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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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car Dienekès se mit à rire. Je savais que ce Scythe avait été le servant de Dienekès avant moi, mais j’ignorais qu’il avait été celui du frère de Dienekès.
    — Ce réprouvé était venu à Sparte comme toi, Xéon, de son propre chef, ce toqué, reprit Dienekès. Il avait commis un crime, un meurtre. Il avait tué son père ou son beau-père, je ne sais plus, au cours d’une querelle de tribu montagnarde à propos d’une fille. Quand il est arrivé à Lacédémone, il a demandé au premier homme qu’il a rencontré de le tuer et il l’a redemandé à bien d’autres les jours suivants. Personne n’a accepté, craignant la souillure rituelle, et en fin de compte mon frère l’a emmené au combat, lui promettant que là, il en finirait avec lui-même.
    » Cet homme se révéla une fameuse terreur. Il ne restait pas à l’arrière comme les autres servants, mais il se jetait dans la bagarre, sans armure, cherchant la mort, follement déterminé à mourir. Son arme, tu le sais, était la javeline ; il fabriquait ses propres javelines, d’une variété courte, pas plus longues que le bras, qu’il appelait ses aiguilles à repriser. Il en portait une douzaine dans un carquois, comme des flèches, et les lançait par trois, l’une après l’autre sur le même homme, gardant la troisième pour l’attaque rapprochée.
    C’était un bon portrait de l’homme. Même aujourd’hui, vingt ans plus tard, l’homme était téméraire jusqu’à la folie et totalement insoucieux de sa vie.
    — Bref, le voilà sur le terrain, ce fou de Scythe. Pfuit, pfuit, pfuit, il a lancé deux aiguilles à repriser dans le foie du monstre de Corinthe, qui lui sont ressorties par le dos, puis il a lancé la troisième dans les parties génitales de l’homme, pour faire bonne mesure. Là, son compte était bon. Le colosse m’a regardé, a poussé un rugissement et s’est écroulé comme un sac tombé d’une carriole. Je me suis rendu compte plus tard que j’avais la moitié du crâne dénudé, que mon visage était couvert de sang et que tout le côté droit de ma barbe et de mon menton avait été déchiré.
    — Comment es-tu sorti de la bataille ? ai-je demandé.
    — Sorti ? Nous avons dû nous battre sur un millier de pas encore avant que l’ennemi tourne finalement casaque, et puis ce fut fini. Je ne peux pas décrire mon état. Mon frère ne voulait pas que je touche mon visage ; je savais que j’étais très amoché. Je me rappelle seulement cet effroyable chirurgien, notre ami Suicide, qui me recousait avec du fil de marin pendant que mon frère me tenait la tête et plaisantait : « Tu ne vas pas être très joli après ça… Je n’aurai plus à m’inquiéter que tu me voles ma femme ! »
    Dienekès est redevenu soudain grave et solennel. Il a déclaré que là, son histoire devenait personnelle et qu’il devait l’arrêter. Je le suppliai de continuer. Il voyait bien que j’étais déçu. S’il te plaît. Il ne faut pas aller si loin, puis s’interrompre.
    — Tu sais, dit-il en guise d’avertissement, ce qui advient aux servants indiscrets.
    Il but une autre gorgée de vin et, après un moment de réflexion, reprit :
    — Tu sais que je ne suis pas le premier mari de ma femme. Aretê avait d’abord été la femme de mon frère.
    Je le savais, mais pas de la bouche de mon maître.
    — Il y avait un gros sujet de désaccord en famille, parce que je refusais constamment de répondre à ses invitations à souper chez lui. J’y trouvais toujours une excuse. Mon frère en était blessé, car il pensait que je méprisais sa femme, ou bien que je savais sur elle des choses que je ne voulais pas dire. Il l’avait arrachée à sa famille très jeune, à dix-sept ans, et sa propre précipitation le troublait. Il la désirait tant qu’il avait peur qu’elle se donnât à un autre. Quand je refusais d’être son hôte, il s’imaginait donc que je lui reprochais ce mariage.
    » Il alla consulter mon père et même les éphores à ce sujet, cherchant un moyen de me forcer à accepter ses invitations. Un jour que nous nous entraînions à la palestre, il a failli m’étrangler, parce que je n’étais pas de moitié de taille à lui résister, et il m’a ordonné d’être ce soir-là chez lui, le mieux vêtu possible et courtois. Il a juré qu’il me tuerait si je l’offensais une fois de plus.
    » Le soir s’avançait et je finissais de m’entraîner quand je le vis revenir

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