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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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déserteurs étaient arrivés au bout de la haie d’infamie. Ce fut alors que le deuxième d’entre eux, celui qui s’était traîné le plus misérablement, se retourna et cria aux soldats :
    — Abrutis ! Vous allez tous mourir ! Allez tous crever aux Enfers !
    Et, sur un cri sarcastique, il descendit la pente, suivi par ses compagnons. Ils regardaient par-dessus leurs épaules comme des chiens. Léonidas fit transmettre sur-le-champ un ordre au polémarque Derkylide, qui le transmit à son tour à l’officier des gardes : désormais, il n’y aurait plus de sentinelles à l’arrière, ni de précautions pour empêcher d’autres désertions. Un cri retentit. Les hommes prirent leurs places.
    Dienekès nous rejoignit. Il dit à l’officier des Skirites, Lachide, le frère de Chien :
    — Confie-moi ce manant, veux-tu ? en indiquant le Coq d’un geste las. C’est mon bâtard de neveu. Je lui couperai la gorge moi-même.

6
    Sa Majesté connaît bien mieux que moi les détails des intrigues qui menèrent à l’ultime trahison des Alliés ; c’est-à-dire l’identité du traître trachinien qui alla informer les commandants de Sa Majesté de l’existence d’un sentier de montagne par lequel on pouvait encercler les Murailles de Feu, et Elle sait la somme qui fut payée à ce criminel sur le trésor de la Perse.
    Les Grecs devinèrent cette perfidie, d’abord par les augures au matin du deuxième jour de combat, ensuite par les dires de déserteurs tout au long de la journée, enfin le soir du sixième jour d’occupation du défilé, par des témoignages oculaires.
    Un ennemi de leur noblesse avait approché les lignes grecques au moment du changement de la première garde, deux heures environ après la cessation des hostilités de la journée. Il s’identifia comme Tyrrhastiade de Kyme, capitaine d’un détachement de mille hommes. C’était le plus bel ennemi, grand et magnifiquement vêtu, qui eût jusque-là déserté. Il s’exprima dans un grec sans défaut. Sa femme était une Hellène d’Halicarnasse, dit-il, et ce fait ainsi que le sentiment de l’honneur l’avaient poussé à rejoindre les Alliés. Il informa le roi de Sparte qu’il avait été présent dans la tente de Xerxès le soir où le traître, dont j’ai appris mais refuse de répéter le nom, s’était avancé et avait demandé la récompense de Sa Majesté pour guider les forces perses par le sentier inconnu.
    Tyrrhastiade rapporta également qu’il avait été présent lorsque Sa Majesté avait donné aux bataillons perses l’ordre de se mettre en formation et puis en marche. Ayant regarni leurs rangs, les Immortels, qui étaient de nouveau dix mille, se mirent donc en route sous le commandement de leur général Hydarne. Ils étaient en ce moment même sur le sentier que leur indiquait le guide traître.
    Sa Majesté, qui sait les conséquences catastrophiques de cette trahison pour les Grecs, s’étonnera sans doute de leur réaction aux informations du noble Tyrrhastiade : ils ne le crurent pas. Ils pensèrent que c’était une ruse.
    Une réaction aussi absurde ne peut se comprendre, non seulement qu’eu égard à l’épuisement et au désespoir des Alliés, mais également à l’exaltation et au mépris de la mort qui leur correspondent, comme les deux faces d’une pièce de monnaie. Les combats du premier jour avaient suscité des actes de courage et d’héroïsme extraordinaires. Le lendemain vit surgir des prodiges, dont le plus remarquable était simplement d’avoir survécu. Combien de fois au cours de ces quarante-huit heures de massacres, chaque guerrier ne s’était-il pas trouvé au seuil de sa mort ? Et combien de fois les masses écrasantes de l’ennemi n’avaient-elles pas déferlé sur les Alliés avec une puissance et un courage irrésistibles ? Et pourtant, le front tenait.
    À trois reprises, le deuxième jour, les lignes des défenseurs avaient été sur le point de céder. Sa Majesté a vu ce moment, juste avant la tombée de la nuit, où les myriades de soldats de l’Empire déferlèrent dans une brèche du Mur en criant victoire. Néanmoins, le Mur résista et les Thermopyles ne tombèrent pas.
    Pareillement, les flottes s’étaient affrontées au large de Skiathos. Sous les falaises de l’Artémision, les navires s’étaient éperonnés, proue de bronze contre bois armé, de même qu’en haut l’acier se heurtait à l’acier. Les défenseurs du défilé

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