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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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peut rien non plus, car elle glisse dessus. La ligne ennemie doit être attaquée par une troupe de choc, puis renversée. Elle doit être heurtée avec tant de force que le premier rang tombe en arrière et renverse les suivants, comme des amphores lors d’un tremblement de terre.
    Ce fut exactement ce qui se produisit. Les archers mèdes n’étaient pas disposés en rangs serrés, où chacun eût renforcé son voisin, mais en quinconce, afin que chaque rang pût tirer dans les intervalles entre les soldats du rang précédent. De surcroît, ces rangs étaient forcément séparés par l’espace nécessaire pour bander un arc. Le résultat fut celui qu’on escomptait : le premier rang s’effondra immédiatement lors du choc ; les longs boucliers basculèrent vers l’arrière et leurs pointes d’ancrage furent arrachées du sol comme des piquets de tente dans une tempête. Ils tombèrent sur les archers comme un mur de fortification s’écroule sous les coups d’un bélier. Les Spartiates avancèrent donc sur le premier rang terrassé, puis le second et le troisième. Houspillés par leurs officiers, les rangs de l’arrière tentèrent désespérément de s’accrocher, mais, dans leurs face-à-face avec les Spartiates, les arcs ne leur servaient plus à rien et ils les jetèrent. Ils se battirent avec leurs sabres. Ils formèrent soudain un front qui agitait des sabres, un au bout de chaque bras. Leur courage était indéniable, mais leurs lames trop légères ne valaient guère mieux que des jouets. Ils ne se seraient pas mieux défendus avec des roseaux ou des tiges de céleri.
    Le soir, des déserteurs grecs qui s’étaient enfuis dans la confusion nous apprirent que les derniers rangs de l’ennemi, les trentième et quarantième à partir du front, s’étaient trouvés tellement débordés par le recul qu’ils étaient tombés de la Voie Trachinienne à la mer. Le chaos avait régné sur une section de plusieurs dizaines de stades au-delà du goulet, là où la route passait d’un côté à flanc de montagne et, de l’autre, à pic au-dessus du golfe, à quatre-vingts pieds au-dessous. Au-dessus de ce précipice, de malheureux lanciers et archers mèdes, renversés par douzaines, s’étaient accrochés aux hommes devant eux et les avaient entraînés dans leur chute mortelle. Nous apprîmes aussi que Sa Majesté avait assisté directement à ce désastre, puisqu’Elle se trouvait presque directement au-dessus du site, et qu’Elle s’était levée une seconde fois, alarmée du sort de ses soldats.
    Le terrain tout de suite à l’arrière des Spartiates était jonché de cadavres et de mourants. Mais les Mèdes avaient été repoussés si fort et si vite qu’un grand nombre d’entre eux avait survécu sans dommages. Ils retournèrent donc au combat, mais ce fut pour affronter immédiatement les rangs massifs des réserves alliées, venues prendre la relève des Spartiates.
    Un nouveau massacre s’ensuivit quand les Tégéates et les Locriens d’Opontide tombèrent sur ces moissons non encore fauchées. Tégée est voisine de Lacédémone et ses habitants s’étaient battus pendant des siècles avec les Lacédémoniens pour une question de frontières ; puis, au cours des trois générations précédentes, ils étaient devenus alliés et camarades. Spartiates mis à part, les Tégéates sont les plus émérites et les plus féroces des guerriers du Péloponnèse. Quant aux Locriens d’Opontide, ils se battaient là pour leur propre territoire ; en effet, leurs maisons, leurs champs et leurs temples se trouvaient à une heure de marche des Thermopyles. Ils savaient que l’ennemi ne faisait pas de quartier ; et le mot « quartier » était également absent de leur vocabulaire.
    Je tirai vers l’arrière un chevalier blessé, Doréion, l’ami de Polynice, quand je mis le pied jusqu’à la cheville dans un ruisseau. Par deux fois, je tentai de reprendre mon équilibre et par deux fois je glissai. Par quel malin hasard un ruisseau avait-il jailli soudain de la montagne ? Je baissai les yeux ; j’avais les pieds couverts de sang, qui coulait dans une ornière comme dans une rigole d’abattoir.
    Les Mèdes avaient donc cédé. Les Tégéates et les Locriens d’Opontide venus en renfort passèrent les rangs des Spartiates épuisés et poursuivirent l’assaut contre l’ennemi hors d’haleine. C’était au tour des Alliés.
    — Faites-leur tâter du fer, les amis ! cria un

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