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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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des biens qui ne s’accordent pas à la pointe du stylet, mais à celle de la lance.
    Je jetai un coup d’œil sur les Alliés ; beaucoup pleuraient. L’Égyptien s’en avisa, mais n’en parut pas démonté.
    — Amis, amis, je vous contrarie avec des sujets dont il faudrait débattre non pas ici, mais devant votre roi. Veuillez me conduire à lui.
    — Il te dira la même chose, frère, lui rétorqua Dienekès.
    — Et dans des termes autrement plus crus, lança un Spartiate dans l’assistance.
    L’Égyptien attendit la fin des rires.
    — Puis-je alors entendre la réponse de la bouche du roi ?
    — Il nous ferait fouetter, lui dit Dienekès en souriant.
    — Il nous arracherait la peau du dos, ajouta le même Spartiate anonyme dans l’assistance.
    L’Égyptien dévisagea alors celui-ci, qui était venu se ranger derrière Aristodème ; il avait visiblement plus de soixante ans, mais sa tunique et son manteau grossier étaient pareils à ceux des fantassins beaucoup plus jeunes, ce qui étonna l’émissaire.
    — Je vous en prie, mes amis, poursuivit l’Égyptien, ne vous laissez pas déborder par l’orgueil ou la passion passagère, mais permettez-moi de soumettre à votre roi les conséquences futures d’une telle décision. Laissez-moi présenter les ambitions de Sa Majesté perse dans leur perspective. La Grèce n’est qu’un point de départ. Le Grand Roi gouverne déjà toute l’Asie. Son objectif est désormais l’Europe. À partir de l’Hellade, l’armée de Sa Majesté entend conquérir la Sicile et l’Italie et de là, l’Helvétie, la Germanie, la Gaule, l’Ibérie. Avec vous à nos côtés, quelle force pourrait nous résister ? Nous marcherons triomphalement vers les Colonnes d’Héraklès et au-delà, jusqu’aux confins de l’Océan !
    » Je vous en prie, mes amis, considérez l’alternative. Résistez maintenant dans la force de vos armes et vous serez écrasés, votre pays sera envahi, vos femmes et vos enfants seront emmenés en esclavage. La gloire de Lacédémone, pour ne pas dire son existence elle-même, sera effacée pour toujours de la surface de la terre. Ou choisissez la voie de la prudence, assumez avec honneur votre position à l’avant-garde de la vague invincible de l’Histoire. Les terres que vous gouvernez maintenant ne seront rien comparées à celles que le Grand Roi vous accordera. Joignez-vous à nous, frères. Conquérez avec nous le monde entier ! Xerxès fils de Darius le jure : aucune nation et aucune armée ne vous surpasseront en rang dans les forces de Sa Majesté ! Et, si, mes amis spartiates, l’abandon de vos frères hellènes vous paraissait déshonorant, le roi Xerxès étend son offre à tous les Grecs. Il assurera leur liberté à tous les Alliés helléniques, quelle que soit leur nation, et ils ne le céderont qu’à vous parmi ses vassaux !
    Ni Olympias, ni Aristodème, ni Dienekès, ni Polynice ne pipèrent mot. Ils se tournèrent simplement vers le vieil homme au manteau ordinaire.
    — Chez les Spartiates, tout le monde a droit à la parole, et pas seulement les ambassadeurs, puisque nous sommes tous pairs et égaux devant la loi, dit celui-ci en s’avançant. Puis-je prendre la liberté, ami, de te suggérer une autre solution qui sera bien accueillie, j’en suis sûr, et pas seulement par les Lacédémoniens, mais aussi par tous leurs alliés grecs ?
    — Je t’en prie, répondit l’Égyptien.
    Tout le monde regardait le vieil homme.
    — Que Xerxès se rende à nous, dit celui-ci. Notre générosité ne sera pas inférieure à la sienne. Nous le considérerons, lui et ses forces, comme le plus éminent de nos alliés et nous lui accorderons tous les honneurs qu’il propose de nous accorder avec tant de munificence.
    L’Égyptien éclata de rire.
    — Je vous en prie, mes amis, nous perdons un temps précieux. Il détourna son attention du vieil homme et, d’un ton teinté d’impatience, répéta sa requête à Olympias : conduis-moi à ton roi.
    — Ce n’est pas la peine, ami, dit Polynice.
    — Le roi est un sacré vieux phénomène, ajouta Dienekès.
    — En fait, dit le vieil homme, c’est un type irascible et mal embouché, il sait à peine lire et on raconte qu’il est ivre la plupart du temps avant midi.
    Un sourire se peignit lentement sur le visage de l’Égyptien. Se tournant vers Olympias et mon maître, il leur dit :
    — Je vois.
    Puis il se tourna cette fois vers le vieil

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