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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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faveurs à leurs supérieurs.
    C’était vrai de Dekton ; il se considérait farouchement comme un Messénien.
    — Je te le dis, mon ami, pour ton bien autant que celui de mon neveu : les krypties sont au courant. Ils l’ont observé depuis qu’il avait cinq ans. Ils t’observent aussi. Tu parles bien, tu es courageux, tu es débrouillard. Rien de tout cela ne passe inaperçu. Je te dirai même plus : il en est un parmi les krypties qui ne t’est pas inconnu. C’est le capitaine des chevaliers, Polynice. Il n’hésiterait pas à trancher la gorge d’un hilote traître et je ne pense pas qu’en dépit de sa force et de son courage, ton ami le Coq battrait à la course un champion d’Olympie.
    Les filles s’étaient endormies. La maison entière et l’obscurité au-delà semblaient livrées au calme.
    — La guerre avec les Perses est imminente, dit Aretê. La cité aura besoin de tous ses hommes. La Grèce aussi. Ce qui est important, c’est que cette guerre, à laquelle nous consentons tous, sera la plus lourde de conséquences de notre histoire. Ce sera un vaste théâtre pour notre grandeur. Un théâtre où chacun pourra démontrer par ses actions la noblesse qui lui a été refusée par sa naissance.
    Nos regards s’affrontèrent.
    — Je veux que le Coq soit vivant quand cette guerre éclatera. Je veux que tu le protèges. Si tu décelais l’ombre d’un danger, la moindre rumeur, je veux que tu viennes m’en informer. Le feras-tu ?
    Je le promis.
    — Tu tiens à ce garçon, Xéon. Bien qu’il t’ait malmené, je vois bien votre amitié. Je te le demande au nom de mon frère et du sang qui coule dans les veines du Coq. Le surveilleras-tu ? Le feras-tu pour moi ?
    Je promis de faire ce que je pourrais.
    — Jure-le.
    Je le jurai, par tous les dieux.
    Cela paraissait absurde. Comment pourrais-je m’opposer aux krypties ou à toute autre puissance qui voudrait assassiner Dekton ? Et pourtant, mon serment parut rasséréner cette femme. Elle me dévisagea un long moment.
    — Dis-moi, Xéon, dit-elle doucement, as-tu jamais… as-tu jamais demandé quelque chose pour toi-même ?
    Je lui répondis que je ne comprenais pas sa question.
    — Je veux autre chose de toi. L’accepteras-tu ?
    Je le jurai.
    — Je t’ordonne d’accomplir un jour un acte pour ton seul bénéfice, et non pour le service d’un autre. Tu sauras lequel quand l’heure viendra. Promets-le moi. Dis-le à voix haute.
    — Je le promets, madame.
    Elle se leva alors avec le bébé dans les bras et alla le déposer dans un berceau où elle le borda. C’était pour moi le moment de prendre congé. Je m’étais également levé, par respect.
    — Puis-je poser une question avant de m’en aller ? demandai-je.
    Une lueur moqueuse étincela dans ses yeux.
    — Est-ce à propos d’une fille ?
    — Non, madame.
    Je regrettai aussitôt mon impulsion. La question qui me brûlait les lèvres était impossible à poser, absurde. Et aucun mortel n’y pouvait répondre. Mais Aretê était intriguée et insista pour savoir la question.
    — C’est pour un ami, dis-je. Je ne peux pas répondre moi-même, étant trop jeune et sachant si peu du monde. Mais peut-être toi, dans ta sagesse, tu pourrais répondre. Mais promets-moi de ne pas te moquer ni t’offenser.
    Elle en convint.
    — Ni de le répéter à quiconque, ton époux compris.
    Elle le promit. Je me jetai à l’eau.
    — Cet ami… Il croit qu’un jour, quand il était enfant, seul, proche de la mort, un dieu lui a parlé.
    Je me retins, guettant un signe de désapprobation, voire d’indignation. À mon soulagement, Aretê n’en montra pas.
    — Ce garçon… mon ami… voudrait savoir si cela est possible. Est-ce qu’une divinité condescendrait à parler à un garçon sans feu ni lieu, un garçon qui n’avait rien à offrir en sacrifice, et qui ne connaissait même pas les paroles d’une prière de circonstance ? Ou bien cet ami a-t-il cru voir un fantôme, a-t-il dans son isolement et son désespoir fabriqué une vision ?
    Elle demanda quel était le dieu qui avait parlé à mon ami.
    — L’Archer. Apollon aux flèches qui vont loin.
    J’étais rongé d’inquiétude. À coup sûr Aretê allait tancer ma témérité et ma présomption. Je n’aurais jamais dû ouvrir la bouche. Mais elle ne se moqua pas et ne trouva pas la question impie.
    — Tu es toi-même un archer, ai-je cru comprendre, et même un bon archer pour ton âge. Ils

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