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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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foulée.
    — C’est le sentier de montagne que suivent les Immortels. Quoi d’autre, sinon ?
    Dienekès s’agenouilla pour examiner le sol. Il avait été fraîchement foulé à peine deux heures plus tôt. On reconnaissait en haut de la côte les raidillons que les pieds des Dix Mille avaient creusés sous leur poids. Dienekès choisit l’un des hommes de Polynice, le boxeur Télamon, pour rebrousser chemin et informer Léonidas. L’homme n’était pas content.
    — Pas de protestations, coupa Dienekès. Tu es le plus rapide et tu connais le chemin. Ce doit être toi.
    Le pugiliste s’élança sur le sentier. Un autre homme du groupe de Polynice était absent.
    — Où est Doréion ?
    — En bas sur le sentier, en train de fouiner.
    Un moment plus tard, ce chevalier, dont la sœur Althée était l’épouse de Polynice, apparut venant d’en bas ; il s’était déshabillé pour aller plus vite.
    — Qu’est-ce qui est arrivé à ta queue ? lui dit gaiement Polynice. Elle a rétréci comme un gland de chêne.
    Le chevalier se mit à rire et saisit son manteau qui pendait à une branche. Il rapporta que le sentier se terminait à environ quatre cents pas de là. Toute une forêt avait été abattue, probablement le soir même, immédiatement après que les Perses eurent été informés de l’existence de ce sentier. C’était sans doute là que les Immortels s’étaient mis en formation avant de repartir.
    — Qu’est-ce qu’il y a là-bas ?
    — De la cavalerie. Trois, peut-être quatre escadrons.
    Des Thessaliens, précisa Doréion, ces Grecs qui avaient rallié l’ennemi.
    — Ils ronflent comme des porcs. Le brouillard est comme de la soupe. Tout le monde est enfoui dans son manteau, même les sentinelles.
    — On peut les contourner ?
    Doréion hocha la tête.
    — Il n’y a que des pins alentour. Un tapis d’aiguilles mortes. Tu peux courir dessus sans faire un bruit.
    Dienekès lui montra la clairière où nous nous trouvions.
    — Ceci sera notre point de rendez-vous. Nous nous retrouverons ici après. Toi ou quelqu’un de ton groupe nous guidera sur le retour, sur le chemin le plus rapide.
    Puis il demanda au Coq de décrire pour tous le plan du camp ennemi, dans le cas où il lui adviendrait quelque chose entretemps. Ils burent ce qui restait de vin. L’outre passa des mains de Polynice à celles du Coq, qui profita de ce moment d’intimité avant l’action.
    — Dis-moi la vérité. Tu aurais vraiment tué mon fils, la nuit des krypteia ?
    —  Je le tuerai si tu nous crées des embrouilles cette nuit.
    — Dans ce cas, dit l’hilote, c’est avec plus d’impatience encore que j’attendrai ta mort.
    L’heure était venue pour le Joueur de Ballon de se mettre en route. Il accepta de guider les Grecs jusqu’à un point donné, mais pas plus loin. À l’étonnement général, il semblait pris de scrupules.
    — Écoutez, dit-il, je veux rester avec vous, vous êtes des hommes bien, je vous admire. Mais, en toute conscience, je ne peux pas le faire sans être dédommagé.
    Cela parut hilarant à tout le monde.
    — Tes scrupules sont hors de propos, étranger, observa Dienekès.
    — Tu veux un dédommagement, dit Polynice en se tenant les parties. Je te réserve ça.
    Mais ça n’amusait pas le Joueur de Ballon.
    — Allez aux Enfers, marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour les autres.
    Mais il prit sa place dans le petit groupe sans autres imprécations. Il restait donc.
    Le groupe ne se diviserait plus : à partir de là, ils se suivraient en deux groupes de cinq, le Joueur de Ballon attaché aux quatre du groupe de Polynice, pour remplacer Télamon. Ils passèrent sans encombre devant les Thessaliens assoupis. Au retour, si tant est qu’ils retourneraient, ils seraient inévitablement pêle-mêle, et ce serait un atout indéniable que de disposer d’un repère aussi grand qu’une forêt abattue. Ils pourraient déclencher la panique chez les chevaux des Thessaliens, afin de créer de la confusion, s’il fallait traverser le camp sous les flèches ; et leurs cris en grec passeraient inaperçus chez les Thessaliens, puisqu’ils parlaient grec.
    Au bout d’une demi-heure de marche, les deux escouades se trouvèrent à l’orée d’une forêt qui surplombait directement la cité de Trachis. L’Asope courait sous les murs de celle-ci dans un grondement assourdissant. Un vent glacé s’engouffrait dans les gorges du torrent. Nous aperçûmes

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