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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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yeux rivés par terre et prêt à tout endurer.
    — Tuer un homme, c’est comme baiser, garçon, mais ça consiste à prendre la vie au lieu de la donner. Tu découvres l’extase de la pénétration quand ton fer entre dans les entrailles de l’ennemi et que le manche suit. Tu vois le blanc de ses yeux dans les trous de son casque. Tu sens que ses genoux flageolent sous lui et que le poids de sa viande abaisse la pointe de sa lance. Tu te représentes ça ?
    — Oui, seigneur.
    — Est-ce que ta bite est dure ?
    — Non, seigneur.
    — Quoi ? Tu as ta lance dans le ventre d’un homme et ton braquemart n’est pas raide ? Qu’est-ce que tu es, une femme ?
    Là, les pairs dans le réfectoire commencèrent à taper du poing contre le bois de leurs tables, ce qui signifiait que l’instruction de Polynice dépassait les bornes. Mais il n’en eut cure.
    — Maintenant, garçon, représente-toi ça avec moi. Tu sens le cœur de ton ennemi qui palpite sous ton fer et tu lui donnes un coup de bas en haut, en tordant la lame. Une sensation de joie se répand tout le long du bois de ta lance, jusqu’à ta main, ton bras, ton cœur. Tu comprends le plaisir ?
    — Non, seigneur.
    — Tu te sens comme un dieu à ce moment-là, tu exerces le droit que seuls les dieux et les guerriers au combat connaissent, celui de donner la mort, de libérer l’âme d’un homme et de l’envoyer aux enfers. Tu veux le savourer, tordre la lame plus profondément, pour arracher le cœur et les entrailles de cet homme à la pointe de ta lance, mais tu ne le peux pas. Dis-moi pourquoi.
    — Parce que je dois avancer et tuer l’ennemi à côté.
    — Tu ne vas pas pleurer maintenant ?
    — Non, seigneur.
    — Qu’est-ce que tu feras quand les Perses viendront ?
    — Je les tuerai, seigneur.
    — Et si tu te trouves à ma droite dans la ligne de bataille ? Est-ce que ton bouclier me protégera ?
    — Oui, seigneur.
    — Et si j’avance à l’ombre de ton bouclier ? Tu le tiendras haut devant moi ?
    — Oui, seigneur.
    — Et tu tueras ton homme ?
    — Oui, seigneur.
    — Et le suivant ?
    — Oui.
    — Je ne te crois pas.
    Là, les pairs frappèrent plus vigoureusement du poing sur les tables. Dienekès prit la parole.
    — Ce n’est plus de l’instruction, Polynice, mais de la malveillance.
    — Vraiment ? répondit Polynice, sans daigner regarder dans la direction de son rival. Nous allons le demander à l’objet de la malveillance. Tu as eu ta dose, petit merdeux de chanteur d’hymnes ?
    — Non, seigneur.
    Le garçon pria le pair de continuer. Dienekès intervint. Il s’adressa avec douceur à son protégé.
    — Pourquoi dis-tu la vérité, Alexandros ? Tu pourrais mentir comme tous les autres garçons et jurer que tu t’es délecté au spectacle du carnage, que tu as été ravi de voir des membres tranchés et des hommes estropiés et broyés dans les gueules de la guerre.
    — J’y ai pensé, seigneur. Mais l’assistance le devinerait.
    — Tu as foutrement raison, nous le devinerions, confirma Polynice.
    Et conscient de l’animosité que trahissait sa voix, il se reprit promptement :
    — Toutefois, par respect pour mon estimé camarade – et il se tourna avec une feinte courtoisie vers Dienekès –, j’adresserai ma prochaine question non à ce garçon, mais à l’ensemble des hôtes de ce réfectoire.
    Il s’interrompit et désigna Alexandros au garde-à-vous devant eux.
    — Qui donc se tiendra à la droite de cette femme sur le champ de bataille ?
    — Moi, répondit Dienekès sans hésitation.
    Polynice ricana.
    — Ton mentor veut te protéger, gamin. Fier de sa propre vaillance, il s’imagine qu’il peut se battre pour deux. C’est de la folie. La cité ne peut pas se permettre de prendre des risques parce qu’il est séduit par ton joli visage.
    — Assez, mon ami, coupa Médon, doyen de l’assemblée.
    Les pairs appuyèrent cette déclaration par d’autres coups de poing sur les tables. Polynice sourit.
    — Je me rends à votre réprobation, messieurs et vous, mes aînés. Veuillez pardonner mon excès de zèle. Je ne cherchais qu’à donner à notre jeune camarade quelques aperçus de la réalité et de la nature d’homme que les dieux lui ont consentie. Puis-je achever son instruction ?
    — Oui, mais vite, prévint Médon.
    Polynice se tourna de nouveau vers Alexandros, sa voix se fit douce et sans malveillance et, si une émotion y

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