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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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c’est le Parlement qui vote le budget de l’armée.
    — Après la défaite en Lombardie, dit Maria, François-Joseph s’est retrouvé dans une situation précaire.
    — Il aurait tout de même pu risquer le coup, objecta le commissaire. Comme le roi de Prusse. Lui a tout bonnement piétiné la Constitution !
    — Parce que l’ancien ambassadeur à Paris, ce… euh…
    — Bismarck.
    — C’est cela. Parce que ce Bismarck l’y a poussé, remarqua-t-elle.
    — Quoi qu’il en soit, le roi de Prusse a obtenu ce que l’empereur d’Autriche n’a même pas essayé.
    — L’armée le lui reproche ?
    Tron hocha la tête.
    — Les militaires le prennent pour une mauviette et aimeraient s’en débarrasser. En tout état de cause, un attentat leur laisserait le champ libre.
    La princesse mit un soupçon de sucre dans son café et tourna sa petite cuillère.
    — Es-tu en train d’affirmer qu’il existe un complot au sein de l’armée ? Que des officiers préparent un attentat contre François-Joseph ?
    Le commissaire haussa les épaules.
    — Je constate juste que certains cercles auraient un motif pour attenter à sa vie.
    Un froncement de sourcils indiqua que la princesse ne faisait pas grand cas de cette théorie.
    — Pourquoi se seraient-ils autant compliqué la tâche pour introduire la poudre ? Ils auraient pu la transporter par bateau militaire.
    — Non, la contredit son fiancé. Après l’attentat, réussi ou non, on ordonnera une enquête. Les instigateurs doivent donc demeurer au-dessus de tout soupçon. D’où cette mise en scène recherchée avec le cercueil.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire maintenant ?
    — Bossi va aller montrer la photographie de Ziani à la gare et au cimetière. Ensuite, nous verrons.
    — Et s’il s’avère que quelqu’un projette bel et bien un attentat contre la personne de l’empereur ?
    — Alors, Spaur devra décider s’il confie cette affaire à la police militaire ou non.
    — Que va-t-il décider, à ton avis ?
    — Il leur refilera les deux affaires – et le meurtre à bord du train, et celui du campo San Maurizio.
    — Mais le collier ?
    — Je n’en parle à personne. Ni à Spaur, ni à Toggenburg. Je l’ai promis à Königsegg.
    — Que va-t-il se passer quand on découvrira que le coffre-fort est vide ? Ne risque-t-on pas de suspecter l’intendant en chef ?
    — Pas forcément, répondit le commissaire. Il pourrait très bien s’agir d’un cambriolage. En même temps, ce n’est pas certain. Voilà pourquoi le général est aussi nerveux, outre ses dettes chez Zorzi.
    — À combien se montent-elles ?
    — Cinq mille cinq cents florins.
    La princesse tira sur sa cigarette et réfléchit. Puis elle dit :
    — Nous pourrions les lui avancer. Contre une lettre de change. Tu n’as qu’à lui expliquer que tu te sens obligé de l’aider par sympathie.
    — Il ne pourra jamais rembourser une telle somme.
    — J’espère bien !
    Tron regarda sa fiancée d’un air troublé.
    — Qu’est-ce que tu espères bien ?
    — Königsegg, commença-t-elle sur son ton de femme d’affaires, se trouve dans une situation telle que nous pouvons l’acheter. Si Zorzi s’adresse à la Kommandantur, sa carrière est fichue. Si tu voles à son secours, au contraire, il te devra son poste d’intendant en chef – et se montrera à coup sûr reconnaissant.
    Maria sourit d’un air satisfait.
    — Ces cinq mille cinq cents florins constituent un excellent placement.
    — À moins qu’il n’arrive malheur à François-Joseph pendant son séjour à Venise.
    — Tu crois que c’est possible ?
    — Nous en saurons plus demain matin.
    Un ange passa. Puis la princesse dit :
    — Quelle décision prendrais-tu à la place de Spaur ? Tu lâcherais l’affaire ?
    — Si nous ne la confions pas à la police militaire et qu’il arrive quoi ce que soit à l’empereur, répondit Tron, on nous soupçonnera d’être impliqués dans cette histoire.
    Il versa un peu de sauce à la vanille sur le tas de cerises confites posées dans son assiette.
    — En revanche, si nous mettons la main sur les conjurés – je dis bien si ! –, alors les médailles pleuvront et nous devrions pouvoir résoudre ton problème de taxes douanières sans difficulté.
    1 - « Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai dans une forêt obscure. » Ce sont les deux premiers vers de La Divine Comédie de Dante. ( N.d.T. )

    2 - Ensemble de lois fondamentales réorganisant l’Empire

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