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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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secrétaire, le déporté Eugen Kogon, qu’un des Russes avait réussi à dissimuler un couteau et qu’il avait attaqué Mrugowsky. On imagine la réaction des gardiens qui dégainent et abattent le déporté déjà blessé par la balle empoisonnée ; un second Russe se relève… Ce qui expliquerait les deux sujets « abandonnés » et les observations publiées qui glissent sur le sort des deux « cobayes ».
    —  La vue xlviii de cette exécution fut une des expériences les plus horribles de mon existence. D’autre part, je ne pouvais abréger les souffrances car il n’existe aucun antidote.
    —  Au xlix bout de vingt à vingt-cinq minutes des troubles se déclarèrent en même temps qu’un léger écoulement de salive. Quarante-trois à quarante-quatre minutes après, nouvel écoulement très abondant de salive… salive écumeuse… symptômes d’étranglement, vomissements.
    Pendant la première heure, les pupilles restèrent sans changement. Au bout de soixante-dix-huit minutes, on put constater une dilatation des pupilles d’importance moyenne, avec en même temps paresse des réactions à la lumière. Les réflexes rotuliens et achilléens avaient disparu.
    Au bout de quatre-vingt-dix minutes, un des sujets d’expériences se mit à respirer très profondément et fut repris d’une agitation motrice qui alla en augmentant. La respiration devint rapide et superficielle. Il éprouvait en même temps de fortes nausées.
    Un des sujets essaya, en vain, de vomir. Pour y parvenir, il introduisit dans la gorge les quatre doigts d’une main. Sa figure était congestionnée. Les deux autres sujets, par contre, montrèrent très tôt un visage pâle. L’agitation devint si forte qu’ils se dressaient, se laissaient retomber, roulaient les yeux, lançaient des mouvements désordonnés avec les mains et les bras. Peu à peu l’agitation se calma, les pupilles s’agrandirent au maximum. Les condamnés restèrent étendus tranquillement. La mort survint respectivement cent vingt et une, cent vingt-trois et cent vingt-neuf minutes après la blessure. »

Inutile de préciser que les balles empoisonnées ne furent jamais fabriquées industriellement. L’expérience « pour voir » ne servit à rien.
    *
    * *
    Cet « essai » est à rapprocher d’une série de crimes, plus atroces encore, commis à Ravensbrück.



Le professeur Hirt, directeur de l’Institut d’Anatomie de la faculté de Médecine de Strasbourg. « Dès son installation, il veut faire de cette ville…le grand centre mondial de documentation sur les problèmes des races inférieures… Un musée de sous-hommes où l’on accumulera les preuves de la dégénérescence, de l’animalité des Juifs… Comme tous les Juifs disparaîtront sous peu de la planète, leur squelette sera plus rare et plus précieux que celui d’un diplodocus…»
    Archives Bernadac

Deux SS de service au camp de jeunesse, Happ et Koehler, n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur le problème qui leur semblait capital à la veille de la libération du camp :
    —  Souffre-t-on beaucoup si l’on est blessé par balle ? Combien de temps faut-il pour mourir si l'on est touché aux jambes, au ventre, au visage ?
    —  Nous n’avons qu’à essayer.
    —  Essayer ? Un médecin pourrait nous renseigner.
    —  Non rien ne vaut l’observation directe. D’ailleurs les médecins ont beaucoup d’autres expériences en train pour nous écouter…
    La folie expérimentale des médecins avait déteint depuis longtemps sur les gardiens des camps. On ne compte pas ces « recherches imbéciles » tentées par les SS ; chaque déporté peut en citer des dizaines. Combien de temps un homme peut-il tenir debout sur un pied ? Les records sont homologués par le secrétariat du directeur. Combien de kilomètres peut parcourir un homme affaibli en marchant, en courant, avant de s’écrouler ? Études sur la gymnastique, les heures de sommeil, le rendement, la nourriture, la « distribution » et la « réception » des coups. Comment se débarrasser des corps ? Recueillir le plus rapidement possible les vêtements, les dents ? Etc.
    Happ et Koehler étaient décidés, rien n’aurait pu les arrêter.
    Vera Salvequart une infirmière SS du camp a témoigné au procès de Ravensbrück, avant d’être, elle-même, condamnée l .
    —  C’est approximativement le 5 ou 10 avril 1945 qu’un convoi d’environ deux cents femmes, dont quatorze

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