Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
Vom Netzwerk:
dans le sac du courrier qui part demain. Ils t’émancipent, toi et ta famille, ton fils inclus.
    C’était l’enfant dont Aretê avait sauvé la vie, la nuit des krypteia, celui qui avait fait de Dienekès le père d’un garçon vivant et donc un candidat pour les Trois Cents ; l’enfant dont la vie causerait la mort de Dienekès, ainsi que celle d’Alexandros et de Suicide, puisqu’ils lui étaient associés. Sans parler de la mienne.
    — Si tu le veux, dit Léonidas en regardant le Coq dans les yeux, devant le feu que le vent fouettait, tu peux changer le nom d’Idotychide qui est celui de ce garçon. C’est un nom Spartiate et je sais que tu ne nous portes pas d’affection. Tu peux lui donner un nom messénien, mais il faut en décider maintenant, avant que les papiers partent.
    J’avais souvent vu le Coq fouetté à Lacédémone, mais je ne lui avais jamais vu les yeux mouillés.
    — Je suis plein de honte, seigneur, dit-il à Léonidas, d’avoir arraché cette bonté par la force.
    Il se redressa devant le roi et dit que le nom Idotychide était un noble nom que son fils serait fier de porter.
    Le roi posa sa main sur l’épaule du Coq comme il l’eût fait pour un fils et lui dit :
    — Reviens vivant, Dekton. Demain, je te ferai conduire vers le salut.
    Avant que l’équipe de Dienekès eût franchi cinq stades au-dessus d’Alpenoï, la pluie tomba à grosses gouttes. La pente douce de la montagne était devenue raide ; c’était de la craie friable. Sous l’averse, elle se changea en purée. Le Joueur de Ballon prit la tête de l’ascension, mais il devint évident qu’il s’était égaré dans le noir. Nous avions quitté le sentier principal et nous étions fourvoyés sur les chemins de chèvre qui s’entrecroisaient sur les pentes. Mais l’équipe retrouva enfin le chemin en tâtonnant, chacun prenant la tête à tour de rôle, sans son armure, tandis que les autres allaient armés, avec le bouclier et l’épée. Personne ne portait de casque, rien que les bonnets de feutre. Or, ceux-ci furent détrempés par la pluie et l’eau en dégoulinait devant les yeux. L’ascension devint une escalade pure et simple, chacun se hissant d’un appui du pied à un appui de la main, la joue contre la pierre, tandis que ruisselaient sur lui des torrents glacés et que des éboulis le lapidaient, et tout cela dans le noir.
    Une crampe m’avait saisi le mollet blessé, qui brûlait comme si l’on y avait enfoncé un tison. Chaque fois que je me hissais, la douleur manquait me faire perdre connaissance. Dienekès n’en menait pas plus large. Sa vieille blessure de l’Achilléion l’empêchait de lever le bras gauche au-dessus de l’épaule et sa cheville droite était incapable de flexion. Pour comble, l’orbite de l’œil perdu s’était remise à saigner et la pluie diluait le sang qui ruisselait le long de sa barbe et sur le cuir de son corselet. Il clignait de son œil unique en direction de Suicide qui, les deux épaules bloquées par ses blessures et les bras plaqués au corps, se tortillait comme un serpent le long de la pente boueuse.
    — Par les dieux, murmura Dienekès, cette aventure est une galère.
    Nous atteignîmes le premier pic au bout d’une heure. Nous étions au-dessus de la nappe de brume. La pluie avait cessé. La nuit était devenue claire, venteuse et froide. La mer grondait à mille pieds au-dessous, couverte par une nappe de brume que la lune teignait d’argent. Demain, ce serait la pleine lune. Le Joueur de Ballon nous fit soudain signe de nous taire. Nous nous mîmes à couvert et il pointa du doigt vers l’autre bord d’une crevasse. À quelque trois stades de nous on reconnaissait le trône de Sa Majesté sous un dais, ce trône du haut duquel Elle avait observé les deux premiers jours de combats. Des domestiques démantelaient la plate-forme et le pavillon.
    — Ils s’en vont. Mais où ?
    — Peut-être en ont-ils assez. Ils rentrent chez eux.
    Nous trottinâmes sur la crête jusqu’à un rebord couvert où nous ne pouvions pas être vus. Tout ce que nous portions était trempé. Je préparai une compresse et l’essorai pour l’appliquer sur l’orbite de mon maître.
    — J’ai l’impression que ma cervelle s’enfuit avec le sang, dit-il, je ne vois pas d’autre raison pour laquelle je me trouverais dans cette expédition sans issue.
    Il fit boire du vin aux hommes, pour les réchauffer et calmer les douleurs que leur causaient

Weitere Kostenlose Bücher