Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
Vom Netzwerk:
Aristodème, sur l’île de Rhodes, une possession de l’Empire de Sa Majesté. Là, ces guerriers et moi-même entrevîmes pour la première fois une fraction de la puissance militaire de la Perse.
    Ce furent d’abord les navires. L’on m’avait laissé l’après-midi libre et je mis ce temps à profit pour découvrir ce que je pouvais de l’île ; je m’étais donc attaché à une compagnie de frondeurs rhodiens qui s’exerçaient. Je regardai ces bouillants gaillards expédier à une étonnante vitesse des boulets de plomb gros comme trois pouces. Ils pouvaient à cent pas faire traverser à ces projectiles meurtriers une planche de pin épaisse comme le doigt et, trois fois sur quatre, faire mouche sur une cible de la taille d’une poitrine d’homme. L’un d’eux, un garçon de mon âge, me montra comment les frondeurs gravaient à la pointe de leurs dagues des messages fantaisistes sur le plomb : « Mange ça » ou bien « Amour et baisers ». Un autre garçon de la même compagnie pointa le doigt vers l’horizon, en direction de l’Égypte. Nous vîmes des voiles, peut-être une escadre, à une heure de là. Les frondeurs les oublièrent et reprirent leurs exercices. Quelques instants plus tard, il me semble, le même garçon attira de nouveau notre attention, mais, cette fois, avec des cris de stupeur. Tout le monde regarda. Et voilà que l’escadre, des vaisseaux à trois ponts, doublait déjà le cap, toutes voiles dehors pour aller plus vite et filait vers le môle. Personne n’avait jamais vu des vaisseaux de cette taille courir ainsi. Ce devaient être des navires de course, dit quelqu’un. Aucun navire ordinaire, et certes pas un navire de guerre, ne pouvait fendre les flots à cette allure.
    Mais c’étaient bien des vaisseaux de guerre. Des trirèmes tyriennes à la ligne de flottaison si basse que la houle semblait monter à la hauteur des bancs de rameurs. Ils faisaient une course de vitesse pour le plaisir, sous la bannière de Sa Majesté. Ils s’entraînaient en vue de la Grèce. De la guerre. Pour le jour où leurs éperons de bronze enverraient les navires de l’Hellade par le fond.
    Ce soir-là, Dienekès et les autres délégués s’en furent à pied vers le port. Les navires de guerre étaient amarrés le long du quai, dans une zone dirigée par des marins égyptiens. Ces derniers reconnurent les Spartiates à leurs capes écarlates et à leurs longs cheveux, dans la foule qui venait béer devant les vaisseaux. La scène qui s’ensuivit fut piquante. Le capitaine des marins invita les Spartiates à s’avancer et leur proposa un grand tour d’inspection des navires. Par le truchement d’un interprète, les uns et les autres se demandèrent dans combien de temps ils seraient en guerre les uns contre les autres et si le destin les opposerait dans un affrontement en ligne.
    Les marins égyptiens étaient les hommes les plus grands que j’eusse jamais vus. Ils étaient tannés au noir par le soleil de leurs déserts et portaient leurs uniformes, bottes en peau de daim, cuirasses de bronze en écailles de poisson et casques garnis de plumes d’autruche et d’or. Leurs armes étaient la pique et le cimeterre. Tous ces marins étaient d’excellente humeur, ils comparaient les muscles de leurs fesses et de leurs cuisses à ceux des Spartiates et tout le monde y allait de ses commentaires joyeux, évidemment inintelligibles à l’autre.
    — Ravi de te rencontrer, espèce de face d’hyène, déclara Dienekès au capitaine, en langue dorique et tout en administrant au gradé une claque amicale sur l’épaule. Je suis impatient de te couper les couilles et de les expédier chez moi dans un panier.
    L’Égyptien éclata de rire, ne comprenant sans doute pas l’injure et, le visage toujours hilare, répliqua sans doute par une obscénité également menaçante dans sa propre langue.
    Dienekès lui demanda son nom et le capitaine répondit « Ptammitèque ». Le Spartiate achoppa sur ce nom et décida que ce serait « Tommie », ce qui sembla convenir à l’autre. Il demanda à l’Égyptien combien de navires tels que celui-là le Grand Roi pouvait aligner dans sa marine.
    — Soixante, fut la réponse.
    — Soixante navires ? s’étonna Aristodème.
    L’Égyptien lui opposa un sourire triomphal.
    — Soixante escadres.
    Les marins guidèrent les Spartiates dans une visite plus détaillée des navires qui, halés sur le sable, avaient été montés sur

Weitere Kostenlose Bücher