Les Médecins Maudits
« C’est un mal qui ne se guérit pas », Himmler prend les choses en main.
— Le Reichsführer xliii organisa à Ravensbrück des « stages de guérison ». Un certain nombre d’homosexuels, qui n’avaient pas donné de preuves définitives de leur renonciation au vice, furent appelés à travailler avec des filles et soumis à une observation très stricte. On avait donné aux filles l’ordre de se rapprocher, sans avoir l’air, de ces hommes et d’exercer sur eux leurs charmes sexuels. Ceux qui s’étaient vraiment améliorés (avant le stage, devant les brimades, les menaces) profitèrent de l’occasion sans se faire prier ; quant aux incurables ils ne gratifiaient pas les femmes d’un seul regard. Si celles-ci se montraient trop provocantes, ils s’en détournaient avec dégoût et horreur.
Le « stage » se terminait par une ultime épreuve : les guéris étaient laissés seuls en présence de malades. S’ils succombaient tout était à recommencer.
Himmler qualifia ces stages de « demi-échec » et chercha une solution plus radicale. Il la trouva en la personne d’un commandant SS danois, le docteur Vernaet qui avait inventé une méthode infaillible pour guérir l’homosexualité. Il demandait l’autorisation « respectueuse » d’expérimenter dans un camp, « ayant appris que cela se faisait ». Himmler bondit sur l’occasion et lui ouvrit les barbelés de Buchenwald.
Le docteur Vernaet sélectionna quinze cobayes « désespérément » invertis. Ils demandèrent au docteur Horn, un détenu, de leur expliquer ce qui devait leur arriver…
— Ils étaient très effrayés, ils tremblaient comme des feuilles. Je leur dis qu’il s’agissait d’une hormone mâle qu’on allait leur implanter et que ce ne serait pas dangereux.
Le docteur Vernaet, comme Rascher, désirait monnayer sa préparation. Il proposa à Himmler :
— Nous pourrions vendre cette invention à l’étranger au marché noir pour obtenir des devises. Nous pourrions la promettre à des espions en récompense d’informations utiles xliv .
Himmler haussa les épaules et lui conseilla d’expérimenter ses hormones avant de « rêver éveillé ».
La « pile Vernaet » devait être implantée dans l’aine ou sous la peau des patients. Sur les quinze opérés deux moururent et aucun ne « guérit »…
10
pour voir…
Un détenu polonais nouvellement arrivé avait subi avant la guerre une grave intervention chirurgicale : ablation de l’estomac, de la rate et de trente centimètres de duodénum. Il commit l’imprudence de le dire au médecin du Revier, le Sturmbannführer Schmidt, dans l’espoir de se voir exempté de travail. Celui-ci qui n’avait jamais observé un homme sans rate voulut connaître comment l’opération avait été menée. Il pratiqua une nouvelle incision au même endroit, regarda et referma.
Quinze jours après le Polonais mourut sur son lit d’hôpital xlv .
Curiosité bien naturelle si l’on sait que Cléopâtre faisait régulièrement ouvrir le ventre de ses servantes enceintes pour suivre le développement du fœtus. Suprême raffinement : c’est elle-même qui obligeait « ses femmes » à « attendre » un bébé en les menaçant de mort si elles n’acceptaient pas de contribuer à la grandeur de la nation.
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Le docteur Neumann de l’Institut d’Hygiène de la Waffen SS à Berlin, prélevait des morceaux de foie sur des hommes bien vivants. Toutes ses victimes mouraient dans d’affreuses souffrances. Le pire de cette espèce de médecins SS était indubitablement le docteur Eisele. À Buchenwald, à Natzweiler de 1940 à 1943 il dépassa, de loin, toutes les horreurs que pouvaient commettre d’autres médecins SS. Lui aussi pratiquait pour son développement « professionnel » la vivisection sur des hommes qu’il assassinait ainsi : il prenait ses victimes au hasard dans les rues du camp, les menait à l’ambulance pour leur faire des piqûres d’apomorphine et jouir de l’effet produit. Sans la moindre nécessité, il faisait des opérations et pratiquait des amputations. Et il n’était pas question d’endormir la victime ! Un des rares témoins survivants qui servit lui aussi de cobaye à Eisele, était le Juif hollandais Max Nebig, sur lequel il pratiqua une gastrectomie. Après son opération, alors qu’il devait être tué par une piqûre, le Kapo de l’infirmerie lui fit une inoffensive injection d’eau
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