élisabeth Lube. Il avait une vie matérielle très
large. Enfin, après la semonce qu’ils avaient reçue d’Himmler et la
conversation qu’il avait eue lui-même avec Heydrich, les gens de la Gestapo le
laissaient en paix.
    Kersten déposa au vestiaire canne,
chapeau et manteau, et entra dans le bureau de Brandt pour se faire annoncer à
Himmler. Le secrétaire particulier demanda au docteur d’attendre une demi-heure
environ : le Reichsführer tenait une conférence importante qui se
prolongeait.
    — Bon, dit Kersten, faites-moi
prévenir quand cela sera fini.
    Il n’avait pas besoin de préciser le
lieu où on le trouverait. Il lui était souvent arrivé d’avoir à patienter
jusqu’à ce que Himmler eût achevé sa tâche et, dans ces occasions, il se
rendait toujours au mess de l’état-major.
    La salle était très vaste car
l’état-major comptait deux cents officiers environ. De plus, Himmler avait une
garde

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