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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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qui pourrait être le plus contraire à la nature d’une femme et d’une mère que de regarder froidement ses fils aller à la mort ? Est-ce que toutes les fibres de son corps ne crient pas leur souffrance et leur révolte dans cette épreuve ? Est-ce que son cœur ne crie pas : non ! Pas mon fils ! Épargnez-le ! Le fait que les femmes arrivent à rassembler assez de courage pour faire taire leur nature la plus profonde est la raison pour laquelle nous admirons nos mères, nos sœurs et nos femmes. C’est cela, je crois, Dienekès, l’essence du courage féminin et la raison pour laquelle il est supérieur au courage masculin.
    Mon maître hocha la tête. Mais Alexandros s’agita. On voyait qu’il n’était pas satisfait.
    — Ce que tu as dit est vrai, Ariston. Je n’y avais jamais pensé. Mais il faut dire ceci. Si la supériorité des femmes tenait à ce qu’elles sont capables de rester impassibles quand leurs fils vont à la mort, cela en soi-même ne serait pas seulement contre nature, ce serait aussi grotesque et même monstrueux. Ce qui prête de la noblesse à leur comportement est qu’elles agissent ainsi au nom d’une cause plus élevée et désintéressée. Ces femmes que nous admirons donnent les vies de leurs fils à leur pays, afin que leur nation puisse survivre, même si leurs fils périssent. Nous avons entendu depuis notre enfance l’histoire de cette mère qui, apprenant que ses cinq fils étaient morts à la guerre, a demandé : « Est-ce que nous avons gagné ? » Et, quand elle a appris que nous avions gagné, en effet, elle est retournée chez elle sans une larme et elle a dit : « Dans ce cas, je suis contente. » Est-ce que ce n’est pas cette noblesse-là qui nous émeut dans le sacrifice des femmes ?
    — Tant de sagesse dans la bouche de la jeunesse ! s’écria Dienekès en riant.
    Il donna une tape sur les épaules des deux garçons, puis ajouta :
    — Mais tu n’as pas répondu à ma question : qu’est-ce qui est le contraire de la peur ?
    Puis il promit de nous raconter, quand nous serions aux Portes, une histoire du roi Léonidas et un secret qu’il avait confié à Paraleia, la mère d’Alexandros. Et puis il demanda qu’on mît fin à l’entretien, sous peine de paraître efféminés.
    Dans les premières lueurs de l’aube, nous vîmes notre énotomarque prendre congé du Conseil royal et retourner vers son peloton. Là, il se défit de sa cape et convoqua les hommes à l’entraînement gymnastique.
    — Debout, donc.
    Et Ariston se leva et nous arracha Alexandros et moi à nos réflexions.
    Nous avions à peine commencé l’entraînement qu’un fort coup de sifflet venant du mur mit tout le monde en alerte. Un héraut ennemi avançait à l’embouchure du défilé. Parvenu à une certaine distance, il cria le nom du polémarque Olympias, le père d’Alexandros. On lui fit signe d’avancer. Il s’exécuta, escortant un seul officier et un jeune garçon, et cria trois autres noms d’officiers spartiates : Aristodème, Polynice et Dienekès. Les quatre hommes furent appelés par l’officier de guet, étonné comme nous tous par la spécificité de la requête.
    Le soleil était haut. Plusieurs fantassins alliés se tenaient sur le mur. La délégation perse avança encore et Dienekès en reconnut tout de suite le chef. C’était le capitaine Ptammitèque, « Tommie », le marin égyptien que nous avions rencontré quatre ans auparavant à Rhodes et avec lequel nous avions échangé des cadeaux. Le garçon était son fils ; parlant couramment le grec attique, il servirait d’interprète.
    Les retrouvailles furent chaleureuses ; on échangea des claques dans le dos et des poignées de mains. Les Spartiates s’étonnèrent que l’Égyptien se trouvât là sans sa flotte, puisqu’il était après tout un marin. Tommie répondit que lui seul et son peloton avaient été assignés au service de terre ; il avait été mandé à sa propre demande par le commandement impérial pour servir d’ambassadeur officieux auprès des Spartiates. Il avait, en effet, gardé de ces derniers un excellent souvenir et souhaitait avant tout leur être utile.
    La foule qui l’entourait se montait maintenant à une centaine de personnes. L’Égyptien dominait d’une demi-tête le plus grand Hellène et sa coiffe de lin plié ajoutait encore à sa stature. Son sourire était resté éclatant. Il était chargé, dit-il, d’un message du roi

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