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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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donnait à elle seule la nausée. La princesse haussa les sourcils.
    — La femme de ton camarade de classe ? Celui qui contrôle les billets sur la ligne de Vérone ?
    — Valmarana est désormais chef de gare, précisa-t-il. Je suis allé lui rendre visite tout à l’heure.
    — Et comment va leur affaire ?
    Elle ne marchait pas mal, d’après ce qu’il avait compris. Par précaution, il préféra toutefois atténuer la vérité.
    — Ils ont encore besoin de son salaire ! Mais nous avons surtout parlé d’autre chose.
    Il se hâta de changer de sujet.
    — C’est d’ailleurs pourquoi je n’ai pas pu venir au Florian ce midi.
    — Que s’est-il passé ?
    — On a repêché un cadavre sur la fondamenta Nuove, expliqua-t-il, heureux que la princesse ne pose pas plus de questions sur la pension Valmarana . La nuque brisée, semble-t-il, sans papiers d’identité, mais avec un billet Vérone-Venise en première classe. Bossi est persuadé qu’on l’a assassiné et jeté dans la lagune.
    — Je croyais qu’il s’était rompu la nuque ?
    — Pour Bossi, cela prouve que nous avons affaire à un tueur professionnel . Selon lui, les tueurs professionnels ne font aucun bruit et ne laissent aucune trace.
    Il sourit.
    — Pas de sang, pas de fumée !
    Il s’était imaginé que la princesse balancerait la tête devant une ânerie aussi puérile. Au lieu de cela, elle poursuivit son interrogatoire :
    — Et toi, qu’en penses-tu ?
    — Que Bossi lit trop de romans.
    Il but une copieuse gorgée de champagne et constata que ses connaissances toutes fraîches sur le prix de cette boisson augmentaient le plaisir décadent qu’elle lui procurait plutôt que l’inverse.
    — Je crois, reprit-il, qu’il s’agit d’un accident. L’homme est tombé du wagon, s’est brisé la nuque et a fini dans la lagune.
    — S’il s’agit d’un accident, on devrait avoir retrouvé des bagages dans le train, fit remarquer la princesse.
    Il approuva.
    — C’est pourquoi nous nous sommes rendus à la gare.
    — Et alors ?
    — On n’a rien retrouvé, lâcha-t-il, soudain envahi par le sentiment qu’elle mettait en doute sa théorie de l’accident. Mais cela ne prouve pas qu’il s’agisse d’un meurtre ! On a pu lui voler son sac.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire maintenant ?
    — Attendre le résultat de l’autopsie et aller à Vérone avec les clichés de Bossi. En tout état de cause, demain matin, nous saurons s’il a été assassiné ou non.
    Le commissaire déposa une cuillère de chantilly sur la dernière tranche d’ananas et la recouvrit de généreux morceaux de nougatine aux amandes.
    — Après, nous verrons bien.
    Cette expression, songea-t-il, ne permettait pas seulement de clore des discussions oiseuses, elle s’appliquait aussi de manière merveilleuse à l’ensemble de son existence depuis quelques années. Il fallait toujours s’accommoder de faits sur lesquels personne n’avait d’influence et qui restaient entourés d’un halo : son mariage avec la princesse, le statut qu’elle occupait dans sa vie, son propre statut dans sa vie à elle, et en plus, à présent, la place de la comtesse dans cet imbroglio. Qu’adviendrait-il de sa mère si les autorités appliquaient un droit de douane au cristal de Venise ? Combien de temps mettrait-on à prendre cette décision à Vienne ?
    Tron avait espéré que la princesse éviterait ce sujet pour le reste de la soirée. Mais à peine le café fut-il servi qu’elle revint à la charge.
    — Est-il exact que Sissi accompagne son époux en visite officielle ?
    « Tiens, se dit-il, elle est déjà au courant. » Il haussa les épaules.
    — En tout cas, Spaur part de cette hypothèse.
    Maria versa une cuillerée de sucre dans sa tasse. Puis elle poursuivit d’un ton songeur, comme si la pensée venait tout juste de lui traverser l’esprit :
    — Tu pourrais peut-être t’entretenir avec elle.
    — Je dois prier l’impératrice de m’accorder une audience ?
    Maria lui répondit avec une certaine impatience dans la voix :
    — Pas la prier de t’accorder une audience , Alvise ! Mais lui demander un entretien dès que l’occasion s’en présentera.
    — Encore faudrait-il que l’occasion se présente !
    — Tu vas bien réussir à la voir, quand même ! s’obstina-t-elle. En fin de compte, c’est vous qui allez veiller sur elle pendant son séjour à Venise.
    Le commissaire secoua la tête.
    — Eh bien, non ! Cette fois, l’armée est

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