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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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leurs blessures. Suicide continuait de lorgner vers l’autre bord de la crevasse, où les domestiques perses emballaient les sièges d’apparat de leur maître.
    — Xerxès pense que demain ce sera la fin. Je vous parie qu’il sera à cheval dès l’aube, au premier rang dans le goulet, pour savourer son triomphe.
    La crête de la montagne était large et droite. Le Joueur de Ballon en tête, nous suivîmes des sentiers de chasse à travers les buissons de sumac et de stramoine. La piste menait maintenant vers l’intérieur des terres et l’on ne voyait plus la mer. Nous traversâmes deux crevasses, puis l’un de ces torrents qui alimentaient l’Asope, du moins notre guide le croyait-il. Dienekès me toucha l’épaule et indiqua un pic au nord.
    — C’est l’Œta. Là où Héraklès est mort.
    — Crois-tu qu’il viendra cette nuit à notre secours ?
    Nous parvînmes à une pente boisée qu’il fallut encore escalader en s’aidant des mains. Soudain, les branches craquèrent dans les buissons au-dessus. Des formes se profilèrent, indéchiffrables. Toutes les mains se posèrent sur les armes.
    — Des hommes ?
    Le bruit s’éloigna.
    — Des cerfs.
    En un clin d’œil, les bêtes furent à cent pas. Le silence revint, troublé seulement par le vent qui agitait les cimes.
    Pour une raison ou une autre, cette rencontre réconforta les hommes. Alexandros s’avança dans les buissons. Les couverts où les cerfs s’étaient abrités étaient secs, la terre dense et foulée par les animaux, serrés flanc contre flanc.
    — Sens la terre, elle est encore chaude.
    Le Joueur de Ballon se préparait à se vider la vessie.
    — Non, lui dit Alexandros. Ou bien les cerfs ne viendront plus ici.
    — Et qu’est-ce que ça te fait ?
    — Pisse sur la pente, lui ordonna Dienekès.
    Cet abri évoquait étrangement un foyer, un havre. L’odeur des cerfs y était encore forte. Personne parmi nous ne dit un mot, mais j’étais certain qu’ils avaient la même idée : comme ce serait doux de s’étendre ici, comme les cerfs, et de fermer les yeux. De laisser la peur s’enfuir des membres. D’être un moment libre de terreur.
    — C’est un beau pays pour la chasse, dis-je. Ce sont des pistes de sangliers que nous avons traversées. Je parie qu’il y a aussi des ours. Même des lions.
    — Nous viendrons chasser ici l’automne prochain, dit Dienekès en se tournant vers Alexandros. Qu’est-ce que tu en dis ?
    Le visage cassé du jeune homme s’efforça de sourire.
    — Tu viendras avec nous, Coq. Nous prendrons une semaine. Sans chevaux ni rabatteurs. Rien que deux chiens par chasseur. Nous vivrons de la chasse et nous reviendrons drapés de peaux de lion comme Héraklès. Nous inviterons même notre cher ami Polynice.
    Le Coq regarda Dienekès comme si ce dernier était devenu fou. Puis un sourire sarcastique détendit ses traits.
    — D’accord donc, dit mon maître. L’automne prochain.
    À la crête suivante, le groupe descendit le long du torrent. Comme il était bruyant, la discipline se relâcha. Puis des voix résonnèrent. Tout le monde se figea. Le Coq, qui menait la file, s’accroupit. Nous étions dans la plus mauvaise formation pour nous battre.
    — Est-ce qu’ils parlent perse ? chuchota Alexandros, tendant l’oreille.
    Soudain les voix se turent. Ces gens nous avaient aussi entendus. À deux pas au-dessous de moi, Suicide s’emparait silencieusement de deux « aiguilles à repriser ». Dienekès, Alexandros et le Coq serraient le poing sur leurs lances. Et le Joueur de Ballon balançait une hache.
    — Hé, c’est vous ?
    De l’obscurité surgit Chien, le Skirite, une épée dans une main et une dague dans l’autre.
    — Par les dieux, vous nous avez foutu une de ces trouilles !
    C’était le groupe de Polynice, qui avait fait une pause pour grignoter un peu de pain sec.
    — Qu’est-ce que c’est, un pique-nique ? dit Dienekès en s’approchant.
    Nous nous donnâmes des accolades, soulagés. Polynice signala que la route détournée que son groupe avait empruntée était rapide et facile ; ils étaient arrivés à cette clairière un quart d’heure auparavant.
    — Viens voir, dit le chevalier à mon maître.
    Tout le groupe suivit. Sur l’autre rive du torrent, à dix pieds sur la pente, il y avait un chemin assez large pour que deux hommes pussent passer de front. Même dans la pénombre de la vallée, on voyait que la terre en avait été

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