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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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si j’allais le servir que me confirmer ce que j’avais ignoré jusqu’alors : j’avais été toute ma vie à son service.
    Le chaleur me revint dans les entrailles, le sang afflua dans mes jambes et mes pieds. J’entendis qu’on m’appelait d’en bas et je compris que c’étaient ma cousine et Bruxieus alarmés, qui battaient la colline à ma recherche.
    Diomaque m’atteignit la première, titubant dans la neige ; elle s’élança vers le bosquet de pins.
    — Que fais-tu ici tout seul ?
    Je sentis qu’elle m’administrait des claques sur les joues, comme pour me ramener à moi et me sortir d’un transport ; elle me serrait et me secouait en pleurant et puis elle se défit de son manteau pour m’en couvrir. Elle appela Bruxieus qui, n’y voyant guère, escaladait la colline aussi vite qu’il le pouvait.
    — Je vais bien, m’entendis-je déclarer. Elle me giflait encore, pleurant et me maudissant pour mon imprudence et la peur que je leur avais value. Je vais bien, Dio, répétai-je, je vais bien.

7
    J’implore la patience de Sa Majesté pour ce récit des événements qui suivirent le sac d’une cité dont Elle n’a jamais entendu parler, une cité obscure qui n’avait pas donné naissance à un héros fameux, une cité sans lien avec les grands événements de la guerre actuelle et de la bataille que les armées de Sa Majesté ont livrée aux Spartiates et à leurs alliés au défilé des Thermopyles.
    Mon intention est simplement de restituer dans une certaine mesure, à travers les expériences de deux enfants et d’un esclave, la terreur et la dévastation qu’une population vaincue, quelle qu’elle soit, doit endurer quand sa nation disparaît. Bien que Sa Majesté ait commandé le sac de maints empires, les souffrances de leurs populations, pour parler simplement, ne Lui sont apparues que de loin, du haut d’un trône de pourpre ou d’un étalon caparaçonné, sous la protection des lances à pommeau d’or de Sa garde royale.
    Pendant la décennie suivante, plus de six fois vingt batailles, campagnes et guerres furent menées contre et entre les villes de Grèce. Quarante cités au moins, y compris des citadelles imprenables telles que Cnide, Aréthuse, Colones, Amphissa et Métropolis, furent partiellement ou entièrement mises à sac. D’innombrables fermes furent incendiées, des temples brûlés, des galères militaires coulées, des soldats tués, des femmes et des filles emmenées en esclavage. Aucun Hellène, quelque puissante que fût sa ville, ne pouvait assurer qu’à la saison prochaine il foulerait encore la terre, avec sa tête sur les épaules et sa femme et ses enfants en sécurité au foyer. Cela n’avait rien d’exceptionnel, et la situation n’était ni meilleure ni pire qu’elle l’avait été à n’importe quelle époque des siècles écoulés, depuis Achille et Hector, Thésée et Héraklès et la naissance des dieux eux-mêmes. L’on menait ses affaires comme à l’ordinaire, ainsi que disaient les marchands, les emporoi.
    Chaque Grec savait ce que signifiait la défaite militaire et savait aussi qu’une potion amère lui serait sans doute servie à son tour. Mais soudain, avec l’ascension de Sa Majesté en Asie, il apparut que l’heure approchait.
    La hantise d’un sac se répandit dans toutes les villes de Grèce quand on apprit l’ampleur de la mobilisation de Sa Majesté en Orient et Son intention de mettre l’Hellade à feu et à sang : trop de gens le disaient pour qu’on en doutât. Cette hantise était si commune qu’on lui donna même un nom : Phobos. La Peur. La peur de Vous, Majesté. La terreur de la colère de Xerxès fils de Darius, Grand Roi de l’Empire d’Orient, Seigneur de tous les hommes depuis le Levant jusqu’au Couchant, qui avançait avec ses myriades, qui, les Grecs le savaient, étaient en marche sous sa bannière pour nous réduire en esclavage.
    Dix années étaient passées depuis le sac de ma propre ville, et pourtant l’épouvante en était encore vive en moi, ineffaçable. J’avais maintenant dix-neuf ans. Des événements qui seront rapportés plus loin m’avaient séparé de ma cousine et de Bruxieus ; ils m’avaient emmené, comme c’était mon souhait, chez les Lacédémoniens et m’avaient après un temps mis au service de mon maître Dienekès de Sparte. Ce fut à ce titre que je partis avec trois autres de ses servants et trois autres envoyés spartiates, Olympias, Polynice et

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